Faut-il ou non recourir au tri-méthanisation et tri-mécanico-biologique (TMB), pour recycler les déchets ? Cette méthode consiste à fabriquer du compost et du biogaz avec la partie organique des déchets en accélérant le processus naturel de méthanisation. La question reste en débat concernant la reconstruction du vieillissant centre de tri et d’incinération d’Ivry sur Seine
qui prend en charge les déchets de onze communes du Val de marne, deux des Hauts de Seine et douze arrondissements parisiens via un syndicat intercommunal, le Syctom.
Intéressante en raison de ses capacités de recyclage en compost et en énergie (biogaz), la technique de tri-méthanisation est controversée car le compost fabriqué n’est pas toujours suffisamment propre pour être compatible avec un usage agricole et l’exploitation même des usines de méthanisation peut générer des nuisances.
Au sein du Syctom, un premier projet d’usine de méthanisation a vu le jour à Romainville (photo), qui devrait être opérationnel en 2015. Après une concertation houleuse et un avis défavorable de la Communauté d’agglomération Est Ensemble, il a obtenu l’aval du Syctom et de l’Ademe (Agence de l’environnement). (Mise à jour, le Tribunal administratif de Montreuil a annulé le 18 avril l’autorisation préfectorale qui avait été accordée par le Syctom à la société Urbaser pour exploiter l’usine de Tri mécanobiologique)
A Ivry, la question est en suspens après une première phase de réflexion sur la refonte du site qui a fait l’objet d’un débat sous l’égide de la Commission nationale du débat public jusque fin 2009. Outre une partie tri et méthanisation, le projet à l’étude à Ivry comprend aussi une partie incinération qui sera toutefois réduite par rapport à aujourd’hui, passant de 700 000 tonnes à 350 000 tonnes par an.
EELV hostile au tri-méthanisation
Attaquée en justice par deux association, Arivem et Ecologie sans frontières, l’autorisation d’exploiter de l’usine de Romainville a vu ses jours-ci le rapporteur public du tribunal de Montreuil se prononcer en faveur de l’annulation de cette autorisation. Certes, rien ne dit pour l’instant que cet avis du rapporteur sera suivi par le juge, mais cette nouvelle a réjoui le groupe EELV d’Ivry sur Seine, hostile au projet. «EELV Ivry sur Seine, qui s’oppose à la reconstruction de l’usine d’incinération et à la construction d’une usine de TMB sur le site d’Ivry, se réjouit de cette décision et espère que cela conduira le Syctom à renoncer à la construction d’usines de TMB. Pour EELV, il faut, à l’instar de plusieurs pays Européens (Allemagne, Italie, Espagne, ou Nord de l’Europe), diminuer drastiquement les déchets, et développer la réutilisation et le recyclage», indique le parti dans un communiqué.
«A Ivry, nous testons le compostage individuel et en pied d’immeuble et les citoyens se montrent très intéressés. 40% de nos déchets peuvent être recyclés de cette manière, localement, naturellement et de manière autogérée par les citoyens. Si nous voulons réussir à diminuer les déchets, il ne faut pas les encourager en construisant des usines à forte capacité comme le projet d’Ivry. Car, une fois construites, il faudra les nourrir pour les rentabiliser. En outre, la diminution du tonnage incinéré n’est pas un indicateur suffisant car si ce qu’il reste à incinérer est plus dense en matière polluante, cela revient au même», explique Chantal Duchène, adjointe à l’écologie d’Ivry.
Rien n’est acté
Au sein de la majorité de gauche de la ville, dirigée par Pierre Gosnat (PCF), le sujet divise. «L’usine d’Ivry date de 1969 et, malgré des rénovations, elle doit être reconstruite. Lors des débats publics que nous avons eu sur cette nécessaire refonte, ce-sont les écologistes qui ont proposé de diversifier les traitements ! Et nous avons donc élaboré un cahier des charges en ce sens. Nous sommes d’accord sur la nécessité de réduire la production de déchets par habitant et cela est déjà le cas, mais nous avons de plus en plus d’habitants et il y a donc toujours autant de déchets qu’il nous faut bien traiter. Nous n’allons pas les exporter en grande couronne, répond Laurent Jeannin, directeur de cabinet du maire d’Ivry sur Seine. Pour l’instant, nous n’en sommes qu’à la phase d’étude et de dialogue, rien n’est arrêté. Mais il faudra prendre une décision au plus tard début 2014 pour une usine opérationnelle d’ici à 2018-2020», ajoute le directeur de cabinet qui précise au passage que l’usine d’incinération actuelle permet de chauffer 100 000 logements via le réseau de chauffage urbain de la ville.
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