Le ministère de l’Agriculture a lancé ce 19 juin le réseau des quatre cités de la gastronomie françaises (Dijon, Lyon, Tours et Rungis) et dévoilé les spécificités de chacune d’elles. Rungis y incarnera la créativité gastronomique et prévoit une ouverture dès 2019.
La bonne bouffe à la Française est en passe de se transformer en projets de développement économique locaux consistants. C’est l’inscription par l’Unesco en novembre 2010 du «Repas gastronomique des Français» sur la liste du patrimoine culturel immatériel mondial qui a déclenché le processus. A l’origine de cette inscription : une initiative de l’Institut européen d’histoire et des cultures de l’alimentation (IEHCA) de Tours qui a donné lieu à la création de la Mission française du patrimoine et des cultures alimentaires (MFPCA). Une fois obtenu ce label de l’Unesco, il fallait trouver un moyen d’incarner dignement ce repas à la Française (apéro, entrée, plat de viande ou/et de poisson, dessert, café, digeo et vin). Pour ce faire, la MPCA a lancé un appel d’offre auquel ont répondu Dijon, Lyon, Tours et Chevilly (le projet a depuis été baptisé Paris-Rungis), ainsi que Beaune et Versailles qui ont depuis abandonné. Chaque cité étant en charge de son financement, la MPCA (qui dépend des ministères de l’agriculture et de la culture), a finalement retenu l’idée d’un réseau. Comment en effet réduire un pays qui compte plusieurs centaines de fromages à une seule cité gastronomique ? Chacune incarnera une dimension de la gastronomie. Dijon, au cœur des vignobles de Bourgogne, sera l’ambassadeur du bon vin, Lyon s’intéressera au rapport entre alimentation et santé, Tours développera l’aspect sociétal avec la création d’une Université des sciences et des cultures de l’alimentation et Rungis portera la créativité et mixité des expressions artistiques de la gastronomie.
Paris-Rungis : 20 000 m2 de culture, formation et gastronomie
La Cité de la Gastronomie de Paris-Rungis sera déployée sur 7,5 hectares en bordure du MIN (Marché d’intérêt national de gros). Au menu : un équipement culturel central de 20 000 m² comprenant un centre d’interprétation avec médiathèque, espace d’exposition et labo gastronomique, des ateliers pédagogiques et gustatifs (les ateliers Paris-Rungis), un centre de congrès avec un auditorium de 1200 places et une halle d’exposition de 7000 m2, une Halle des trésors gastronomiques de 5000 m² qui proposera de la vente aux particuliers de produits très pointus (épicerie fine, spécificités locales…) et où l’on pourra déguster sur place, des restaurants, bars et brasseries dont trois restaurants gastronomiques, des centres de formations (CFA, école hôtelière, école de restauration), de la résidence hôtelière et encore des jardins. La création de jardins pédagogiques de la gastronomie gérés par des écoles d’horticulture et de paysage et ouverts au public pourrait voir le jour, en partenariat avec le potager du roi et l’école du paysage de versailles, ainsi que l’école Tecomah de Jouy-en-Josas.
Du côté du monde de la gastronomie, les cuisiniers français Guy Legay, ancien chef des cuisines de l’hôtel Ritz, Michel Roth, chef des cuisines de l’hôtel Ritz, Bernard Vaussion, chef des cuisines de la Présidence de la république ainsi que le Bottin Gourmand et l’association des cuisiniers français ont manifesté leur soutien. Edouard Cointreau, organisateur d’un festival du livre culinaire (Paris Cookbook Fair) et collectionneur de quelques 40 000 ouvrages de gastronomie de tous les pays, pourrait aussi y nourrir la médiathèque. Une antenne de l’école Ferrandi a aussi été évoquée.
Education au goût
La cité de Rungis souhaite porter un accent particulier sur l’éducation au goût, à la qualité nutritionnelle, au développement durable et la santé auprès des enfants et adolescents. Ceci se concrétisera par des ateliers cuisine au sein des établissements scolaires du territoire ainsi que des interventions au sein des commissions menu des écoles. La cité veut aussi développer un labo gastronomique qui travaillera sur les relations entre l’art culinaire, la nutrition et la sécurité alimentaire.
65 millions d’euros portés par les collectivités locales
Le projet est évalué à 65 millions d’euros et sera financé par les collectivités locales partenaires (villes, département, région, Epa Orsa…) et les revenus des activités économiques du quartier. En termes de fréquentation, la Cité de Rungis espère 600 000 visiteurs par an et compte sur les 6,5 millions de visiteurs annuels du MIN et les 22 millions du centre commercial de Belle-épine. A proximité de l’aéroport d’Orly, le site devrait bénéficier des futures stations du Grand paris express pour renforcer son accessibilité par les transports en commun.
Cap sur 2019
Les études préliminaires devraient démarrer en 2014, les concours d’architectes en 2015, le démarrage des travaux en 2017 et l’ouverture de la cité en 2019. En attendant, des manifestations commenceront à ancrer le projet comme des ateliers gastronomiques à l’aéroport d’Orly en fin d’année, le lancement d’une plate-forme de jeunes chefs au Macval et des ateliers Paris-Rungis. Le réseau des Cités de la Gastronomie prévoit aussi d’être présent à la prochaine exposition Universelle qui se tiendra à Milan en 2015 sur le thème : nourrir la planète, énergie pour la vie…
A Dijon, la gastronomie s’affiche dans les rues…
http://citedelagastro-dijon.com
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