Avec Tours et Dijon, Paris-Rungis fait partie des trois sites retenus par la Mission française du patrimoine et des cultures alimentaires (MFPCA) pour héberger une Cité de la gastronomie. Le site Est-parisien devra passer un nouveau grand oral le 15 avril prochain pour valider le sérieux de son projet. Le maire de Chevilly Larue en a donné un avant-goût ce mardi 26 mars.
Alors que six villes concourraient au départ (il y avait également Versailles qui a démissionné rapidement, Lyon et Beaune), la Mission a préconisé à ses ministères de tutelle (communication, agriculture et agroalimentaire) de retenir trois sites, considérant qu’un réseau représenterait mieux la diversité culinaire française. Une multiplicité qui ne coûtera de toutes façons à l’Etat que l’apposition d’un label, aucune enveloppe budgétaire n’étant prévue pour financer ces cités. Ces lieux auront pour mission d’incarner le repas gastronomique des Français inscrit au patrimoine de l’Unesco depuis 2010, à savoir : apéritif, entrée, plat de viande et/ou de poisson, dessert, café et pousse-café, le tout arrosé d’un bon cru et servi sur une table nappée et décorée.
Objectif : 1 million de visiteurs annuels
Au-delà du prestige, il s’agit pour les communes de Chevilly Larue et de Rungis de profiter de cette opportunité pour développer de nouvelles activités économiques, de formation, et de tourisme, en s’appuyant sur la proximité du puissant MIN (Marché d’intérêt national) de Rungis qui dessert 18 millions de consommateurs et accueille pour cela près de 12 000 salariés et 1200 entreprises. Pas question toutefois de lancer des plans sur la comète. “Nous défendons un projet au modèle économique modeste mais réaliste“, résume ainsi le maire de Chevilly Larue qui espère que ce nouveau site attirera 1 million de visiteurs par an.
Face à Belle Epine
Concrètement, c’est un quartier de la gastronomie qui sera proposé, sur une parcelle de 7,5 hectares située en bordure du MIN, exactement en face du centre commercial Belle Epine par rapport à la RD7 – les deux sites étant déjà reliés par une passerelle. Ce quartier de la gastronomie bénéficiera d’une station du tramway T7 (opérationnel d’ici la fin 2013) et, dans quelques années, d’une station de métro de la ligne 14 (station MIN – Belle Epine). Cette parcelle accueille actuellement des activités logistiques qui seront déplacées.
Halle gastronomique
A l’intérieur de ce quartier de la gastronomie, sera installée une “halle des trésors de la gastronomie” qui proposera de la vente aux particuliers de produits très pointus (épicerie fine, spécificités locales…), un peu dans l’esprit des Halle de Lyon – Paul Bocuse, et où l’on pourra déguster sur place. Cinq restaurants gastronomiques de différents niveaux de prix sont également prévus, dont un étoilé serait bienvenu. Une proposition qui contribuera à doper le tourisme, déjà présent dans le secteur avec notamment les visites organisées du MIN.
Médiathèque, expositions, congrès
Le bâtiment spécifiquement baptisé Cité de la gastronomie complétera cette approche gustative d’un volet plus culturel, en abritant une médiathèque, un espace d’exposition, un centre de congrès, des espaces show-room pour les entreprises ou encore des ateliers de cuisine. Pour nourrir la médiathèque, un partenariat est actuellement à l’étude avec Edouard Cointreau, organisateur d’un festival du livre culinaire (Paris Cookbook Fair) et collectionneur de quelques 40 000 ouvrages de gastronomie de tous les pays.
Côté développement économique, le site prévoit non seulement des espace show-room pour les entreprises mais aussi l’implantation de laboratoires pour les traiteurs, ainsi que des magasins d’arts de table de grandes marques comme Christofle.
Formation et insertion
En matière de formation, deux CFA (centres de formation d’apprentis) pourraient être transférés dans ce quartier de la gastronomie, l’un dédié aux métiers de la poissonnerie, actuellement situé ailleurs dans le MIN, l’autre consacré aux métiers de la restauration, actuellement au collège Rabelais de Vitry sur Seine. D’autres formations sont en cours de réflexion en partenariat avec l’INFA. Des écoles de gastronomie parisiennes comme Ferrandi sont envisagées pour dispenser des ateliers sur place. Un volet insertion devrait également être développé, qui concernerait la formation continue des personnels de cuisine de la fonction territoriale, en partenariat avec le CNFPT (Centre national de la fonction publique territoriale).
Touche verte
Le quartier accueillera un parc qui aura une double fonction de paysagère et de présentation de plantes légumineuses. Un partenariat est envisagé à ce sujet avec l’Ecole nationale supérieure du paysage et le Potager du roi de Versailles.
Portage financier et foncier
Pour porter ce projet évalué à 70 millions d’euros, Chevilly, Rungis, le Conseil général du Val de Marne et le Conseil régional d’Ile de France travaillent avec l’établissement public d’aménagement Orly Seine Amont (EPA ORSA), en collaboration avec des partenaires comme les chambres de commerce et de métiers et l’Ador (association pour le développement économique du pôle Orly Rungis qui compte parmi ses membres la Semmaris, la Sogaris, Aéroports de Paris, Klépierre (Belle Epine)…
La parcelle de 7,5 hectares appartient pour un tiers à l’Etat et pour deux tiers au syndicat interdépartemental de l’ancienne Seine (actuels 75-92-93-94). Pour les collectivités, l’objectif est d’obtenir la rétrocession de cet espace de manière gratuite. Côté architecture, c’est l’agence de Christian de Portzamparc qui est en cuisine.
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