Une scierie en Sologne qui souhaite écouler ses chutes de bois, une coopérative de cultivateurs du Loiret qui veut faire tourner ses machines à recycler la pulpe de betterave en granulés pour le bétail – hors saison, et une régie de chauffage urbain, celle de Fontenay-sous-Bois, qui a besoin de granulés de bois pour alimenter sa chaudière… la boucle est bouclée.
Retour sur les enjeux écologiques et économiques ayant guidé les choix de cette régie qui fête ses dix ans cette année et planche déjà sur son schéma directeur 2014-2020.
C’est dès la fin des années soixante, date de la création du grand ensemble de Fontenay (Val de Fontenay) avec ses hauts immeubles de logements, que fut installé un système de chauffage urbain dédié à cette partie de la ville. (Pour rappel, le chauffage urbain est un système de chauffage central au niveau d’un quartier) Après des années de gestion en délégation de service public (DSP) à un prestataire extérieur, la ville a repris son chauffage urbain du grand ensemble en régie publique en 2003.
Aujourd’hui, la régie de chauffage urbain (RCU) de Fontenay chauffe et fournit en eau chaude 6500 logements du Grand ensemble ainsi que la zone d’activités et de commerces de Val-de-Fontenay et quelques équipements publics (écoles, mairie…), soit au total 12 000 équivalent logements. Grâce à un système de co-génération, qui consiste à fabriquer à la fois de l’électricité et de l’eau chaude, la régie produit également l’équivalent d’un tiers de la consommation en électricité de la ville.
Du charbon au bois
En 2003, la régie fonctionnait au gaz, au fioul et au charbon. Le fioul a été arrêté en 2007 et la chaudière à charbon a été reconvertie en chaudière à bois. La régie fonctionne donc désormais à la fois au gaz et au bois –uniquement de décembre à fin février, dans le cadre d’une chaîne d’approvisionnement très locales. Le bois est en effet issu d’une scierie de Sologne qui souhaite valoriser ses résidus non utilisés. Ces restes sont envoyés dans une fabrique de granulés du Loiret (Boi’sup)qui appartient à une coopérative de cultivateurs de betterave souhaitant rentabiliser leurs machines en fabriquant également des granulés de luzerne mais aussi de bois. Pendant la saison froide, du 1er décembre à fin février, des camions approvisionnent chaque jour la centrale de chauffage qui consomme 70 tonnes de bois par jour. «C’est un partenariat gagnant-gagnant qui sécurise nos approvisionnements et les commandes de la coopérative», explique Thierry Fauré, directeur de la RCU et directeur général des services de la ville.
Economies de 21% à 37%
En termes financiers, l’économie réalisée par la régie urbaine n’est pas négligeable. «De l’ordre de -21% par rapport à une chaudière au gaz classique et même de -37% si l’on tient compte de l’investissement », explique Valérie Técher, directrice administrative du RCU. «Mais au-delà des prix inférieurs, nous essayons aussi d’éduquer la population aux économies d’énergie en organisant des réunions avec les habitants et en leur communiquant des relevés de consommations par bâtiment. Sur nos dix-huit agents, nous avons deux personnes à temps plein qui sont chargées de ce défi. Et en sept ans, la consommation a diminué de 18%», détaille Valérie Técher. «Nous ne margeons pas sur les combustibles et n’avons donc aucun intérêt à inciter à la consommation», pointe Thierry Fauré.
Le choix de rester au bois
Alors que la régie urbaine s’apprête à proposer un nouveau schéma directeur 2014-2020, s’est posée la question du maintien ou non du bois dont la combustion entraîne des gaz à effet de serre. «La cogénération avec la combustion de bois consomme plus de CO2 mais revient moins cher et permet de produire de l’électricité non nucléaire qui correspond à un tiers de la consommation des ménages de la ville», défend Thierry Fauré. «De plus, si l’on ne brûle pas la sciure, elle se décompose et produit aussi des gaz à effet de serre. Nous préférons donc défendre ce circuit d’approvisionnement local tout en encourageant la réduction de la consommation», ajoute Valérie Técher. Au-delà de ce nouveau schéma directeur, se posera ensuite la question du devenir de cette régie locale dans la future métropole parisienne. En attendant, des réflexions d’extension intercommunale du secteur couvert par la centrale de chauffage sont en cours, qui pourraient concerner la ville de Montreuil.
Comment ça marche ?
Concrètement, la régie, administrée par un EPIC (Etablissement public à caractère industriel et commercial), est située avenue Jean Moulin à Fontenay. Elle produit de l’eau surchauffée à 180 degrés mais toujours liquide, compressée à 25 bars (équivalent de la pression à 250 mètres en-dessous de la mer) dans des tuyaux. «28 km de canalisations transportent cette eau dans 106 sous-stations où l’eau chauffe des circuits secondaires grâce à un système d’échangeur et sans que les eaux ne se mélangent», explique Denis Mauvisseau, directeur technique de la RCU. Le second circuit, géré par d’autres distributeurs, agrées par les différents bailleurs des logements, va alimenter directement les habitations en chauffage et eau chaude.
Le Schéma Régional Climat Air Energie (SRCAE) de la région Ile de France identifie ce réseau de chaleur comme “géothermalisable”. La géothermie y est identifiée comme prioritaire devant la biomasse. Ici, il y a investissement un peu lourd au départ, mais un gain très appréciable après.
C’est un bon début,
mais ce serait encore mieux sans la noria de camion nécessaire pour le transport de granulat.
Pourquoi le train ne pourrait-il pas fonctionner entre les deux sites, cela éviterait de retrouver ces poids lourds sur le périph ou la A86?
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