Jusqu’au 23 juin, le Credac d’Ivry sur Seine accueille l’exposition Ivry Souterrain, de Lara Almarcegui. Une réflexion sur la transition de la ville d’Ivry, vue du dessous. Le projet a commencé en 2010, lorsque la commissaire du Crédac d’Ivry, Claire Le Restif, a convié l’artiste, passionnée par les villes en mutation, à se pencher sur le territoire ivryen.
Exploratrice, Lara Almarcegui n’avait pas de projet particulier en tête en arrivant à Ivry. A force d’arpenter les recoins de la ville, une idée a germé, qui est à la base de cette exposition : un livre intitulé Ivry souterrain, une plongée dans les dessous de la ville, inaccessibles et invisibles. Ce livre s’accompagne de trois clichés de la première excavation du vaste projet urbain Ivry Confluences, qui a eu lieu au Quai aux grains.
Ce qui intéresse l’artiste, ce sont les moments de transition vécus par les lieux urbains. Les travaux creusent un vide rempli d’histoire. Ils mettent en avant les strates géologiques qui révèlent le moment de rencontre entre la nature et les constructions. A Ivry, de nombreux projets sont en cours et donc en travaux. Lara Almarcegui a donc pu gratter la surface urbaine et a découvert un panel de recoins souterrains insondables qu’elle regroupe dans son livre.
Ainsi à première vue, l’exposition n’offre que peu d’éléments au regard. Outre les clichés d’Ivry, des projecteurs (un pour chaque projet) présentent des photographies de l’obsession de l’artiste pour l’en-dessous : invitée dans différents lieux, elle a retiré les pierres et les lattes de parquet du sol puis les a minutieusement replacées. Un geste poétique témoin d’une méthodologie rigoureuse mais nécessaire pour assouvir son besoin de voir et de savoir.
Se représenter l’insaisissable passe aussi pour l’artiste par les mesures. Ainsi sont affichés sur les murs du Crédac le poids de Dijon (France), Sao Paulo (Brésil) et Lund (Suède). Une simple liste de matériaux bruts tels que la pierre, le béton ou le bois, résultat ténu d’un processus long et compliqué auquel l’artiste s’est astreinte. Avec ces listes, Lara Almarcegui met à plat ce qui, traditionnellement, se dresse dans l’espace. La même réflexion est à la base de ses installations de montagnes de débris. Invitée à exposer dans un bâtiment, elle y dépose sous forme de tas la quantité exacte de matériaux qui a été nécessaire à sa construction. Elle questionne ainsi les limites de l’architecture mais aussi la représentation mentale que l’on en a.
Avec Ivry souterrain, Lara Almarcegui présente donc un travail qui n’a pas pour vocation à être esthétique. Pour cause, ce qu’elle donne à voir se situe davantage dans le geste et dans la recherche de l’invisible. Les oeuvres s’apparentent plus à des comptes-rendus et à des témoins de ce qui fait l’essence de son travail. Sa démarche artistique, qui prend racine dans l’art conceptuel, laisse ainsi une marge à l’interprétation. Diapositives, données chiffrées et croquis sont autant d’invitations à regarder au-delà de ce que l’artiste donne à voir sur les murs dépouillés du Crédac.
Exposition Ivry souterrain, jusqu’au 23 juin, entrée libre
Horaires : du mardi au vendredi de 14 heures à 18 heures, le week-end de 14 heures à 19 heures, et sur rendez-vous.
Pour connaître le programme des conférences, visites et ateliers autour de l’exposition, site officiel du Crédac
Infos et réservations au 01 49 60 25 06 ou contact@credac.fr
Centre d’art Contemporain d’Ivry – le Crédac, La Manufacture des Oeillets, 25-29 rue Raspail, 94200 Ivry-sur-Seine
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