Le PADD, projet d’aménagement et de développement durable qui acte la seconde étape de préparation du PLU de Nogent sur Marne, après le diagnostic et avant l’écriture du règlement qui définira, quartier par quartier, les règles de construction (hauteur, densité…), l’évolution du stationnement, la protection de tel ou tel type de bâtiment, a été présenté publiquement lors du Conseil municipal du 27 février. Retour en détail sur ce projet et le débat qu’il a suscité en Conseil municipal.
Comment planifier l’urbanisme de sa ville en tenant compte des désirs de ses habitants qui souhaitent majoritairement éviter la densification pour pouvoir respirer, se garer et circuler facilement, mais veulent aussi pouvoir se loger ainsi que leurs enfants, tout en respectant les obligations décidées à une échelle plus large (régionale et nationale) qui imposent de manière plus radicale la construction de quotas de logements et logements sociaux? Tel est tout l’enjeu du PLU, plan local d’urbanisme, actuellement en cours d’élaboration à Nogent sur Marne. Une quadrature du cercle qui se retrouve dans la rédaction du PADD, document intermédiaire avant la rédaction du règlement d’urbanisme. En témoigne le premier des trois grands axes de ce PADD, «Inscrire le territoire dans la dynamique du Grand Paris tout en préservant l’identité et la spécificité de la commune».
Constitué de trois axes (intégration dans le Grand Paris, préservation du cadre de vie et renforcement de l’attractivité) chacun déclinés en quatre objectifs, le PADD énumère beaucoup d’intentions consensuelles du type «traiter de manière harmonieuse et accueillante les portes d’entrée du territoire, véritables vitrines de la ville et de son identité, en continuité urbaine avec les communes voisines» mais prévoit aussi des orientations concrètes pour la ville.
Le PADD intègre d’une part les grands projets de réaménagement déjà initiés depuis plusieurs années ou en cours de réflexion comme celui du RER A, de la place Leclerc, du RER E et du marché, et fixe d’autre part des objectifs urbains.
Objectif de 150 nouveaux logements par an
Le PADD prévoit la construction de 150 logements dont 43 logements sociaux, ainsi que 9 logements sociaux (hors neuf) supplémentaires par an, ce qui devrait conduire à une population de 34 000 à 35 000 personnes d’ici à 2030. Afin d’assurer la mixité sociale, le PADD prévoit d’imposer un pourcentage de logements sociaux dans les opérations «d’une certaine importance» dans tous les quartiers de la ville. Le document insiste également sur la nécessité de diversifier l’offre à tous les profils (personnes handicapées, âgées, familles nombreuses ou personnes seules…). Le PADD prévoit de densifier («accompagner la dynamique de mutation » dans le texte) plus spécifiquement certaines parties du territoire, à savoir le boulevard de Strasbourg et la partie Est de la RD 120.
Des parkings de proximité et plus de navettes
Concernant le stationnement automobile, Le PADD propose de créer des parkings publics de proximité, citant l’exemple du parking Marie Curie et d’un projet de parking route de Stalingrad, et propose de mutualiser davantage le stationnement et de poursuivre «la rationalisation de l’offre de stationnement en fonction du type d’habitat». Certains propriétaires disposent en effet d’emplacement de parking qu’ils n’utilisent pas mais ne revendent pas pour conserver la valeur de leur bien. L’idée est donc de développer leur mutualisation et inciter les habitants disposant de places de parking à s’y garer plutôt qu’à stationner dans la rue. Le PADD compte aussi sur le développement des transports en commun pour réduire l’usage de la voiture et suggère une évolution de la navette municipale en transport urbain qui desservirait tous les quartiers.
Améliorer les transitions urbaines
Pour préserver le cadre de vie et le patrimoine, le document évoque la préservation du patrimoine bâti remarquable et indique qu’une étude paysagère est en cours pour protéger les espaces verts et les «points de vue remarquables» et fixe pour objectif d’améliorer les continuités urbaines entre les différents quartiers de la ville, ainsi qu’au niveau des coupures comme les ponts, voies ferrées…
Géothermie et production d’énergies renouvelables
En matière d’économie d’énergie, une nouvelle piste évoquée par le PADD est la mise en place de géothermie dans la commune. Le document suggère aussi d’autoriser les dispositifs d’isolation (même dans la rénovation des bâtiments existants) et la production d’énergies renouvelables – tout en respectant des caractéristiques paysagères et architecturales du bâti. Une double contrainte qu’il reviendra au règlement de trancher.
Accompagner le travail à distance et développer les bureaux
Pour développer l’attractivité du territoire, troisième axe du PADD, celui-ci propose de développer les bureaux pour attirer les entreprises au niveau du RER A et du RER E, ainsi que sur les grands axes comme le boulevard de Strasbourg, Albert Premier… Le PADD propose aussi de créer des lieux dédiés au travail à distance.
Discussion en conseil municipal
Le PADD a été présenté par l’agence Citadia puis discuté pendant plus d’une heure et demie lors du Conseil municipal du 27 février. Ecouter la discussion à ce sujet à partir du temps 0h55:48 au temps 2h38.
Lors de cette séance, les discussions entre majorité et opposition ont porté sur plusieurs aspects.
Sur la forme, plusieurs élus ont pointé le caractère imprécis ou un peu incantatoire de certains aspects du PADD. Wiliam Geib a demandé plus de précisions sur les moyens de stimuler le développement économique et touristique tandis que Michel Gilles s’est interrogé sur la manière concrète de s’y prendre pour “favoriser une architecture de qualité”, citant quelques exemples de constructions récentes en rupture disgracieuse avec leur voisinage. Cette étape sera la prochaine, a indiqué le maire, Jacques JP Martin, qui a cité les recommandations déjà établies par la ville en termes d’architecture et indiqué que certaines constructions pouvaient paraître disgracieuses pour certains et pas pour d’autres.
Sur le principe, Marc Arazi a pour sa part regretté que l’élaboration du PLU n’arrive qu’en fin de mandat, en parallèle de “modifications du POS à marche forcée pour poursuivre les opérations immobilières avec des promoteurs”, et prévenu qu’en cas d’alternance, la nouvelle majorité ne s’appuierait pas sur ce PLU. Sur le fond, l’élu d’opposition a en effet considéré que ce document actait la poursuite de la densification de la ville au lieu d’aller dans le sens de la préservation du cadre de vie. Sur ce point, le maire a rappelé toutes les contraintes avec les quelles la ville doit composer, qu’il s’agisse du schéma directeur de la région ou des contrats de développement territorial avec la Société du Grand Paris, qui vont dans le sens de constructions de logement supplémentaires.
Dans le détail, Michel Gilles a demandé à ce que la densification et le développement de logements sociaux épargne le quartier des Maréchaux déjà bien pourvu, insisté sur la nécessaire fluidification du boulevard de Strasbourg et de la RD120 où il est actuellement difficile de circuler, même en bus, constaté que le document faisait peu allusion aux pistes cyclables, réclamé des précisions concernant l’offre et la demande actuelle de stationnement à Nogent, plaidé pour une meilleure intégration des contraintes du plan d’exposition au bruit dans le document et demandé à ce que le projet de création d’un casino, s’il est maintenu dans sa demande (car la ville doit pour cela obtenir le label de station touristique et pas seulement de commune touristique) soit clairement formulé noir sur blanc.
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