Logements | | 23/04/2013
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Les élus s’alarment de l’état du Foyer Adoma de Boissy Saint Léger

Les élus s’alarment de l’état du Foyer Adoma de Boissy Saint Léger

Construit dans les années soixante pour les immigrés maghrébins célibataires par la société publique Sonacotral, rebaptisée Adoma, le foyer pour travailleurs migrants de Boissy Saint Léger est devenu vétuste et accueille désormais un public parfois âgé, fragile, ou en très grande précarité. Face à cette situation dégradée, plusieurs élus de la ville se-sont mobilisés jusqu’au ministère de l’Egalité des territoires de Cécile Duflot pour plaider la cause des locataires, et le dossier a été transmis à la préfecture du Val de Marne. De son côté, la direction d’Adoma indique faire ce qu’elle peut mais refuse d’endosser toute la responsabilité des dégradations. Entre locataires et bailleur, le dialogue n’est pas simple.

Adoma 1
Dans un courrier adressé à la direction d’Adoma le 30 mars dernier, les représentants des résidents et deux maires adjoints de Boissy Saint Léger, Moncef Jendoubi et André Yon, font un constat sans appel des conditions de vie au sein du foyer. Dans ce cahier de doléances, il est notamment fait état de chambres de 7m2 quand la norme est à 9m2, d’infiltrations extérieures, de problèmes sanitaires, de locaux proches de l’insalubrité dans certaines buanderies équipées en douches, de ménage insuffisant, d’une usure aggravée en raison de la fréquentation par des personnes extérieures, de locaux infectés régulièrement d’insectes, d’ascenseurs trop souvent en panne, d’insécurité malgré les verrous électroniques (certains résidents étant contraints d’ouvrir en utilisant leur badge sous la menace), de trafics divers (prostitution, drogue et alcool) et encore de sous-location. «Ces conditions d’accueil sont indignes, s’alarme André Yon. Pourtant, les 298 chambres sont louées 330 euros par mois, ce qui fait au total un revenu de plus d’1 million d’euros par an. Il devrait y avoir de quoi assurer un minimum de sécurité et de propreté.»

Fin novembre 2012, la DRIHL (direction régionale et interdépartementale de l’hébergement et du logement) a visité le foyer pour faire un rapport et reçu les représentants des locataires le 25 janvier. Le 20 mars, ce-sont eux qui se sont déplacés directement au cabinet de Cécile Duflot, en parallèle du courrier adressé à la direction d’Adoma.

Qui est responsable ?

Directeur d’Adoma Val de Marne, Donatien Kivouvou tempère : «C’est vrai qu’il y a un problème de vétusté liée au temps et que la structure, des chambres avec lits et cuisines sur le palier, n’est pas idéale. Au départ, ce foyer était prévu pour des travailleurs migrants qui passaient quelques années. Aujourd’hui, certains y finissent leur vie, beaucoup y partagent des chambres individuelles à plusieurs, voire les sous-louent. Le foyer n’est pas conforme aux standards d’aujourd’hui mais le rapport de la Drihl indique qu’il n’est pas pire que les autres foyers. Nous avons un important programme de réhabilitation au niveau régional mais nous ne pouvons pas rénover tous les foyers en même temps, nous procédons par priorité dans le cadre de plans quinquennaux validés avec la préfecture régionale.
Il est néanmoins faux de dire qu’Adoma ne fait rien dans le foyer de Boissy Saint Léger. Le ménage est effectué du lundi au vendredi par trois personnes, à raison d’un total de 18 heures et plusieurs centaines de milliers d’euros ont été affectés à l’entretien des bâtiments ces dernières années. Nous attendons en contrepartie un minimum de civisme de la part des personnes qui fréquent le centre. Nous avons installé un système de badge pour sécuriser l’entrée mais malgré cela, il y a beaucoup de personnes extérieures qui rentrent dans le foyer et contribuent à sa dégradation. Nous ne nions pas les problèmes mais ne pouvons tout résoudre seuls. Mettons-nous autour d’une table pour discuter et essayer d’avancer», insiste le directeur départemental.

«Nous ne demandons que cela, un rendez-vous ! rétorque le maire-adjoint André Yon. Concernant la sécurisation de l’établissement, elle incombe d’abord au bailleur. Avec plus d’un million d’euros de revenus pas an, il doit être possible de disposer d’un concierge et d’un vigile, et de s’assurer de la propreté des lieux. Les personnes les plus fragiles qui logent sur place continuent de s’acquitter de leurs 330 euros par mois, et il est indigne que des personnes meurent chez elles sans que personne ne s’en aperçoive.»

Un projet de reconstruction à moyen terme

A plus long terme, un projet de reconversion du centre commercial Boissy 2, qui engloberait aussi le foyer attenant, pourrait régler le problème de manière plus durable, avec des logements conformes aux nouveaux standards. Le projet est actuellement en cours de réflexion et Adoma a suspendu le million d’euros de travaux qu’il prévoyait pour isoler les murs extérieurs, en prévision de la somme plus importante qu’il devra débourser pour reconstruire le foyer. Pour les représentants des locataires, reconstruire le foyer est une bonne chose mais cela ne doit pas esquiver les responsabilités immédiates. «La dignité n’attend pas», plaide André Yon.

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