L’Institut Gustave Roussy (IGR) de Villejuif, spécialisé dans le lutte contre le cancer, et le Centre hospitalier spécialisé en pneumologie (cancers et autres pathologies) de Chevilly Larue (CHSP) ont prévu de fusionner d’ici au premier janvier 2015. Cette décision actée lors de leurs conseils d’administration des 12 et 14 novembre suscite à la fois espoirs et inquiétudes.
Pour l’hôpital chevillais en importante difficulté financière et dont le taux d’occupation des lits n’est que de 60% sur une capacité totale de 47 lits de médecine aigüe et 60 lits de soins de suite, cette opération apparaît comme une issue de secours. Pour l’IGR qui a réussi à s’imposer comme le premier centre européen de lutte contre le cancer et doit continuer d’aller de l’avant, cette union avec un hôpital situé à proximité s’inscrit dans l’extension naturelle de son rayonnement. L’hôpital qui compte actuellement 356 lits et accueille 11400 nouveaux patients chaque année a en effet besoin de lits supplémentaires d’aval et de soins de suite et de réadaptation (SSR) et cherche à améliorer la disponibilité de sa plateforme médico-technique.
Ce rapprochement doit s’effectuer sur une période d’un an avec la mise en place d’un projet médical commun via des comités de réflexions et groupes de projet. «Des médecins et personnels soignants spécialisés de Gustave Roussy seront mis à disposition pour former le personnel de Chevilly-Larue aux problématiques de cancérologie afin de mieux répondre à l’accueil progressif d’une nouvelle typologie de patients», indique l’IGR dans un communiqué. Pour l’IGR, cette mutualisation avec un spécialiste de la pneumologie s’inscrit dans la lignée de celle qui a déjà été opérée il y a un an avec le Centre Chirurgical Marie Lannelongue du Plessis-Robinson (Hauts-de-Seine) pour créer l’Institut d’Oncologie Thoracique (IOT). «Le rapprochement avec le CHSP de Chevilly Larue préfigure ce que nous souhaitons construire autour du groupe Gustave Roussy, en mutualisant de nombreuses compétences dans la zone Sud du Grand Paris, à l’image du partenariat construit avec le Centre de Chirurgie Marie Lannelonge», précise ainsi Charles Guépratte, directeur général adjoint de Gustave Roussy dans le communiqué. Le traité de fusion qui sera signé début 2014 précisera les modalités du rapprochement et assurera «le maintien de l’intégralité du personnel de Chevilly Larue», précise encore le communiqué.
Quelle pérennité immédiate pour Chevilly et quid des pathologies hors cancer ?
Cette fusion inquiète toutefois la CGT qui s’interroge dans un communiqué sur la continuité de la prise en charge des patients de l’hôpital chevillais ne relevant pas de la cancérologie ainsi que des conditions de la fusion (financement, impact sur le service informatique, sur les plateaux techniques, sur les personnels, leurs conditions de travail et leurs avantages sociaux, sur les emplois…). «Nous souhaitons plus d’explications sur ce qu’il adviendra précisément à Chevilly. Contrairement au centre Lannelongue, il n’y a pas de bloc opératoire au CHSP. Le centre est à la pointe sur certains sujets comme par exemple l’apnée du sommeil, mais ce n’est pas de la cancérologie. Le CHSP deviendra-t-il un centre de soins palliatifs ? Pour l’instant, nous n’avons pas d’informations concrètes, explique Flore Munck, déléguée CGT à l’IGR. Surtout, le CHSP est en grande difficulté financière. Que va-t-il se passer d’ici au 1er janvier 2015 ? Sa pérennité sera-t-elle assurée d’ici là ? Le communiqué de l’IGR indique le maintien de l’intégralité du personnel de Chevilly Larue mais à quelle date ? Plusieurs salariés nous ont communiqué avoir été invités à démissionner pour postuler à l’IGR. Cela ne nous rassure pas quant aux conditions de transfert des personnels. Qui de leur ancienneté ? De leurs conditions de travail? Les laboratoires devraient être transférés dès janvier et il est donc urgent de savoir», détaille la déléguée syndicale. C’est dans ce contexte que le syndicat devrait être reçu par l’Agence régionale de santé le 5 décembre prochain. «Nous ne sommes pas opposés au projet par principe. Surtout si cela peut permettre de sauver les emplois du CHSP, mais une fusion n’a jamais été un long fleuve tranquille», ajoute Flore Munck
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