Plus d’un millier d’enseignants, essentiellement de l’Académie de Créteil (77,93 et 94) ont défilé à Paris ce mercredi 23 janvier à l’appel des syndicats SNUipp-FSU 94, SE-UNSA 94, SUD EDUCATION 94, SNUDI-FO et CGT Educ’Action 94 pour protester contre le projet de décret sur les rythmes scolaires qui prévoit un retour à 4,5 jours par semaine ainsi qu’une diminution des journées travaillées qui seraient complétées par des activités municipales.
Une proposition qui fait craindre à certains une territorialisation de leur profession. «Je prendrai ma retraite en 2014 et ne suis même pas concernée directement par ce projet de loi mais je pense à l’intérêt de tous : les enseignants, les familles et surtout les enfants. Ce sera mon dernier combat. Personnellement, je serais plutôt pour un raccourcissement des vacances d’été pour une meilleure amplitude de cours», expose une enseignante affiliée SUD de l’école Parmentier, à Maisons-Alfort.
Un ancien enseignant toujours présent aux côtés de SNUDI-FO 94 dénonce «un passage en force» du ministre. «Il a organisé de nombreuses concertations publiques sur ce sujet mais n’a visiblement pas tenu compte des avis de chacun», s’agace-t-il. Les syndicats dénoncent un décret pensé hâtivement et sans la concertation avec les enseignants. Ils s’inquiètent des problèmes de formations, de temps de travail des enseignants ou encore des inégalités territoriales qui résulteront de la part impartie aux collectivités dont les moyens diffèrent.
Certains enseignements spécifiques menacés
Une enseignante d’une école élémentaire ZEP de Villeneuve-Saint-Georges craint par exemple pour les enseignements spécifiques dispensés par son établissement. L’école, qu’elle ne veut pas citer “pour ne pas la stigmatiser“, organise des cours Enseignements de langue et de culture d’origine (ELCO). “Ces cours, très prisés par les élèves, se tenaient le mercredi ou le samedi matin et bénéficiaient d’une ambiance de travail plaisante. Désormais, ils seront relégués en fin de journée, à l’heure où les élèves ne sont plus attentifs. Leur apprentissage en pâtira, comme les conditions d’exercice de l’enseignant».
Tout le monde s’accorde pourtant sur un point : la refondation de l’école est indispensable. L’enseignante de Villeneuve-Saint-Georges, qui défile avec les militants de SNUIPP-FSU, estime même que « c’est une chance. On a pas souvent l’occasion de repenser l’école, ces reformes sont très rares. C’est pour cela que l’on ne veut pas qu’elle soit précipitée et bâclée. Nous demandons simplement que l’on réfléchisse tous ensemble aux vrais problèmes de l’école : quelles sont les priorités ? Comment lutter contre le décrochage scolaire et assurer la réussite de tous nos élèves ?».
Faute d’être reçus par le cabinet du ministre une fois arrivés rue de Grenelle, les manifestants ont appelé à une grève nationale le plus rapidement possible.
Jean-Marc Ayrault accorde un mois de délai aux mairies
En fin de journée, le premier ministre, Jean-Marc Ayrault, a néanmoins annoncé qu’il laisserait aux communes jusque fin de mars le choix de décider si elles mettront en œuvre la réforme des rythmes scolaires à la rentrée 2013 ou 2014, alors que celles-ci devaient initialement se prononcer en conseil municipal à la fin février.
Assouplissement des taux d’encadrement ?
De son côté, la ministre déléguée à la réussite éducative, George Pau-Langevin, a indiqué que la ministre des sports, Valérie Fourneyron, devait prochainement annoncer un assouplissement du taux d’encadrement lors des activités périscolaires pour les enfants, qui permettra aux collectivités d’employer moins d’animateurs pour encadrer les enfants.
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