Les tensions entre personnel, médecins et direction de l’hôpital psychiatrique Paul Guiraud de Villejuif ont perduré tout l’été et abouti, après plusieurs préavis, à une grève soutenue par les syndicats Sud Santé, CGT, FO et CFDT le 20 août dernier. Ce mercredi 28 août, deux réunions devraient tenter de tempérer ce conflit lié à la situation budgétaire de l’établissement tandis qu’une nouvelle grève se prépare.
Alors que les relations entre soignants et direction sont conflictuelles depuis plusieurs mois suite à l’annonce de difficultés budgétaires en début d’année (voir précédents articles sur ce sujet), encore tendues par l’annonce avant l’été de la fermeture estivale de plusieurs services, une note (numérotée 206) publiée le 16 juillet a électrisé un peu le climat. Amendée par une seconde (la note 213), elle indique que compte tenu du budget imparti à l’établissement pour terminer l’année 2013, il n’est plus possible de recourir à l’intérim qu’à titre exceptionnel et que les remplacements ne doivent plus couvrir les congés maladie de courte durée, les congés de formation, les RTT et encore les absences pour accompagnement de patients à l’extérieur. Il est en revanche suggéré de recourir au personnel des structures extrahospitalières de Paul Guiraud en cas de nécessité.
Des points de vue divergents
«Cette note crée une déréglementation totale dans l’hôpital et a entraîné des situations insupportables. Elle augmente le risque psycho-social et le nombre de congés maladie a du reste augmenté, dénonce Joël Volson, délégué syndical Sud Santé et représentant du personnel au sein du Comité d’hygiène, de sécurité des conditions de travail (CHSCT). Certains soignants travaillent jusqu’à 18 heures d’affilée, enchaînant jour et nuit de travail. Et dans l’unité 36 pour malades difficiles, certains patients ont été confinés dans leur chambre 22h30 par jour faute de personnel soignant suffisant pour leur permettre de sortir», insiste Joël Volson.
«C’est complètement faux. Aucun patient n’est resté confiné dans sa chambre pendant plus de 22 heures. Des repas ont certes étés servis dans les chambres mais les patient ont pu sortir de leur chambre, aller à leurs entretiens médicaux, voir les ergothérapeutes… De nombreuses activités ont également été maintenues», dément le directeur de l’hôpital, Henri Poinsignon. «Concernant la situation financière, j’ai négocié le budget avec l’ARS (ndlr : Agence régionale de santé, qui dépend de l’Etat et fixe le budget des hôpitaux psychiatriques) entre février et juillet mais je dois faire avec une fois ce budget arrêté. Il se trouve que fin juin, malgré les recrutements effectués, plus de la moitié des crédits de l’année en remplacement était déjà dépensés, il fallait réagir. Et dans certains secteurs, nous avons constaté une véritable épidémie de congés maladie pendant en juillet. La note 206, assouplie par la note 213, invite à adapter les plannings des équipes et faire appel au personnel extrahospitalier (qui représente le tiers des effectifs). C’est vrai que c’est dérangeant de revoir les plannings, je l’admets. Mais les personnes qui ont travaillé la nuit, période plus calme, après leur journée, l’ont toujours fait sur la base du volontariat. Cela n’a rien d’exceptionnel et se pratique régulièrement l’hiver lorsque les personnel en cas d’intempérie. J’ajoute qu’il n’est pas si évident de trouver des intérims en plein été, il y a toujours une période de pénurie entre le 14 juillet et le 25 août», détaille le directeur de l’établissement.
Deux réunions pour tenter de s’expliquer
Difficile de réconcilier les visions de la situation. Alors que Joël Volson, en tant que représentant du personnel au sein du CHCST, a lancé plusieurs droits d’alerte et écrit une lettre ouverte à la ministre de la Santé, Marisol Touraine, et que la direction a saisi l’Inspection du travail pour statuer sur les divergences d’appréciation de la situation, deux réunions doivent se tenir ce mercredi 28 août.
Une première doit confronter les différents protagonistes en présence de l’inspecteur du travail, afin d’aborder les divergences d’appréciation concernant le droit d’alerte. Un nouveau Comité hygiène, sécurité et conditions de travail doit ensuite se tenir lors duquel Joël Volson est bien décidé à voter une enquête pour danger grave. «Et si le directeur s’y oppose, nous donnerons mandat à des collègues pour attaquer en justice car le CHSCT doit pouvoir faire son travail», prévient le délégué syndical. Ce mardi 27 août, une nouvelle assemblée générale (AG) de l’intersyndicale (Sud Santé, CGT, FO, CFDT) qui a réuni une centaine de personnes a en outre décidé d’une nouvelle journée de grève dont la date pourrait être décidée ce jeudi, lors d’une AG sur le site de Clamart (Hauts-de-Seine).
La maire de Villejuif écrit à la ministre de la Santé
En parallèle, la maire de Villejuif, Claudine Cordillot, qui a apporté son soutien à la grève du 20 août, a écrit à la ministre de la Santé, Marisol Touraine, afin de l’alerter sur les conséquences des restrictions budgétaires de l’ARS sur la situation à l’hôpital et réclamer plus de moyens.
Organisation du temps de travail : le prochain dossier explosif
Au-delà de cette crise estivale, le gros dossier qui risque de tendre encore un moment les relations soignants et direction est celui de l’organisation horaire du personnel, avec une éventuelle réflexion sur le passage à des horaires un peu plus courts assortis d’une réduction du nombre de RTT. D’ici là, deux rapports devraient étayer les futures décisions, celui de la Chambre régionale des comptes et celui de l’IGAS (Inspection générale des affaires sociales).
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