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Education | | 20/10/2013
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Rythmes scolaires : Claudine Cordillot témoigne de son embarras

Rythmes scolaires : Claudine Cordillot témoigne de son embarras

Claudine CordillotTrès réservée sur la réforme des rythmes scolaires (qui prévoit d’alléger les journées de cours en contrepartie d’activités dispensées par la mairie et d’une demi-journée travaillée supplémentaire), la maire PCF de Villejuif, Claudine Cordillot, exprime la situation de porte-à-faux dans laquelle elle se trouve,  obligée d’appliquer la loi  et inquiète de la “territorialisation de l’école et les risques de creusement des inégalités” qui pourraient en découler. 

Tout en assurant qu’elle continuera à réclamer le report de la réforme, indiquant qu’elle a avec plusieurs élus demandé une audience au préfet à ce sujet, la maire de Villejuif  rappelle l’obligation dans laquelle elle se trouve de se préparer à la mettre en place et souhaite rassurer concernant ce processus. “Je le fais avec la volonté de garantir la séparation claire entre temps scolaire et temps périscolaire”, indique-t-elle.

Une déclaration qui vise à l’apaisement alors que deux manifestations mobilisant de nombreux enseignants de sa circonscription se sont tenues dans sa ville depuis le début de l’année, dont la dernière avait pour principal objet de lui demander de refuser de mettre en place la réforme.

Lire l’intégralité de la déclaration ci-dessous : 

“Le 26 janvier dernier, le Ministre de l’Éducation nationale publiait un décret modifiant l’organisation du temps scolaire. Cette décision s’impose aux Maires qui ne peuvent pas, en République, décider de ne pas appliquer la loi. Villejuif a voté pour le report de l’application de la réforme à la rentrée 2014-2015, car nous avons besoin de temps pour nous préparer à ces nouvelles obligations.
Avant même la promulgation du décret, par un courrier du 18 janvier 2013 aux Directions d’écoles, Sonia Jedrzejewski, adjointe au maire et moi-même faisions part de nos interrogations « sur plusieurs points pouvant découler du décret comme la territorialisation de l’école avec des risques de creusement des inégalités ». Ces interrogations et craintes sont toujours d’actualité me concernant.
Cette loi répond-elle efficacement aux besoins de l’enfant et favorise-t-elle fondamentalement la réussite de tous les élèves ? Je n’en suis absolument pas convaincue, même si la question des rythmes est posée depuis longtemps déjà.
Lors du Conseil local de l’Éducation du 11 juin dernier, j’ai eu l’occasion de m’exprimer sur ce point. La précipitation à changer les rythmes est dommageable alors que l’urgence était à alléger les effectifs dans les classes, à renforcer les Rased, à mieux répondre à la demande pressante de scolarisation avant 3 ans. Bref à repenser fondamentalement l’école de la République tant mise à mal par la droite dans ses moyens et sa capacité à faire réussir tous les enfants. Je continue de penser que la territorialisation et le creusement des inégalités menacent et je déplore ce transfert sur les collectivités et les familles des coûts de cette réforme. De plus, derrière la réforme, il y a bel et bien la tentation de retirer l’art, la culture, le sport du temps scolaire. Si seulement un « Smic des enseignements fondamentaux » est dispensé par l’éducation nationale, ce sera aux familles et aux communes de faire le reste…Tout en sachant que le temps périscolaire reste, dans les faits, optionnel et potentiellement payant en opposition à l’école obligatoire et gratuite.
Cette tâche qui revient désormais à la commune, du fait de la loi, va exiger de mobiliser des ressources financières importantes, dans un contexte de baisse très conséquente des dotations de l’État aux collectivités locales, mais aussi dans le cadre de l’acte III de la décentralisation qui avec la création des Métropoles priverait les villes d’importantes ressources financières.
Je continuerai à être parmi et aux côtés de toutes celles et tous ceux qui exigent une vraie refondation de l’école et s’engagent dans chaque lutte pour exiger des moyens pour la réussite de nos enfants.
Au-delà, au regard des difficultés dont témoignent tous les acteurs  dans les villes où la réforme s’est mise en place en cette rentrée, je me saisirai de toute possibilité de report au-delà de la rentrée 2015 mais pour l’heure, il me revient, dans ma responsabilité de maire, de me préparer et d’anticiper l’application de cette loi malgré toutes les difficultés qui en résultent.
Je le fais avec la volonté de garantir la séparation claire entre temps scolaire et temps périscolaire. Notre projet éducatif local et ses grands axes  qui visent à contribuer à l’épanouissement de l’enfant et du jeune, à oeuvrer à la réussite de tous, à favoriser la découverte de soi, des autres et la vie sociale et à permettre l’exercice de la citoyenneté, restent au cœur de notre démarche éducative qui place l’Éducation Nationale en responsabilité des apprentissages scolaires. Si j’envisage de déposer un Projet Éducatif De Territoire (PEDT), c’est dans cet esprit, et avec la responsabilité de faire bénéficier notre ville des financements CAF possibles uniquement en cas de PEDT.
Il est essentiel de prendre le temps d’élaborer sereinement la nouvelle semaine de l’enfant. Plusieurs temps de concertation ont eu lieu avec l’ensemble des partenaires, non sans difficulté au regard des multiples acteurs concernés. Le chantier est ouvert et collectif. Ainsi, mes adjoints et/ou moi-même ont déjà rencontré les enseignants et leurs syndicats, les parents d’élèves, les agents communaux… J’ai tenu à interroger directement les parents des enfants scolarisés en école maternelle et élémentaire, en leur proposant un questionnaire pour recueillir leur avis sur le choix de la matinée supplémentaire scolarisée (mercredi ou samedi) et l’organisation de la journée.
Le nouveau scénario sur lequel nous travaillons actuellement apparait être un compromis acceptable car il respecte les principes suivants : universalité et gratuité du Temps d’activités périscolaires, faisabilité organisationnelle, respect des équilibres financiers, prise en compte de la responsabilité et de la sécurité des enfants, limite les difficultés des recrutements. Ce scénario est actuellement présenté aux divers partenaires, avant d’être présenté aux conseils d’école puis au prochain Conseil local de l’Éducation ouvert à tous le 26 novembre.
Grâce au retour de ces consultations, l’équipe municipale sera en mesure d’arrêter sa décision sur les modalités de la mise en œuvre de la nouvelle semaine scolaire… si le décret n’est pas abrogé d’ici septembre.
Avec d’autres maires de notre département, nous nous adressons en ce sens à Monsieur le Premier Ministre et nous demandons une audience au Préfet.”

 

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