Quelle stratégie urbaine, économique et sociale pour le Grand Paris ? C’est l’enjeu du schéma directeur de la région Ile de France (Sdrif) voté par le Conseil régional fin octobre. Au cœur de ce plan : des grands objectifs de construction de logements (70 000 par an), emplois (28 000 par an), infrastructures de transport ou encore indicateurs de développement durable, mais aussi l’identification précise de grands pôles de développement urbain (les TIM, territoires d’intérêt métropolitain).
Le texte doit désormais être soumis à l’avis des conseils généraux des huit départements d’Ile de France avant de faire l’objet d’une enquête publique auprès des citoyens à partir de mars 2013. Dans le val de Marne, ce vote s’est tenu l’ordre lors de la séance plénière du 28 janvier.
Plus d’ambition en termes de création d’emplois
Le Conseil général a approuvé ce nouveau Sdrif, avec réserves, en considérant qu’il était cohérent avec les objectifs du département en matière de développement, sauf en matière d’emplois, réclamant un objectif de 60 000 emplois par an (ce qui correspond à au nombre moyen de créations d’emplois en IDF ces dix dernières années) au lieu de 28 000, afin de contribuer au rééquilibrage de l’activité économique vers l’Est et d’éviter que ne se poursuive une construction essentiellement tournée vers le résidentiel. De fait, le taux d’emploi dans le Val de Marne n’était que de 0,78 en 2008 (date de référence du SDRIF), ce qui oblige ses résidents à aller de l’autre côté de la métropole qui concentre les emplois.
Maîtriser la spéculation foncière
En matière de construction, le département souhaite aussi que le rôle l’établissement public foncier d’Île-de-France (EPFIF) soit renforcé et qu’il puisse acheter davantage de terrains sur du plus long terme afin de limiter la spéculation et de donner davantage de marge de manœuvre pour développer du logement accessible et de l’activité économique. Le Val de Marne est favorable à l’idée d’un seul EPFIF pour la région alors qu’il y en actuellement un pour Paris et la petite couronne assorti de trois autres départementaux.
Mieux valoriser Orly
La majorité du Conseil général a également considéré que le Sdrif avait suffisamment identifié le potentiel des territoires val de marnais (voir article sur les CDT et les TIM) mais signale des pôles oubliés comme le haut Val de Marne et le plateau briard. Le département souhaite aussi que le pôle d’Orly, qui constitue un bassin de 173 000 emplois et accueille 320 000 habitants, soit davantage valorisé comme un pôle stratégique et face l’objet d’un TIM à part entière. De manière plus globale, c’est un changement de regard de la région vers le Val de Marne, plus tourné vers son potentiel économique, que réclame le département, qui insiste aussi sur la nécessité de prendre en considération ses équipements structurants et ses pôles de développement comme la SILIC (1 million de m² à terme), les Ardoines (2,8 millions de m²) ou Ivry Confluences (1,3 million de m²).
Comment s’y retrouver entre tous les outils de gouvernance ?
En termes de gouvernance, le département s’interroge sur la coexistence de différents outils comme par exemple les contrats de développement territorial (CDT) initiés par la Société du Grand Paris (SGP) dans le cadre du projet de Grand Paris Express et les Chartes aménagement-transport proposées par la région autour des nouveaux axes de transports en commun, ou encore les Contrat de projets État-Région (CPER) – Contrat particulier Région-Département (CPRD) et les contrats régionaux conclus avec les agglomérations.
Priorité aux transports et au Grand Paris Express
Surtout, le Val de Marne conditionne son avis favorable à la réalisation des projets de transports en commun en cours, à commencer bien sûr par le Grand Paris Express qui suscite une forte mobilisation des élus actuellement, mais aussi d’autres projets qui maillent le département : prolongement des lignes 1, 5 et 10 du métro, tram Sucy-Orly, tramway Paris-Orly, différents projets de TCSP (transport en commun en site propre) notamment sur les RD4 et RN19,câble Téleval entre Créteil et Villeneuve St Georges, meilleure desserte du plateau-briard…
Débat en séance du Conseil général
Le débat en Conseil général a été l’occasion d’une mini-réplique du débat droite-gauche qui s’était tenu au conseil régional en octobre 2012, mais aussi de considérations plus locales. Ainsi Jean-Daniel Amsler, conseiller général de Sucy en Brie s’est-il inscrit en accord avec l’ensemble des réserves proposées dans la délibération tout en justifiant son avis négatif eu égard justement à l’ensemble de ces réserves. Président du groupe UMP, Bruno Tran a pour sa part motivé le refus de voter un avis favorable aux côtés de la majorité départementale en évoquant sur la forme le manque de concertation avec les départements et le manque de temps pour analyser le copieux document Sdrif. Sur le fond, l’élu de Thiais a dénoncé un «plan anti-voiture», citant le projet de réduire le nombre de voies sur les autoroutes de l’agglomération «déjà saturées». «A quand le retour de la calèche pour réduire la pollution ? », a-t-il questionné. Bruno Tran a également évoqué les incertitudes qui pèsent sur le Grand Paris Express pour remettre en question la politique de densification. «Vouloir construire des logements avant d’organiser les transports, c’est continuer à densifier notre région et à étouffer son fonctionnement» Les élus saint-mauriens, Jacques Leroy et Nicolas Clodong se sont aussi élevés contre la densification systématique, Jacques Leroy réclamant au préalable une étude plus détaillée de son impact en matière d’environnement, santé et biodiversité. Côté écologie, Jacques Perreux a insisté sur la nécessité d’arrêter de grignoter les terres agricoles et la nécessité de préserver la plaine des Bordes et la plaine Montjean, tout en donnant un avis favorable au nom du groupe écologiste.
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