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Société | | 27/08/2013
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Rassemblement des gens du voyage à Villejuif

Rassemblement des gens du voyage à Villejuif

Une centaine de caravanes de gens du voyage venus de divers horizons, du Nord de la France jusqu’à l’Espagne, soit quelques centaines de personnes, ont investi le gazon du parc des hautes bruyères de Villejuif, depuis ce dimanche 25 août en fin de journée. Ils souhaitent y résider jusque vers le quinze-vingt septembre et espèrent pouvoir rester au moins deux semaines sur ce terrain qui appartient au Conseil général du Val de Marne.

Mission évangélique

Selon leur porte-parole, Jimmy, qui se présente à la fois comme le chef du groupe et le pasteur, ce rassemblement s’inscrit dans le cadre de la Mission évangélique des Tziganes de France (METF) Vie et Lumière. Ce mouvement, créé dans les années cinquante par un Breton non Tzigane, Clément Le Cossec, s’est largement développé dans la communauté. Reconnu par la Fédération protestante de France depuis 1975, il revendique aujourd’hui l’adhésion de plus d’une centaine de milliers de Tziganes (près d’un tiers de la communauté) agissant comme un fédérateur de ces familles nomades avec des lieux de culte permanents dans quasiment tous les départements (aucune dans le Val de Marne et Paris même mais une dans les Yvelines, deux dans l’Essonne, trois dans le Val d’Oise et la Seine et Marne et quatre en Seine-Saint-Denis). A l’entrée du campement, une femme qui ne sait pas lire demande du reste au visiteur de passage de lui lire des extraits de l’évangile distillés sur des petites cartes.

Au-delà des quelques messes qui doivent être célébrées, il s’agit surtout d’un rassemblement entre membres de la communauté Tzigane, avant la période plus sédentaire de l’hiver. Sans être forcément de la même famille, chacun présente l’autre comme un cousin. «Nous venons d’un peu partout et nous rassemblons par connaissance, nous nous donnons rendez-vous grâce au téléphone», explique le porte-parole. La plupart des membres du rassemblement travaillent dans le bâtiment et les camionnettes de maçons ou benne d’enlèvement de gravats circulent dans le campement improvisé. «Nous vivons toujours en caravane mais sommes basés au même endroit pendant une bonne partie de l’année», reprend-il.

Occupation illégale vs absence d’aires accueil

Entrés par effraction dans le parc en forçant la barrière, les occupants justifient leur manière de procéder. «Nous n’avons pas le choix. Il y a très peu de villes qui disposent d’aires de gens du voyage alors qu’elles en ont l’obligation légale. Et il est très difficile de trouver un terrain pour pouvoir nous regrouper. Nous ne voulons pas tout saccager. Nous demandons une benne, l’accès à l’eau et à l’électricité et souhaitons payer pour cela», insiste le pasteur.

Du côté du Conseil général, propriétaire du terrain, il n’est pas question d’autoriser ce rassemblement. “Ce parc n’est pas conçu pour accueillir une centaine de caravanes. Cela pose des problèmes d’assainissement comme de raccord à l’électricité dans des conditions sécurisées“, explique Michel Coronas, chef de cabinet du président du Conseil général. Sur la forme, le principe du fait accompli avant de négocier n’a en outre guère été apprécié.

C’est vrai que seules trois villes du département(*) disposent d’une aire d’accueil de gens du voyage et que nous n’avons pas d’aire de grand passage. Historiquement, le département n’était pas un lieu d’étape mais cela fait plusieurs années que des rassemblements de ce type s’organisent. Cela a notamment été le cas à Valenton, au parc de la Plage bleue. C’est aux pouvoirs publics de statuer, compte-tenu des statistiques de passage, s’il est opportun ou non de prévoir une aire de grand passage et dans quelles conditions. Nous souhaitons également que le préfet accélère le processus concernant le schéma départemental d’accueil des gens du voyage(*).” En attendant, le Conseil général a engagé au tribunal en procédure en référé (c’est à dire en urgence) pour réclamer l’expulsion des occupants du parc des Hautes Bruyères.

La difficile cohabitation entre nomades et sédentaires

«Nous sommes des gens du voyage, c’est notre manière de vivre de ne pas être sédentaire et il  faut la respecter. Il faut accepter notre communauté et ne pas être raciste. Ce n’est pas parce que nous n’habitons pas toujours au même endroit et que nous sommes Tziganes que nous sommes des voleurs. D’ailleurs, quand il y a des criminels, on s’en occupe nous-mêmes. Et les pédophiles, on les castre ! » indique Rossellino en illustrant ses propos d’un geste sans équivoque. Malgré tout, les caravanes, Mercedes et quatre-quatre rutilants font jaser les riverains. Tout comme l’occupation sans autorisation qui donne l’impression aux sédentaires d’un mode de vie s’affranchissant des lois alors qu’ils se sentent dans le même temps accablés de tracasseries administratives ou amendes à payer à la moindre négligence. «C’est vrai que nous avons de belles caravanes et de belles voitures mais nous n’avons pas de maison», reprend Rossellino.

(*) Suite au vote de la seconde loi Besson, toutes les communes de plus de 5000 habitants doivent prévoir une aire d’accueil des gens du voyage dans le cadre d’un schéma départemental défini avec le préfet. Dans la pratique, peu de communes disposent d’aires et dans le Val de Marne, aucun schéma n’a encore été validé. Trois communes disposent d’aires dans le département : Créteil, Vitry-sur-Seine et Villeneuve-Saint-Georges (en partenariat avec sa voisine Crosnes de l’Essonne). Une aire devrait aussi voir le jour prochainement dans le bois de Vincennes, propriété de la ville de Paris, mais ce projet fait polémique.

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