Manifestation | | 23/03/2013
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Riverains et élus ont manifesté contre le projet d’aire de gens du voyage au bois de Vincennes

Riverains et élus ont manifesté contre le projet d’aire de gens du voyage au bois de Vincennes

Petitions Christian Cambon Maire Saint MauriceEnviron 300 personnes accompagnées des élus UMP des communes riveraines du Bois de Vincennes ainsi que du douzième arrondissement ont manifesté ce samedi 23 mars contre la future aire pour gens du voyage prévue par la ville de Paris, en se rendant à son emplacement : le parking de l’hippodrome.

 Reportage et réactions.

Rappel du contexte

Aire Accueil Gens du Voyage Bois de Vincennes Aspect Paysager
Pour rappel, cette future aire accueillera 28 places à partir de 13 emplacements et 7 bâtiments sanitaires ainsi qu’une salle de réunion. Elle sera réservée aux personnes dont un membre de la famille est hospitalisé à Paris. D’une superficie de 0,53 hectare, elle sera située sur le parking de 2,1 ha de l’hippodrome de Vincennes, à proximité de l’Ecole de police nationale de Paris et Centre de rétention administratif. Le reste du parking devrait être replanté. Pour la ville de Paris, ce projet s’intègre à la fois dans le cadre d’une «reconquête paysagère du bois de Vincennes» et du schéma départemental d’accueil des gens du voyage. (voir visuel ci-contre et article détaillé sur ce projet)
Retoqué une première fois par la Commission nationale des sites, suite aux recours des élus riverains, ce dossier a fait l’objet d’une nouvelle proposition et doit passer en Commission départementale des sites ce jeudi 28 mars.

Le bois de Vincennes doit être un sanctuaire

Christian Cambon Maire Saint Maurice
Pour les élus UMP des villes riveraines, ce projet suscite la colère principalement pour deux raisons. La première, évoquée par tous élus, est le sentiment que le bois de Vincennes, poumon vert de la capitale mais aussi de sa banlieue proche, sert de réserve foncière aux installations qu’on ne sait pas trop où placer ou aux populations qu’on ne veut pas trop voir. «Un tiers de la surface du bois est aujourd’hui bétonnée», rappelle Christian Cambon, sénateur-maire de Saint-Maurice. Et de citer le Centre de rétention administrative (qui accueille les étrangers sans droit de séjour en instance d’expulsion), les espaces militaires, la pelouse de Reuilly qui accueille la Foire du Trône au printemps et le cirque en hiver, les sans domicile qui élisent domicile dans les sous-bois et encore les prostituées qui stationnent le long des routes du bois au volant de leur utilitaire.
Jean Marie Bretillon Charenton
«Le bois de Vincennes ne doit pas être un dépotoir mais un sanctuaire, où l’on vient se détendre, faire du sport ou se promener en famille», vibre Jean-Marie Brétillon, conseiller général-maire Charenton le Pont. «Le bois est devenu un exutoire pour les rodéos à moto ou mobylette», reprend Patrick Beaudouin, maire de Saint-Mandé tandis que Jacques JP Martin, conseiller général-maire de
Jacques JP Martin Maire Nogent
Nogent sur Marne, étend le grief Paris/banlieue en rappelant le traitement extra-muros des eaux et déchets de Paris, la construction de logements sociaux parisiens hors du périph et encore la fermeture de certaines routes du bois qui génère de pénibles bouchons sur d’autres.

Concertation métropolitaine

Car au-delà du projet lui-même, le second motif de discorde, plus global, est celui de la gouvernance du bois de Vincennes. Situé sur le territoire de la commune de Paris, le bois ne touche le douzième arrondissement qu’en son extrémité ouest, au niveau de la pelouse de Reuilly, et est entouré par ailleurs de communes du Val de Marne (Saint-Mandé, Vincennes, Fontenay sous Bois, Nogent sur Marne, Joinville le Pont, Saint Maurice et Charenton le

Laurent Lafon Maire Vincennes
Pont). Son administration, en revanche, est exclusivement parisienne. «Les villes riveraines jouent le jeu. Nous avons signé la charte du bois de Vincennes et avons récemment apporté notre soutien financier pour mettre en place des moyens d’accompagnement des SDF du bois. Il n’est pas normal que nous ne soyons pas concertés sur ce projet», relève Laurent Lafon, maire de Vincennes. «Lors de la tempête de 1999, notre petite ville de Saint-Maurice a payé la replantation de 100 sapins, ajoute Christian Cambon. Nous exigeons une vraie concertation avec la ville de Paris au sujet de l’aire de voyage et un entretien avec le maire à ce propos, non pas un sous-sous-adjoint ! D’autant que l’aire de voyage ne sera pas du tout située du côté parisien, les enfants qui iront à l’école rue de Charenton dans le douzième arrondissement auront 55 minutes de trajet à pied, je l’ai fait constater par huissier.» De manière générale, les élus exigent une gouvernance métropolitaine du bois de Vincennes.

Où installer les aires d’accueil ?

Olivier Dosnes Maire Joinville
«Nous ne fuyons pas nos responsabilités d’élus vis-à-vis des gens du voyages», se défendent à plusieurs reprises les élus. «A Joinville le Pont, nous mettons à disposition un gymnase pendant tout l’hiver avec tables et réfrigérateur, qui peut accueillir entre 7 et 9 personnes sans domicile. Cela nous revient à 60 000 euros par an, précise Olivier Dosnes, maire de la ville. Je ne suis pas hostile à la réflexion à condition d’être associé à la concertation, au niveau de l’agglomération ou d’un intercommunalité élargie.» Pour Christian Cambon, c’est la loi qui oblige les communes à créer des aires au prorata des habitants qui est inappropriée. «A Saint-Maurice, nous avons obligation de créer une aire d’accueil pour trois personnes. Mais les gens du voyage ne sont pas intéressés de se déplacer trois par trois !»

Roms, gens du voyage, étrangers…

Manif Aire voyage Bois Vincennes Manifestants
Parmi les manifestants, les arguments sont plus mélangés et le discours se fait parfois moins républicain. «Je crois que je deviens raciste, admet Pierre, de Charenton. J’en ai marre des recrudescences de vols avec les roms. Nous devons arrêter d’accueillir tous les étrangers. Et puis j’en ai marre aussi que les commerces ne puissent pas ouvrir le dimanche. Je sais que je mélange tout mais j’assume. Aujourd’hui, c’est un ras le bol global que j’exprime en venant ici.»

Louis de Gouyon Matignon
Venu défendre la cause des gens du voyage, Louis de Gouyon Matignon, étudiant en droit et collaborateur stagiaire du sénateur UMP Pierre Hérisson, président de la Commission nationale consultative des gens du voyage (CNCGDV), tente d’expliquer la différence entre ces personnes de nationalité française et les nouveaux arrivants de Roumanie ou Bulgarie tandis que tour à tour, les personnes qui l’entourent lui citent tel ou tel exemple de squat de roms qui posent des problèmes dans leur quartier. «Il y a des gens qui souffrent et paient leurs impôts, pourquoi faire des cadeaux aux gens du voyage ?», pose l’un d’eux. «Les gens du voyage souffrent depuis des siècles», répond Louis de Gouyon qui appelle au strict respect de la loi sur les obligations communales d’accueillir des aires de gens du voyage. «Il est jeune, il ne comprend rien…«, soupire un manifestant.

Pascal Barut President Association des riverains du bois
Président de l’association des riverains du bois de Vincennes, Pascal Barut défend uniquement l’aspect boisé, invitant à une délocalisation de nombreuses installations en place, de l’Insep (Institut de formation des sportifs) aux théâtres de la Cartoucherie en passant par les installations militaires et le centre de rétention, afin de replanter à leurs emplacements.

Mobilisation juridique à venir

Manif Aire voyage Bois Vincennes Petition
En parallèle de cette manifestation et d’une pétition qui a recueilli un peu moins de 3000 signatures à ce jour, les élus ont décidé d’agir au niveau juridique. Ce-sont les élus UMP de Paris qui déposeront un recours contre la délibération du Conseil de Paris tandis que les élus du Val de Marne attaqueront ensuite les permis de construire et différents marchés de travaux.

Réactions des élus écologistes

Dans un communiqué, les élus écologistes du Conseil de Paris et du Conseil régional d’Ile de France, ont dénoncé cette manifestation et témoigné de leur indignation, rappelant que depuis la loi Besson , chaque commune de plus de 5000 habitants se doit d’aménager des aires d’accueil afin que les gens du voyage soient respectés dans leur droit d’une vie non

Laure Lechatellier
sédentaire. «Déjà discriminés par le livret de circulation toujours en vigueur – malgré une proposition de loi des sénateurs écologistes – et par les dispositions relatives à la commune de rattachement, dont les gens du voyage n’ont la liberté, ni de choix, ni de changement. Il est temps de sortir des caricatures et des préjugés sur les gens du voyage. Ce que les élu/es écologistes attendent, c’est que la loi s’applique sur tous les territoires et sans aucune exception», indique Laure Lechatellier, vice-présidente du Conseil régional, en charge de
Christophe Najdovski
l’action sociale. «La ville doit montrer de façon concrète aux gens du voyage qu’ils sont reconnus de plein droit dans leurs différences et principalement dans leur droit de ne pas se sédentariser, tout en vivant dans des conditions respectables», poursuit Christophe Najdovski, adjoint (EELV) au Maire de Paris élu dans le 12e arrondissement.
La Ligue des droits de l’homme a également publié un communiqué pour saluer la création de cette aire (voir article à ce sujet).

Voir tous les articles sur ce sujet sur 94 Citoyens.

Voir le reportage de Vincennes TV

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