De la rue à la scène, le hip-hop n’a eu de cesse de s’affirmer depuis sa naissance il y a déjà 40 ans. Du 16 au 30 novembre à Créteil, il fait l’objet d’un nouveau festival, Kalypso. Initié par le directeur du Centre chorégraphique national (CCN) de Créteil, Mourad Merzouki, ce projet a pour but de faire découvrir au public des compagnies, jeunes ou non, mais aussi des lieux de représentation. Entretien avec ce chorégraphe, auteur de 21 spectacles.
Qu’est-ce qui différencie le hip-hop des autres danses ?
Le hip-hop est une danse généreuse : il s’adresse à tous. Né dans la rue de la manière la plus démocratique qui soit, il évolue en continu entre elle et la scène. Aussi, il puise ses sources et ses ressources dans la vie quotidienne. Il est très proche de la société dans laquelle il vit, et selon moi, un véritable reflet de notre monde. Pour toutes ces raisons, la danse hip-hop est unique en son genre, et peut concourir au dialogue entre les arts et le public.
Pourquoi présenter Kalypso à Créteil ?
Je suis moi-même issu de la mouvance hip-hop. Au CCN de Créteil, dont je suis directeur depuis plus de trois ans, nous recevons des compagnies en résidence tout au long de l’année et nous avions envie de leur donner un temps et un espace de visibilité. Après le « temps fort hip-hop » de l’année dernière, nous avons compris que le hip-hop avait véritablement trouvé un écho favorable dans le département, et nous avons décidé de lancer Kalypso en partenariat avec la Maison des Arts, mais aussi avec d’autres théâtres de la région (les Gémeaux à Sceaux dans le 92, et le Forum au Blanc-Mesnil dans le 93). Du côté du public, nous cherchons à le pousser à la découverte, qu’il s’agisse de nouveaux lieux ou de nouveaux genres. L’objectif étant qu’il franchisse la porte des théâtres sans aucune réticence ni aucun a priori.
Quel est l’enjeu de la programmation du festival ?
La clé de voûte de Kalypso réside dans le partage. Aussi, les spectacles présentés pendant ces deux semaines sont aussi bien le fruit de jeunes danseurs qui montent sur scène pour la première fois que de chorégraphes précurseurs qui ont contribué au développement du hip-hop dans les années 80. Mais la danse, ce n’est pas que des spectacles minutés, surtout en ce qui concerne le hip-hop. Ainsi, le festival présentera une battle de 4 heures dimanche 17 novembre dans le studio du CCN. Les jours suivants, il y aura des projections de documentaires, des rencontres avec les chorégraphes, des ateliers pour les enfants, des master-classes et des séminaires. Le jeudi 21 novembre, nous partirons même pour un « marathon de la danse » dans les établissements scolaires, afin de faire découvrir le métier de danseur aux élèves, et de les inciter à venir voir les spectacles.
Finalement, la programmation du festival n’a qu’un seul objectif : montrer la manière dont le hip-hop a évolué depuis sa naissance, la maturité qu’il a acquise au fil du temps et comment, au-delà de l’aspect parfois spectaculaire, les chorégraphes s’attachent désormais davantage à l’écriture, au fond et au sens de leur danse.
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