Pas facile d’accorder les territoires sur les transports et infrastructures routières, en témoigne l’actuel désaveu par la commune de Chennevières du Plan local de déplacement (PLD) voté en juin 2012 par la Communauté d’agglomération du Haut Val de Marne et soumis à enquête publique jusqu’au 16 mars 2013. Explications.
Rappel du contexte urbain dans le Haut Val de Marne
Pour situer le contexte, la communauté d’agglomération qui compte six communes (Chennevières, Ormesson, Sucy, Le Plessis-Trévise, Boissy Saint Léger, Noiseau et La Queue en Brie) occupe ce territoire intermédiaire entre la zone dense de l’agglomération parisienne et la campagne, traversée par d’avenantes routes à forte circulation automobile bordées de zones commerciales. Des axes qui coupent parfois les villes, comme la RN4 à Chennevières et la RD 111 à Ormesson, et sont régulièrement saturés. Globalement moins dense que le reste du Val de Marne en raison de quelques terres et friches agricoles, cette zone souffre d’une desserte en transport en commun insuffisante. Pour gagner la capitale, les 107 000 habitants de la communauté d’agglomération peuvent emprunter le RER E ou le RER A, mais la flotte de bus pour rejoindre les gares, qui n’est que partiellement prise en charge par la RATP, ne maille pas l’ensemble du territoire. En outre, les deux stations du bout de ligne de RER A, Sucy en Brie et Boissy Saint Léger, sont situées après un terminus partiel à la Varenne, ce qui réduit la fréquence des trains. Côté automobile, le réseau routier n’a guère évolué depuis trente ans malgré l’accroissement de la population résidant ou transitant sur place.
Le PLD du Haut Val de Marne en bref
C’est dans ce contexte que la Communauté d’agglomération a élaboré un Plan local de déplacement visant à développer l’offre de transports en commun, compléter le maillage des axes routiers, développer les circulations douces et l’accessibilité, et coordonner les politiques de circulation des villes membres, le tout dans le cadre réglementaire du PDUIF (plan de déplacement urbain d’Ile de France voté par la région) ainsi que celui des contrats de développement territorial qui accompagnent les futures gares du Grand Paris Express.
Le plan détaille une série de projets de transport en commun, notamment un enrichissement des dessertes des bus existants pour mieux rabattre les habitants vers les gares de RER E et RER A, des transports circulant en site propre (TCSP) comme le projet Altival sur la VDO (Voie de desserte orientale), mais aussi d’autres TCSP sur la RD4, la RD19 ou encore le tram-train Sucy-Orly. Le PLD souhaite également la suppression du terminus partiel à la Varenne.
Concernant l’automobile, le PLD envisage de nouveaux axes routiers, le long de la VDO (en parallèle du TCSP Altival), entre le port de Bonneuil et la RN406, ou encore une déviation de la RN19 au niveau de Boissy et une déviation sur la RD4 au niveau de Chennevières.
Au-delà de ces projets pour certains déjà actés par la région, le département ou l’Etat, les autres simplement à l’état de la réflexion, le PLD veut favoriser une harmonisation des pratiques de ses membres concernant les zones 30, le stationnement alterné, la signalisation, l’entretien des routes… afin de faciliter la circulation, et rappelle ses obligations en matière d’accessibilité au handicap, ce qui passe notamment par l’élaboration d’un Pave (Plan d’accessibilité des voiries et équipements).
Chennevières émet un avis défavorable
Si beaucoup de propositions font consensus, notamment concernant les transports en commun, les propositions de nouveaux axes routiers transitant par Chennevières ne passent pas auprès des Canavérois. Le conseil municipal de la ville a donc émis un avis négatif alors que les autres communes accordaient un avis favorable ou avaient donné leur accord tacite, faute de délibération en conseil municipal. Précisément, trois propositions du PLD motivent ce refus.
Création d’une route le long de la VDO, dans Chennevières
Pour relier la future gare du Grand Paris Express (ligne rouge) des quatre communes de Champigny, Bry, Chennevières et Villiers, aux autres villes de la Communauté d’agglomération, le PLD prévoit la création d’une route sur l’emprise de l’actuelle VDO (Voie de desserte orientale, une longue friche qui était destinée à accueillir une rocade autoroutière périphérique intermédiaire entre l’A86 et la Francilienne, A104, mais finalement abandonnée). Pour Chennevières, il n’est pas question de créer une nouvelle route qui traversera Chennevières, déjà coupée en deux par la RD4, d’autant que la commune a un projet d’éco-quartier d’un millier de logements à cet endroit. Elle ne souhaite donc pas y développer l’automobile et suggère la RD 233 comme itinéraire automobile alternatif. La ville approuve en revanche le projet de bus en site propre sur ce tracé.
La déviation sur la RD4 oppose Ormesson et Chennevières
L’autre question qui fâche Chennevières concerne un projet de déviation sur la RD4, entre le rond-point du centre commercial Pincevent et la RD4, dans le prolongement de l’emprise de la VDO. Selon les Canavérois, cette liaison va dé-saturer la RD 111 qui traverse Ormesson en transférant le trafic automobile vers Chennevières. La commune suggère donc plutôt de diminuer le trafic automobile en développant l’offre de transports en commun. «En tant que maire, je m’opposerai toujours à toute nouvelle voie routière venant défigurer et encombrer le centre de notre ville», prévient Bernard Haemmerlé dans sa lettre aux habitants, les invitants à venir s’exprimer contre le PLD à l’occasion de l’enquête publique en cours. A Ormesson, cette liaison est au contraire considérée comme une nécessité car la ville souffre du trafic important, notamment de poids-lourds, sur la RD 111. «Le taux moyen journalier annuel d’automobiles sur l’axe de la RD11 qui traverse Ormesson est de 20 000 véhicules, supérieur à la RD 19 et à la RD4 qui sont des routes à quatre voies !», témoigne Edmond Barriquand, maire-adjoint d’Ormesson en charge de l’urbanisme et des déplacements. Le projet, bien que mentionné dans le PLD comme devant donner lieu à une étude d’opportunité, n’est toutefois ni acté par le Sdrif, ni par le Conseil général, ce que regrette du reste la ville d’Ormesson.
Où installer le dépôt de bus du SITUS ?
Troisième et dernière raison du vote défavorable de Chennevières : les suggestions d’installation du dépôt de bus du Situs, réseau de transport interne à la communauté d’agglomération, à proximité du Fort de Champigny ou dans la plaine des Bordes, sur une surface de 7 000 à 12 000 m2. Deux sites canavérois que la commune ne veut pas céder à cet usage, indiquant avoir un projet de développement économique à côté du fort de Champigny (ce territoire fait actuellement l’objet d’une étude de potentiel menée conjointement par les villes de Champigny, Chennevières, la Communauté d’agglomération du Haut Val de Marne et le Conseil général). La ville souhaite également conserver l’espace agricole de la plaine des Bordes qui accueille une ferme. Du côté de la communauté d’agglomération, l’équation est compliquée. Un autre site est aussi à l’étude du côté de la Queue en brie mais la friche en question appartient à 70 propriétaires différents ! Précédemment installé à Ormesson, le dépôt est abrité depuis janvier 2012 à Pontault Combault, en dehors de son territoire de desserte, ce qui génère des kilomètres inutiles (kilomètres haut le pied) et donc un manque à gagner financier.
Le dossier d’enquête publique est consultable aux horaires d’ouverture habituels dans les mairies des 7 communes du haut Val-de-Marne ainsi qu’au siège administratif de la Communauté d’Agglomération du 14 janvier au 16 mars 2013.
Voir les dates de permanence du commissaire enquêteur et télécharger le dossier du PLD directement sur le site de la communauté d’agglomération. Les avis peuvent être adressés par email à l’adresse : enquete-publique-pld@agglo-hautvaldemarne.fr
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