Culte | | 30/09/2013
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Le projet de mosquée fait toujours polémique

Le projet de mosquée fait toujours polémique

Emplacement Mosquee VillejuifAlors que Villejuif compte plusieurs milliers de Musulmans parmi ses cinquante-cinq mille habitants, elle s’est engagée depuis plusieurs années à leur permettre de disposer d’un lieu de culte suffisamment spacieux pour les accueillir. Mais après deux tentatives avortées, le nouveau projet fait à nouveau polémique. Explications.

Le projet de mosquée à Villejuif est à nouveau dans l’actualité. La cession d’un ancien site de la gendarmerie, actuelle propriété du Conseil général du Val-de-Marne, à la ville, contre un équivalent en logements neufs d’un montant de 2,1 millions d’euros, a été votée lors du Conseil municipal du 26 septembre 2013. La ville devra ensuite mettre en place un bail emphytéotique d’une durée de 99 ans avec l’Association des musulmans du Val de Bièvre pour mettre le terrain à leur disposition. La loi ne permet en effet pas aux communes de céder directement des terrains pour les lieux de culte mais de mettre en place des baux amortis sur de très longues durées.

Concrètement, le futur bâtiment qui sera situé en place de l’ancienne gendarmerie, sur la D7, accueillera sur 3000 à 5000 m2 et 5 étages, à la fois des espaces de culte -avec deux salles de prières (hommes et femmes) et de culture – avec une bibliothèque et des salles d’activités. Un commerce devrait aussi ouvrir en rez-de-chaussée.

Sujet sensible, le dossier fait toutefois polémique.

L’église copte s’inquiète

Ancien projet de mosquee Villejuif
Premier élément de discorde : la présence d’une église copte (Chrétiens d’Orient) juste à côté. Un précédent projet, qui a fait long feu suite à des recours qui ont découragé le promoteur de l’époque, Vinci, se situait même sur la parcelle voisine de l’église (voir image de l’ancien projet ci-contre). Le nouveau terrain est situé juste à côté, à moins de 100 mètres de l’église. «Il y a trois ans, nous avons souhaité acheter un local voisin pour faire du catéchisme et avions déposé en prévision un permis de construire qui nous a été refusé ! Mais aujourd’hui, la ville cède le terrain d’à côté aux Musulmans. Nous sommes très inquiets d’éventuelles violences, au vu de ce qui se passe de l’autre côté de la Méditerranée, en Egypte par exemple», regrette Sadek Amgad, l’un des administrateurs du lieu de culte copte.

«La volonté de la ville est de dialoguer avec tous et notamment les Coptes, un projet d’extension de l’église copte est du reste en cours d’étude. Le travail mené par l’association des musulmans de Villejuif dans le cadre de l’association intercultuelle montre que l’on peut travailler en bonne intelligence. Nous n’avons pas d’autre objectif que de construire une ville pour tous où l’ensemble de la population puisse vivre dignement dans sa diversité, sans fondamentalisme», indique-t-on au cabinet de la mairie de Villejuif.

«C’est la troisième fois qu’on change de lieu. Le premier site était situé à côté de l’école Robespierre et on nous a demandé de changer pour cette raison. Ensuite, il s’agissait du terrain à côté de l’église copte. Aujourd’hui nous ne sommes pas très loin de l’église mais cela n’a rien d’exceptionnel. Au Kremlin-Bicêtre, la synagogue et la mosquée sont voisines. Nous travaillons dans le cadre d’une association intercultuelle et n’autoriserons en aucun cas l’importation de conflits extérieurs. Notre but est de promouvoir le vivre ensemble et non d’attiser les haines. Et concernant les projets d’extension de l’église copte, ils ont obtenu le droit de procéder à un agrandissement de 1500 m2 sur la parcelle que nous avons failli occuper, dont ils sont voisins» , se défend Mohammed Khoja, à la tête du projet au sein de l’Association des musulmans de Villejuif.

Questions urbaines

«Il ne s’agit pas de remettre en question le bien-fondé d’accueillir une mosquée à Villejuif. Nous vivons dans un Etat laïque et chacun a le droit de pratiquer sa religion. C’est l’emplacement qui est inapproprié, non seulement à côté de l’église copte mais aussi le long de la RD7 avec seulement 40 places de parking prévues alors que le site est prévu pour accueillir 1200 fidèles. Cela va créer des bouchons et du stationnement irrégulier», pointe Natalie Gandais, candidate EELV de Villejuif aux prochaines municipales.

Concertation

«Il y a eu un manque de démocratie et de débat participatif avec les citoyens sur ce projet», regrette pour sa part Philippe Vidal, représentant du mouvement Villejuif notre ville, qui partage aussi les inquiétudes relatives au stationnement et à la proximité de l’église copte.

«L’accueil d’une mosquée à Villejuif est engagement politique pris par l’équipe municipale avant 2008 afin d’assurer des conditions d’exercice du culte digne pour les Musulmans, dans le respect des principes de la laïcité. La ville a même créé à cet effet une commission ad hoc réunissant toutes les sensibilités politiques qui en a voté le principe à l’unanimité», explique-t-on au cabinet de la mairie de Villejuif.

Coût pour la ville ?

«Ce projet figurait clairement dans le programme de campagne et cela fait près de dix ans que nous travaillons dessus. Il a été repoussé en raison de blocages de l’opposition et d’une partie des riverains», acquiesce Bertrand Dubosclard, responsable de la section du PS de Villejuif qui ajoute toutefois que si le PS soutient la majorité sur ce point, il sera vigilant quant à ses aspects financiers. «Cela ne doit rien coûter à la ville, conformément à la loi de 1905de séparation entre l’église et l’Etat, et nous y veillerons», prévient-il.

L’aspect financier est également l’un des motifs de rejet du projet par le conseiller d’opposition et candidat UDI Jean-François Harel : «Prétendre que cela ne va rien coûter à la ville en amortissant le coût d’achat du terrain par un bail emphytéotique de 99 ans n’est pas sérieux. Et pour l’instant, on ne sait pas très bien qui va payer la démolition et le désamiantage des bâtiments. D’autre part, qui va financer la mosquée elle-même ? Au vu du cet ambitieux projet de plusieurs étages, difficile de croire qu’il ne fera que 3 millions d’euros mais plutôt 9 ou 10 millions. D’où viendront ces fonds ?», s’interroge-t-il.

«Le projet va coûter 4 millions d’euros dont environ la moitié va être financée par des dons locaux, déjà perçus, et l’autre par des aides de la Mosquée de Paris et des emprunts bancaires. Le montage financier est déjà bouclé. Notre association a été créée en 2002, dans un cadre républicain, afin de permettre aux Musulmans de pratiquer leur culte dans des lieux dignes. Notre Imam est validé par le bureau du culte et désigné par la grande Mosquée de Paris», répond Mohammed Khoja

Une seconde mosquée en ville

A Villejuif, un second lieu de culte musulman, situé rue Youri Gagarine, devrait aussi se transformer en mosquée avec son minaret, dans le cadre d’un projet d’extension et sous l’égide de l’association Rachad, mais il s’agit d’un projet plus modeste.

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