Municipales 2014 | | 10/09/2013
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Campagne électorale : tous les coups sont permis ?

Campagne électorale : tous les coups sont permis ?

Boxer emoticonPetits coups bas anonymes, refus de se serrer la main ou franches invectives en face à face, la passion militante dépasse parfois les limites du civisme. Et dans plusieurs villes du Val-de-Marne, indépendamment de leur couleur politique, les candidats aux élections municipales de 2014 se plaignent déjà d’un climat de plus en plus tendu. C’est le cas notamment à Fontenay-sous-Bois et Charenton-le-Pont.

Hasard ou coïncidence ?

Gildas Lecoq
«J’habite à Fontenay depuis quatre ans et n’ai jamais eu de problèmes. Or, depuis que j’ai annoncé ma candidature aux élections municipales, il ne m’arrive que des petits désagréments par hasard, témoigne Gildas Lecoq, candidat UDI-UMP, qui indique qu’il va envoyer un courrier au préfet pour l’informer des mésaventures qui se sont succédées depuis son entrée en campagne. En mai, mon scooter a été détérioré puis volé, avant que je ne retrouve sa carcasse devant mon domicile deux mois plus tard. Il y a quelques jours, j’ai retrouvé de la colle forte dans la serrure de ma permanence et hier soir encore, j’ai retrouvé ma boîte aux lettres fracturée avec des tracts de notre campagne déchirés à l’intérieur. Je suis écoeuré par ce climat de non-droit. Cela me fait peur pour ma ville», regrette-t-il.

Patrice Bedouret
Patrice Bédouret, candidat socialiste, regrette aussi un climat délétère. «Notre permanence a été dégradée à deux reprises et des gens sont venus la nuit devant le domicile de mon directeur de campagne, crier ‘socialiste, socialiste’ et uriner sur sa voiture et sa porte, s’indigne-t-il. Et au dernier Conseil municipal, ce-sont sifflets et chansons qui émanaient du public pendant la séance. Je n’accuse personne mais nous voulons une campagne sereine. Si dès maintenant, on ne calme pas le jeu, qu’est-ce que cela va donner ?»

Rien de nouveau

Pour Christophe Esclattier, ancien candidat UMP à Fontenay, chaque campagne a son lot d’incivilités et de malveillances. «A chacune de mes campagnes, la vitrine de ma permanence a été brisée, et en 2001, j’ai eu des appels téléphoniques anonymes tous les soirs vers minuit jusqu’au jour des élections

David Dornbusch PS Fontenay sous Bois
David Dornbusch, plusieurs fois candidat socialiste dans la ville, parle plutôt de campagne musclée, «virile». «Moi j’ai commencé en politique dans les Bouches du Rhône alors les campagnes un peu dures ne m’effraient pas. Mais je comprends que cela puisse choquer les habitués des campagnes parisiennes plus policées. C’est sûr qu’à Vincennes, Pierre Serne vs Laurent Lafon, c’est plus soft ! Je n’ai pas constaté de violence mais plutôt une pression très importante sur le terrain. Impossible de coller une affiche dans les dernières semaines par exemple, elle est immédiatement recouverte. Les ragots vont aussi bon train à propos des candidats : une femme candidate aura forcément couché avec tout le monde par exemple», se souvient-t-il.

Charenton aussi sous tension

Permanence taguee Charenton
Il n’y a pas qu’à Fontenay que les candidats se plaignent. A Charenton-le-Pont, la permanence socialiste a été plusieurs fois dégradée. «La banderole a été arrachée trois fois et, à la présidentielle, ce-sont carrément des seaux de merde qui ont été projetés sur notre local. Encore récemment, la vitrine a été taguée avec le slogan ‘expulseurs de sans-papiers’, détaille Christophe Gouyer, responsable de la section locale du PS. A la présidentielle également, nous avons carrément surpris des élus de la majorité en train de dégrader les affiches de François Hollande sur les panneaux électoraux officiels, ce qui a du reste fait l’objet d’une main courante», reprend le responsable de section qui explique ce climat par la présence soutenue du PS en ville. «Nous faisons notre travail politique, nous sommes présents partout et nous commençons à inquiéter. Mais moi, j’ai peur pour nos militants.»

Pourquoi tant de haine ?

Pour les candidats concernés, il ne s’agit pas de violence téléguidée, ni de consignes venues d’en haut, mais plutôt d’une tacite impunité. «Il n’est par exemple pas normal que la salle du Conseil municipal ne soit pas évacuée lors qu’il y a trouble dans le public. Le laisser-faire contribue à ce climat», pointe Christophe Esclattier.

C’est dans ce contexte qu’à Fontenay-sous-Bois, Patrice Bédouret a envoyé une lettre ouverte aux candidats pour leur proposer une «déclaration d’engagement pour une campagne démocratique». «Cette campagne doit être constructive et loyale, centrée sur les idées et les propositions. Nous nous engageons à ce que tout fait ou propos de nature injurieuse ou diffamatoire à l’encontre d’un autre candidat, directement ou indirectement, dans les médias comme sur les réseaux sociaux soit immédiatement dénoncé. Nous nous efforcerons à ce que nos soutiens ou membres de nos équipes de campagne respectent de même les principes énoncés plus haut. Nous nous engageons à dénoncer toute incivilité, insulte ou tout autre acte de quelque nature qui ne vise qu’à faire pression ou intimider», stipule la charte.

Jean-Francois Voguet Fontenay sous Bois
Une leçon de conduite qui a braqué le maire PCF, Jean-François Voguet, qui estime avoir toujours eu une bonne conduite en campagne et fait savoir par son cabinet qu’il ne souhaite pas rentrer dans ce “jeu”, soupçonnant que cette charte soit surtout destinée à faire du buzz. Les écologistes, eux, ont pris position favorablement à cette déclaration d’engagement dans un communiqué : «Nous nous engageons à tout mettre en oeuvre pour que la campagne des municipales se déroule dans un climat apaisé, serein et respectueux de l’expression démocratique de chacun. C’est pourquoi nous dénonçons les manifestations d’agressivité déplacées commises ces dernières semaines à l’égard de personnalités politiques et qui ont été relatées dans la presse. De tels comportements dont nous avons pu constater dans le passé qu’ils ne relèvent pas de l’affabulation, nous inquiètent.» Quant au candidat UDI, Gildas Lecoq, il attend que le maire prenne position pour s’engager, favorable à cette proposition.

La campagne ne fait que commencer…

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