En pleine affaire Léonarda, la longue séance de rentrée du Conseil général du Val de Marne a été l’occasion d’un vif débat sur la place des Roms dans le département, à l’occasion d’une délibération actant de l’adhésion du Conseil général à l’Alliance européenne des villes et des régions pour l’inclusion des Roms.
Rappel du contexte
Cette association compte 120 membres (villes, régions, départements européens) dont cinq Français (les villes de Lille, Lyon, Strasbourg, Aubervilliers et le Conseil général du Val de Marne). Elle est née d’une initiative du Congrès des pouvoirs locaux et régionaux (une assemblée de 636 élus locaux de 47 pays européens) du Conseil de l’Europe. L’adhésion du Conseil général s’inscrit dans le cadre de la participation de celui-ci au concours Dosta organisé par l’association afin derécompenser les initiatives locales créatives et innovantes pour intégrer des communautés Roms. Le département présente à ce concours l’expérience du village de Roms expérimenté à Orly, le Hameau du Bouvray. Un village passerelle qui n’a pas vocation à rester dans le temps et qui doit du reste être transformé en centre de remisage pour le tramway T5 d’ici à 9 mois. Ce village a déjà obtenu un prix européen pour cette initiative l’an dernier. Il s’agissait du prix Meri financé par une fondation du milliardaire Est européen Georges Soros.
Le sujet des Roms étant particulièrement sensible, cette adhésion a suscité un débat passionné de près d’une heure, cristallisant les positions politiques de chacun. C’est Daniel Guérin, conseiller MRC, qui a lancé la controverse en critiquant cette initiative d’autopromotion et d’affichage, insistant sur le fait que le problème de l’inclusion des Roms ne devrait pas être traité au niveau d’un département mais au niveau européen et plaidant pour le développement de la coopération décentralisée avec des pays comme la Bulgarie et la Roumanie. Le conseiller général de gauche a reçu le soutien de la droite. Olivier Capitanio, président du groupe UMP au sein du Conseil général, a ainsi regretté cet effort de publicité, évoquant en outre «l’appel d’air» qu’il pourrait susciter auprès d’autres familles de Roms.
«Nous n’irons pas chercher ce prix avec orgueil mais humilité», s’est défendue Simone Abraham Thisse (PS), qui a rappelé que le village d’Orly avait déjà été primé et que le bilan était positif avec 15 familles régularisées sur 17, des enfants scolarisés et des adultes presque tous en situation professionnelle. Maire d’Orly, Christine Janodet (Gauche citoyenne) a ajouté qu’il n’y avait pas eu d’appel d’air à Orly, que quelques familles étaient venues mais reparties, convaincues par les résidents déjà sur place. La maire a également rappelé que le rétroplanning de la disparition de ce village était en cours puisque le site doit accueillir un centre de remisage du futur tramway T5 d’ici fin 2014.
Chantal Bourvic (PCF) a de son côté relativisé la coopération décentralisée comme panacée, évoquant les difficultés de l’expérience actuellement menée par le Grand Lyon, tout en indiquant que cette piste n’est pas négligée et que le département participe aux Assises de la coopération décentralisée France Roumanie.
Tout en comprenant l’humanité de ces déclarations, Jean-Pierre Barnaut (Modem), a parlé du cynisme des gouvernements bulgares et roumains qui souhaitent reporter leurs difficultés sur l’ensemble de l’Union européenne.
«Il y a aujourd’hui 17 000 Roms en France, contre 150 000 en Allemagne, on ne peut parler d’appel d’air. Il y a des pistes dans la fraternité, avec des initiatives courageuses comme celle d’Orly, qui n’excluent pas les exigences envers les pays d’origine, mais on ne peut pas à la fois fermer nos frontières et pleurer Lampedusa. Il faudrait aussi dresser un bilan financier des expulsions de camps, appels à la justice pour les expulsions, réinstallations dans la ville voisine..)», a réagi Daniel Breuiller.
Gilles Saint-Gal (PCF) a de son côté plaidé pour la multiplication de villages d’insertion dans tout type de ville, évoquant la demande d’un de ses camarades parisiens qui a émis l’idée d’en installer un au cœur du seizième arrondissement.
«Voilà des beaux discours d’humanisme mais les maires communistes confrontés à la situation n’ont pas les même positions», lui a rétorqué Olivier Capitanio, citant la réponse au printemps dernier de Pierre Gosnat, maire PCF d’Ivry-sur-Seine, au groupe EELV, suite à leur demande d’implantation d’un village d’insertion à Ivry pour résoudre le problème du campement de la rue Truillot.
«C’est un sujet difficile, nul n’a le monopole de l’humanisme et du cœur et et nul n’a le monopole de la sécurité et du respect de la loi, a repris Daniel Guérin, raillé en temps réel de sa reprise de Valéry Giscard D’Estaing (« vous n’avez pas le monopole du cœur ») lors de son duel télévisé avec François Mitterrand en 1974. Ne caricaturons pas les positions de chacun», plaidé le conseiller de Villeneuve-le-Roi. «On ne peut pas dire que nous avons tous les mêmes positions. Ce n’est pas vrai. Dans un même contexte, des élus réagissent différemment», a nuancé Jacques Perreux, faisant un parallèle avec la seconde guerre mondiale.
«Les principaux problèmes que nous rencontrons dans nos villes sont ceux de l’emploi, du logement, de la sécurité sociale… et les Roms n’y sont pour rien», a ajouté Maurice Ozoulias (PCF) tandis que Pascal Salvodelli (PCF) notait de son côté que l’Europe accorde 2 milliards d’euros à la Roumanie pour qu’elle intègre les populations Roms et qu’il serait judicieux d’assortir cette aide d’obligations réelles d’insertion.
«Nous ne courrons pas les plateaux TV mais ce que nous avons fait à Orly est utile, nous n’avons pas à en avoir honte. La création de ce village a été assorti de d’exigences fortes de la part des familles comme celle de ne pas faire la mendicité et de scolariser les enfants», a finalement conclu Christian Favier, président du Conseil général.
Cette délibération a finalement été votée favorablement par l’ensemble de la gauche à l’exception du MRC et défavorablement par la droite et le centre.
Petit rectificatif :
Le T5 est une ligne de tramway en service entre Marché de Saint-Denis et Garges-Sarcelles en Seine-Saint-Denis.
Le futur tramway entre la Porte de Choisy et Orly ville a pour nom de projet TPO (Tramway Paris Orly). Le numéro de la ligne n’est pas encore décidé. Sa mise en service est prévue pour 2020 avec un début des travaux en 2016. Deux lieux sont retenus pour le Site de Maintenance et de Remisage des tramways : la ZAE des Navigateurs et le secteur des Voeux avec une préférence pour le second.
A lire les commentaires politiques de certains élus de droite au sein du C.G, je me dis : “que pouvait bien être leurs parents pour avoir élevé leurs enfants avec si peu d’amour dans le sang.” Nous ne sommes même plus des juifs allemand, nous sommes des chiens ! Mais d’où vient cette haine de l’autre ? De l’organisation du system et du statut social de chacun d’entre nous ? Pas sûr et c’est bien là tout le problème.
Bonjour,
Je suis heureuse que les initiatives antérieures qui sont municipales aient” porté leurs fruits ” avec un programme qui exclut : l ‘ oubli , l ‘ indifférence , le non espoir .
Comment ferions nous si nous étions nés” rom ” ?
Pourquoi leur histoire est méconnue ? Sédentaires de par leur culture , j ‘ ai compris que ces familles étaient obligées par la force des choses de bouger géographiquement .
Enfant , j ai partagé des moments à l ‘ école avec les ” bohémiens ” ( nom de l ‘ époque ) . Leur intégration était difficile car ils dérangeaient de par leur origine .
L ‘ institutrice ( école publique ) mettait en avant leur savoir comme la vannerie . ..
Ma région d ‘alors riche en installation des gitans a partagé une solidarité avec eux et l ‘ histoire est tissée par les horreurs du nazisme
L ‘ école était obligatoire dans ces années .
Voir des enfants rom ” abandonnés socialement ” quelle honte pour notre pays et quelle perte d ‘une richesse à partager avec eux et leur famille pourtant européenne
Je suis meurtrie par la banalisation d ‘ éliminer ce qui dérange …
Mauri7
il va coûter combien le village d’Orly au total, par famille ou par tête ? ils ne nous le dirons jamais
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