Education | Val-de-Marne | 23/05/2013
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Rentrée 2013 : ce qui inquiète les enseignants du Val de Marne

Rentrée 2013 : ce qui inquiète les enseignants du Val de Marne

Manifestation Rythmes scolaires 3Réforme des rythmes scolaires, disparition des réseaux d’aide (RASED), des classes pour enfants en difficulté (CLAD), évolution de l’accueil des enfants de moins de trois ans en pôles, et de celui des enfants ne parlant pas le Français, mutations difficiles, retraites… voilà les sujets qui préoccupent les enseignants du Val de Marne, en congrès syndical ces jours-ci. Revue de détails.

Les syndicats enseignants tiennent leur congrès ces jours-ci dans le Val de Marne. Alors que s’ouvre ce jeudi 23 mai celui du Snuipp-Fsu, le Snudi FO 94 l’a réuni ce mercredi 22 mai dans une salle comble. Plus de 250 professeurs des écoles étaient ainsi au rendez-vous contre 161 en 2012, qui était déjà une année record pour le syndicat. Le projet de réforme des rythmes scolaires est passé par là, qui a fortement mobilisé dans le département, au point qu’aucune commune n’a décidé de l’adopter dès la rentrée 2013.

Rythmes scolaire, retraites

La réforme, qui devra s’appliquer dans toutes les écoles à la rentrée 2014, continue toutefois de mobiliser. Après avoir eu gain de cause en 2013, les enseignants espèrent bien faire abroger le décret pour 2014 et ont adressé une lettre aux députés et sénateurs du département pour les appeler à voter contre le projet de loi de Vincent Peillon. En dehors de ce sujet qui a occupé le devant de la scène tout l’hiver, le syndicat a aussi commencé à poser des jalons en vue d’une éventuelle réouverture du dossier des retraites et fait le bilan des autres dossiers qui fâchent.

Inquiétudes sur le suivi des enfants en grande difficulté scolaire

 

Globalement, le sentiment qui domine est celui d’un énorme effet d’annonce concernant les postes d’enseignants supplémentaires et l’opération plus de maîtres que de classes, qui ne trouve pas sa réalité sur le terrain car compensé par la suppression ou diminution silencieuse et non expliquée officiellement d’autres dispositifs.

«La liquidation des RASED (Réseaux d’aide destinés aux enfants en grande difficulté qui étaient composés d’enseignants spécialisés – maîtres E ou G – et de psychologues) se poursuit : aucun poste n’a été créé et aucune formation n’a été accordée pour devenir maître E ou G. Aujourd’hui, il ne reste plus qu’un tiers de RASED dans le Val de Marne. Les neuf classes de CLAD (classes qui accueillaient des enfants en grande difficulté une partie du temps pour enseigner les fondamentaux et les renvoyaient pour d’autres activités dans des classes banales) ont également été supprimées pour la rentrée prochaine. Idem concernant les moyens supplémentaires des écoles de Zep (Zone d’éducation prioritaire). C’est tout cela qui permet de financer le dispositif plus de maîtres que de classes, avec en compensation des équivalents-temps-plein composés d’étudiants qui viendront à temps partiel!», résume Luc Bénizeau, délégué syndical Snudi-FO.

Accueil des enfants qui ne parlent pas Français

Précisément, les enseignants pointent ces changements de sigles qui cachent des diminutions de moyens. Ainsi est en est-il des CLIN (Classes d’initiation pour les non-francophones, dont l’objet est d’accueillir les enfants qui débarquent en France et de les adapter progressivement pour qu’ils rejoignent ensuite des classes banales), rebaptisées en UPE2A (Unités pédagogiques pour les élèves allophones arrivants). «Nous avons 36 CLIN dans le département. A la rentrée prochaine, 11 d’entre elles deviendront ‘mobiles’, c’est-à-dire que leur enseignant ne prendra plus en charge la classe que deux jours par semaine pour aller enseigner dans une autre unité du département les deux autres jours. Et il en sera ainsi de toutes les CLIN du département d’ici à trois ans. En ce qui me concerne par exemple, je suis enseignante à Charles Péguy au Kremlin Bicêtre. L’an prochain, j’irai deux jours par semaine dans l’UPE2A qui sera ouverte dans l’école Théodore Monod de Fresnes», explique Véronique Blondel. «Pourtant, nous accueillons de plus en plus de réfugiés, essentiellement européens comme des Tchétchènes, Roumains, Bulgares, et aussi à nouveau des Portugais et des Italiens. Cette mesure n’avait pas lieu d’être dans le département. Il s’agit d’un détournement de la directive nationale qui concerne les environnements ruraux ou urbains non dense, ce qui n’est pas exactement le cas de nos villes !», regrette Jeanne Miléo, de l’école Jules Ferry à Villeneuve le Roi. «Cela va déstabiliser les classes banales. L’an dernier, nous avons accueilli quinze enfants Roms à Villejuif, et cela a été très difficile lorsqu’il a fallu séparer une fratrie pour envoyer un enfant en sortie avec une classe banale. Ce-sont des élèves qui sont souvent en grande détresse sociale», ajoute encore Claudine Lévêque, de l’école Pasteur à Villejuif.

Les enseignantes regrettent aussi de ne pas avoir eu d’information et d’explication à ce sujet. «Nos inspecteurs de circonscription nous ont expliqué les raisons de cette mesure lors d’une audience en préfecture, au grand étonnement du représentant de la préfecture qui a constaté que nous ne nous étions pas rencontrés avant !», pointe Véronique Blondel. Une pétition va être lancée à ce sujet au niveau départemental.

Scolarisation des enfants de moins de trois ans

Autre évolution qui inquiète : la création de pôles d’accueil pour les enfants de moins de trois ans, auparavant accueillis dans des classes banales à condition d’être propre. «Ces pôles doivent privilégier l’accueil d’enfants qui pourraient présenter des risques de difficulté scolaire par la suite. Mais comment les identifier ? Comment en parler aux parents ? Pour l’instant, nous avons très peu d’informations officielles concernant la manière dont seront organisées ces classes. Il est aussi question de proposer des horaires plus souples. Cela va ressembler à une halte-garderie, nous ne sommes plus dans notre rôle d’enseignant », explique Sophie Migeot, directrice de l’école maternelle Gaspard Monge à Créteil. «A noter que cette nouvelle organisation intervient dans le contexte d’une forte diminution de l’accueil des moins de trois ans. A Vitry sur Seine (pour moitié située en Zep), 400 élèves de deux ans étaient scolarisés il y a encore 5-6 ans. A la rentrée 2012, il n’y en avait que 50», détaille un autre délégué syndical.

Difficulté à obtenir sa mutation

Parmi les doléances des enseignants, figure aussi la difficulté d’obtenir sa mutation. «Seuls 23% des enseignants qui avaient demandé leur mutation l’ont obtenu contre 45% il y a trois ans, pointe Bastien Martinez, enseignant à l’école Maurice Thorez de Champigny qui attend sa mutation depuis quatre ans. C’est problématique car cela conduit à des situations de séparation des conjoints et enfants.» C’est le cas de Gwénaelle Curot-Baudry, enseignante à l’école Makarenko de Vitry sur Seine, qui s’apprête à passer sa troisième année avec son mari et ses enfants à Bordeaux. «La séparation est compliquée à gérer pour nos enfants. Du coup, je me suis mise à travailler à mi-temps. Je gagne 970 euros et dépense 390 euros de TGV tous les mois, sans compter le coût de la carte pour voyages fréquents.» A l’école Paul Vaillant Couturier de Villejuif, Gaelle Giraud, attend pour sa part d’être mutée à Dijon pour rejoindre sa famille. «Nous sommes dévouées pour nos élèves mais ce serait bien que l’on prenne en considération nos propres enfants de temps en temps», plaide-t-elle. La situation n’est pas spécifique au Val de Marne, à tel point qu’un collectif national s’est constitué, les «Mutez-nous». Ce jeudi 23 mai, une réunion de travail doit se tenir au ministère sur ce sujet avec les syndicats.

Le syndicat attend le nouveau Dasen

Alors que l’ancien Dasen (Directeur des services académiques du département) a été promu inspecteur général en pleine année scolaire et qu’un nouveau directeur doit prendre ses fonctions incessamment, le syndicat mise sur ce nouvel interlocuteur. “Nous espérons que nous pourrons nouer un dialogue constructif sur toutes ces questions“, conclut Luc Bénizeau.

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