Trois ans après la création d’une nouvelle force politique, le mouvement unitaire progressiste, qui se revendique du communisme tout en plaidant une large alliance à gauche, l’ancien président du parti communiste français, Robert Hue, développe son réseau de militants sur le terrain, sillonnant les départements. Il était hier dans le Val de Marne, à Alfortville en compagnie d’élus locaux de son mouvement.
En France, le MUP revendique actuellement 3000 adhérents dont 1000 en Ile de France. Dans le Val de Marne, le mouvement s’appuie sur une centaine de personnes dont une dizaine d’élus municipaux. Les parcours d’origine de ces nouveaux membres sont variés mais souvent nourris de déceptions passées. Jean Couthures, délégué du MUP Val de Marne et conseiller municipal délégué de Vitry-sur-Seine a quitté Europe Ecologie qui manquait selon lui de réactivité sur les problèmes locaux concrets. Muriel Ethève, maire-adjointe de Fresnes a adhéré au PCF pendant 20 ans et a pris sa carte au MUP en juillet 2012, tout en restant au PCF, en désaccord avec l’accord Font de gauche associant désormais le PCF et le Parti de Gauche. Sylvie Montoir, conseillère municipale de Vitry-sur-Seine, a pour sa part quitté le PRG, se trouvant peu d’affinités avec ses représentants locaux. Dominique Touquet, maire-adjointe d’Alfortville, a été exclue du parti communiste avoir soutenu le candidat PS aux cantonales d’Alfortville, en prolongement de l’alliance municipale. «J’ai été exclue après être passée deux fois au tribunal révolutionnaire», pointe-t-elle. Maire-adjointe de Fresnes, Annette Perthuis adhère en revanche pour la première fois à un parti, et était auparavant simplement sympathisante communiste et très engagée syndicalement.
Un Front de gauche qui ne passe pas
Au-delà de l’organisation du parti communiste, que les nouveaux adeptes du MUP trouvent trop rigide et pyramidale et que Robert Hue regrette de n’avoir pas réussi à transformer davantage lorsqu’il la présidait (de 1994 à 2002), c’est surtout l’alliance du PCF avec le Parti de gauche pour constituer le Front de gauche qui ne passe pas, à commencer par son leader, Jean-Luc Mélenchon, considéré comme un agitateur. «C’est un mauvais calcul de penser qu’en divisant la gauche, en votant avec la droite au Sénat et en tapant systématiquement sur le gouvernement en place, les électeurs se tourneront vers le Front de gauche. C’est surtout la droite dure qui risque de revenir ! insiste Robert Hue. Il est plus constructif d’essayer d’infléchir par le dialogue et la conviction», poursuit l’ancien patron du PCF qui espère tout de même peser 2 à 4 % de l’électorat pour donner du poids à ses arguments.
Un programme de gauche radicale
Tout en s’appuyant sur les valeurs du communisme, le MUP souhaite tirer les conclusions de l’échec des politiques menées par le passé dans les pays communistes et des limites de la social-démocratie pour proposer une nouvelle démarche de société post-capitaliste. Principaux axes programmatiques : une économie centrée sur les besoins de la population et non sur la croissance du PIB, de l’écologie, du féminisme, la socialisation des services publics de biens communs, la limitation des revenus et des patrimoines, la hausse des minima sociaux et de l’impôt sur les sociétés, la création d’un revenu minimum d’existence, l’encouragement de l’autogestion dans l’entreprise, l’élaboration d’un appareil productif visant l’autosuffisance, et la protection des biens produits sur le territoire national.
Pas de candidature solo en 2014
Un programme de gauche radicale que le mouvement veut distiller au sein d’une vaste alliance. Pour le président du mouvement, ce rassemblement est toujours allé de soi et il l’avait déjà soutenu en 1997 avec la gauche plurielle et l’entrée de plusieurs communistes au gouvernement de Lionel Jospin. Membre de la coordination de la majorité présidentielle, qui compte également le PS, EELV, le PRG et le MRC, le MUP a soutenu la candidature de François Hollande à la présidentielle dès le premier tour en 2012. Et, en dehors de Jean-Noël Carpentier, déjà député-maire de Montigny Lès Cormeilles dans le Val d’Oise, le MUP ne compte pas présenter de candidats en solo à l’occasion des élections municipales de 2014. Il nouera plutôt des alliances, dans le cadre de cette coordination de la majorité présidentielle, donc en priorité avec des élus PS.
Le mouvement qui revendique son qualificatif de progressiste et souhaite dépasser même la notion de parti, a autorisé la double appartenance partisane de ses membres. Pas d’organisation pyramidale non plus, des structures sont créées localement un peu partout avec des coordonnateurs, et le jeune mouvement s’appuie sur la toile et les réseaux sociaux pour se construire et se nourrir de la participation de ses adhérents.
Concernant les votes des parlementaires du mouvement, le MUP la joue partenaire jusqu’à une certaine limite. «Je me suis abstenu sur le TCSG au sénat et cet après-midi, je voterai pour la proposition de loi déposée par les communistes concernant l’amnistie des syndicalistes et des militants associatifs condamnés», indique le fondateur du mouvement, par ailleurs sénateur du Val d’Oise.
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