Avec son aéroport, son marché d’intérêt national (MIN de Rungis), son parc d’activités Silic, sa future Cité de la gastronomie et ses 300 000 habitants, le Grand Orly entend bien exister en tant que territoire à part entière. Constitué en association de quatorze communes* du Val de Marne et de l’Essonne à la fin de 2011, il s’organise pour défendre son identité à chaque nouvelle instance grand-parisienne qui voit le jour,
des CDT (Contrats de développement territorial) conditionnés par le Grand paris express aux TIM (Territoires d’intérêt métropolitain) du nouveau schéma directeur régionale (SDRIF). La prochaine étape ? L’intercommunalité de la future métropole de Paris.
Pour réussir à s’imposer dans la vision souvent capitalo-centrée du Grand Paris, ces communes qui entourent les pistes d’Orly ont dû batailler. «Lorsque les CDT ont été évoqués pour la première fois, nous devions être rattachés à un grand cône de l’innovation, le point de départ du cône étant évidemment Paris !», se souvient Christian Hervy, maire de Chevilly Larue et président de l’association du Grand Orly. Ce cône devait longer la Seine et englober différents pôles scientifiques comme celui de la vallée de la Bièvre. Au fil des échanges entre élus et Société du Grand Paris, le projet d’un CDT Orly a alors émergé, bien qu’encore au stade des comités de pilotage.
«Nous somme le deuxième pôle économique méconnu de l’Ile de France après la Défense, et aujourd’hui, Orly c’est aussi Paris intramuros», insiste de son côté Franck Meyrède, directeur de l’aéroport d’Orly, à l’occasion d’un colloque organisé par l’association Grand Orly ce 22 mai, pour faire le point sur son évolution.
Fin 2012, lors du vote du nouveau schéma directeur de la région (SDRIF), ce-sont de nouvelles entités territoriales qui ont vu le jour, sous la plume de la région : les TIM (Territoires d’intérêt métropolitain) englobant chacun plusieurs CDT. Concernant Orly, c’est le Tim 6 «Grand Orly, Seine-Amont et Plaine centrale du Val-de-Marne : faire des grands équipements métropolitains le support d’un urbanisme durable» qui est concerné. Il englobe les secteurs du Grand Orly, de la plaine de Montjean, des Grandes Ardoines, d’Ivry-Confluence et de Plaine centrale. De quoi agacer à nouveau les élus du pôle d’Orly, bien décidés à défendre un TIM Orly à part entière. «A chaque fois, on se retrouve marginalisé», regrette Christian Hervy.
C’est dans ce contexte que l’association du Grand Orly a pris sa consistance, pour s’imposer en tant que telle dans la métropole. Elle a du reste adhéré au syndicat mixte Paris Métropole en tant qu’association et veut sa place au bureau pour avoir voix au chapitre.
Quel périmètre pour une future intercommunalité ?
Alors que le CDT Orly n’est pas encore signé, le territoire se projette dès maintenant dans l’étape suivante : celle de l’intercommunalité exigée par le projet de loi sur la métropole, avec un seuil minimal de 200 000 habitants (suite aux amendements qui y ont déjà été apportés). Lors de son colloque, l’association a dévoilé les premières hypothèses en la matière, étudiées par la coopérative Arcadie, envisageant trois scénarios dont deux sépareraient le territoire avec une intercommunalité dans chaque département (plus ou moins grande dans le Val de Marne selon le scénario). Le troisième, qui s’inscrit dans la logique de l’association et semble avoir sa préférence, s’étend à la fois en Val de Marne et en Essonne, en reprenant le périmètre de l’association, moins les villes déjà en intercommunalité comme Fresnes et Choisy le Roi. Dans ce troisième scénario, l’intercommunalité du Grand Orly s’appuierait sur une population de 240 000 habitants, conforme au projet de loi sur la métropole.
L’aéroport d’Orly reste une pomme de discorde
En attendant, l’association milite avant tout pour accélérer le tempo sur le CDT Orly, qui n’en est pour l’instant qu’à son premier comité de pilotage, le deuxième étant prévu début juillet, alors que celui des Grandes Ardoines a été signé cette semaine. «Nous avons assez perdu de temps avec l’hypothétique délocalisation d’Orly, suite à la commission mise en place par l’ancienne ministre de l’Environnement, Nathalie Kosciusko-Morizet. Le préfet Viaud, rapporteur de la commission, a tranché, et conclu que l’aéroport d’Orly était promis à un bel avenir à condition d’être articulé avec le TGV. L’Etat n’a pas les moyens de construire un troisième aéroport. Les conclusions sont claires : il n’y aura pas de transfert, il faut travailler à l’aménagement et arrêter de tergiverser. Nous sommes à peu près d’accord sur ce qu’il faut écrire dans ce CDT, allons à la finalisation !», plaide Christian Hervy
Sauf qu’au cœur du territoire du Grand Orly, il est une commune qui résiste à l’aéroport comme le village d’Astérix à l’empire romain. Au pied des pistes, Villeneuve le Roi n’a pas adhéré à l’association du Grand Orly. Son maire, Didier Gonzales, à l’origine de la mission parlementaire pour réfléchir à une possible délocalisation d’Orly lors de son mandat de député, n’a pas l’intention de lâcher l’affaire. Et si sa commune vient d’adhérer à Paris Métropole, c’est pour mieux faire entendre sa voix à ce sujet, pas pour se mettre à l’unisson de ses voisins. «La cohérence territoriale entre nos communes saute aux yeux et nous sommes d’accord pour coopérer sur tous les sujets, mais il y a un dossier contre lequel je me battrai toujours, pour défendre les habitants de ma ville, c’est celui de l’aéroport d’Orly. Le développement économique de notre territoire n’est pas conditionné à cet aéroport. Sur les 2,4 millions de tonnes de fret aérien qui transitent par Roissy et Orly, il y en a 2,3 millions pour Roissy. Orly ne pèse rien ! L’aéroport n’est plus rattaché à un hub qui permettait des correspondances avec les autres capitales et l’essentiel du trafic est opéré par des lignes low-cost dont le seul objectif est de pouvoir appareiller des avions toujours plus gros. Les entreprises du territoire n’ont pas besoin de l’aéroport pour travailler. La reconversion de ce site en zone d’activité économique n’est pas difficile car, en raison des pistes, il y a très peu de construction. Cela contribuerait au financement d’un troisième aéroport qui sera de toutes les façons inéluctable compte-tenu de l’augmentation régulière du trafic. Je suis confiant dans le fait que mes voisins finiront par se ranger à cette idée. Il ne faudra pas longtemps pour qu’ils réagissent lorsque les gros porteurs éliront domicile à Orly. Car enfin, personne ne peut croire qu’un aéroport qui s’équipe en aérogare capable d’accueillir des gros porteurs et qui prévoit de doubler sa fréquentation, n’a pas l’intention soit d’augmenter la capacité des avions, soit d’intensifier le trafic ! », détaille le maire de Villeneuve le Roi qui indique qu’il ne signera pas le CDT s’il a pour objectif le développement de l’aéroport. Pour l’élu, le seul compromis possible sur ce sujet est celui de la maitrise du trafic aérien au seuil qu’avait initialement prévu la loi, à savoir 200 000 mouvements par an, et non 238 000 comme cela est le cas actuellement.
CDT, TIM, Interco : pour quoi faire ?
Au-delà de cette importante pierre d’achoppement entre les élus, il s’agit aussi de définir les priorités de cette intercommunalité en devenir, et de savoir ce que les structures qui l’incarnent (CDT, TIM, mais aussi l’établissement public Orly Seine Amont (EPA ORSA) apportent au territoire. Premier acteur historique à intervenir, l’EPA ORSA, créé en 2007 pour accompagner l’Opération d’intérêt national (OIN) décidée par décret, qui couvre un territoire plus vaste, a accompagné plusieurs projets urbains. «Les communes étaient demandeuses de cet établissement public mais ont négocié un cadre coopératif. Ceci a permis d’éviter une action au rouleau compresseur même si parfois les projets n’avancent pas aussi vite qu’on pourrait l’espérer», constate Christine Janodet, maire d’Orly. Du CDT, les élus attendent le renforcement de la lisibilité du territoire, le cadrage d’objectifs et la mise en commun d’outils de programmation. Au passage, ils attendent aussi de ce contrat qui doit lier les communes à l’Etat, que la participation sonnante et trébuchante de ce dernier se formalise pour accompagner le logement, à travers par exemple des dotations bonifiées pour les villes qui remplissent leurs objectifs, notamment en matière de logement social. Et de rappeler que les deux tiers de la population française peuvent prétendre au plafond de ressource du logement social. «Nous devons être particulièrement vigilants concernant les opérations de renouvellement urbain qui conduisent souvent chasser les pauvres toujours plus loin», prévient Christian Hervy.
Outre les stratégiques questions de logement, transport (ligne 14, T7, interconnexion TGV…), emploi et compétitivité économique, le Grand Orly tente aussi de développer son identité dans son relief, en développant les espaces agricoles qui restent encore, notamment sur la plaine de Montjean, en retrouvant le contact avec l’eau, grâce au réaménagement des bords de Seine… «Le territoire s’est coupé de ses racines suite au placage des grandes infrastructures métropolitaines. Pour donner du sens au CDT, il faut le replonger dans ses racines», suggère Jacques Touchefeu, directeur de l’EPA ORSA.
* Ablon, Chevilly-Larue, Choisy-le-Roi, Fresnes, Orly, Rungis, Valenton, Villeneuve-Saint-Georges en Val de Marne. Wissous et la Communauté des portes de l’Essonne (Morangis, Athis-Mons, Juvisy-sur-Orge, Savigny-sur-Orge et Paray-Vieille-Poste) en Essonne.
Le maire de Villeneuve-le-roi est en totale contradiction avec ses propres principes de réduction des nuisances aériennes. Piégé par sa surenchère débile pour le départ de l’aéroport, il en oublie que c’est grâce à l’accroissement de la capacité des avions que l’on diminuera le volume totale de nuisances puisque en faisant des avions plus gros on réduit d’autant le nombre de vols (encadrés par la loi).
Critiquer les compagnies qui ADP qui s’organisent pour se type d’appareil est donc se tirer une balle dans le pied.
Mais oui mais bien sûr ! C est en faisant des avions plus gros qu on réduira le bruit… Qu est ce qu il ne faut pas entendre…ADP en profitera pour maintenir le meme nombre de mouvement MAIS avec des avions plus gros type A380 ( Orly étant prévu comme aéroport de délestage en cas de pépin à Roissy mais bon c est comme tout on nous mettra devant le fait accompli)
C’est pourtant une évidence. Et moi qui habite vlr depuis 50 ans et ai connu les Caravelles et autres Boeing 707 je peux en attester. Nos oreilles souffrent moins qu’il y a 40 ans.
Et tous les nouveaux avions, même les plus gros comme l’A380 font moins de bruit au décollage et à l’atterrissage que les appareils précédents. De plus la taille de ces machines impose aux autres avions qui suivent un délai un peu plus long d’attente pour décoller ou atterrir. Le nombre de mouvement peu donc être diminué tout en maintenant le même nombre de passagers.
Je ne suis pas d accord avec vous, c est n est pas parce que quelque de fortement nuisible devient acceptable dans une vision de la France passéiste, que les génération futures doivent en subir les conséquence. La proposition de déplacer l aéroport dans une zone peu peuplé (que la proche banlieu parisienne) n est pas une idée bête. Et surtout un nouvel espace aéroportuaire serait beaucoup plus intéressant pour l emploie de l industrie touristique en france, que le rafistolage d un aéroport dépassé et voué à être fermé.
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