“La disposition de l’accueil ne me plaisait pas alors j’ai tout enlevé“. Koenraad Dedobbeleer donne ainsi le ton de l’exposition qui lui est consacrée au Crédac jusqu’au 31 mars. Cet artiste belge de 37 ans sait ce qu’il veut, qui s’est installé avec ses sculptures comme dans un nouveau chez soi.
L’accueil de la galerie trône désormais au milieu de la salle d’exposition car il voulait l’entrée comme “un vide contrôlé”. Suspendus au-dessus d’un puits bouché fait de pierres d’Ivry et achevé la veille du vernissage: deux poufs noirs que l’artiste a chiné dans la remise du Crédac.
Koenraad Dedobbeleer est comme ça, imprévisible, observateur et récupérateur. Le quotidien constitue une source d’inspiration permanente à ses yeux. Dans le même esprit, l’accès au second espace de présentation est obstrué par une haute sculpture de pieds de table renversés.
Difficile du coup de déambuler linéairement au sein de l’exposition. Il faut faire attention où l’on marche car le gobelet rouge qui traîne vulgairement par terre n’est pas un oubli des préposés au ménage. C’est une sculpture. Posée à même le sol, elle remet en question la valeur du socle et de l’accrochage. Cet étonnant parcours pousse le visiteur à s’interroger sur les formes qu’il croise, à questionner leur raison d’être. Leur silhouette semble toujours familière pourtant, aucune d’entre elles n’est fonctionnelle. Leur titre n’aide en rien à la compréhension: locutions anglaises et pompeuses intraduisibles, ils sont seulement des indices sur le recul humoristique que prend l’artiste sur le modernisme dont il a hérité. Il retourne cette tradition qui donnait primauté au concept et part du principe que “la réflexion mentale est avant tout un travail manuel”.
Pour l’exposition au Crédac, il a opté pour une grosse production aux lignes industrielles, en rapport avec l’histoire et l’architecture du lieu. Il a agrandi des éléments, reproduit des meubles, assemblé des parties. Le parcours final ressemble à un envahissement discret, presque poétique et qui s’inscrit dans un dialogue silencieux avec le lieu. La monumentalité de certaines pièces semble répondre à la hauteur des architectures de la ville, tandis que
les petites sculptures arrêtent le regard sur les détails que nous croisons chaque jour dans les rues. L’ensemble s’équilibre parfaitement, comme si le Crédac avait été conçu pour Konraad Dedobbeleer. Ou peut-être l’inverse ?
Informations pratiques :
L’exposition Workmanship of Certainty du Crédac est le deuxième volet d’une exposition itinérante dont la première partie s’est déroulée à Saint-Gall et qui se concluera à Middleburg. Il s’agit d’un projet global qui a pour point de départ le livre d’artiste Koenraad Dodebbeleer. Oeuvre sculpté, travaux pour amateurs (Roma Publications, 2012). Réalisé par l’artiste lui-même, cet ouvrage forme un corpus de références historiques et un manuel des pratiques des objets du quotidien.
Du 18 janvier au 31 mars, entrée libre
Horaires : du mardi au vendredi de 14 heures à 18 heures, le week-end de 14 heures à 19 heures, et sur rendez-vous.
Pour connaître le programme des conférences, visites et ateliers autour de l’exposition, site officiel du Crédac
Infos et réservations au 01 49 60 25 06 ou contact@credac.fr
Centre d’art Contemporain d’Ivry – le Crédac, La Manufacture des Oeillets, 25-29 rue Raspail, 94200 Ivry-sur-Seine
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