Le Conseil général du Val de Marne a présenté ce mardi 23 avril son troisième schéma départemental en faveur des personnes âgées. L’occasion de faire un point sur les questions liées au grand âge et à la dépendance dans le département.
Près de 7% des habitants du Val de Marne étaient âgés de plus de 75 ans en 2010, soit environ 92 000 personnes sur 1,33 millions d’habitants. 2% (26 500) dépassaient même les 85 ans. L’indice de vieillissement (nombre de personnes de plus de 65 ans pour jeunes de moins de 20 ans) varie toutefois en fonction des villes. Il dépasse ainsi les 60% à Saint-Mandé, Vincennes, Le Perreux, Nogent, Joinville, Maisons Alfort, Saint-Maur, Ormesson, Ablon, L’Haÿ et Cachan) et est inférieur à 20,5% à Rungis, Valenton, Marolles en Brie et La Queue en Brie. A noter aussi, au sein du département, un vieillissement plus important dans certains quartiers d’habitat social en raison de la faible mobilité des locataires. C’est le cas notamment des Hautes Noues à Villiers, de Saint Martin à Limeil Brévannes, Bois L’Abbé à Champigny ou encore Grand Ensemble à Bonneuil.
Parmi les problèmes principaux rencontrés par les personnes très âgées : l’isolement, avec de moins en moins d’enfants ou frères et sœurs disponibles (familles moins nombreuses), les logements inadaptés dont il n’est pas facile de bouger pour des raisons financières, affectives ou logistiques, et encore la précarité financière, notamment pour les personnes seules.
Les difficultés peuvent aussi être spécifiques aux situations des personnes comme par exemple les personnes handicapées vieillissantes (près de 3400 bénéficiaires de l’allocation aux adultes handicapés auront plus de 60 ans dans moins de 10 ans), les personnes atteintes de maladies dégénérescente, les immigrés vieillissants (le Val de Marne compte 34 foyers de travailleurs migrants dont un tiers, voire parfois plus de la moitié des résidents avaient plus de 56 ans en 2010)…
Autre difficulté : le vieillissement même des médecins de ville, partenaires incontournables dans le suivi des personnes âgées. Dans le Val de Marne, 40% d’entre eux ont ainsi passé les 65 ans !
Aide à l’autonomie et degré de dépendance
Sur la petite centaine de milliers de personnes de plus de 75 ans, beaucoup ne sont pas encore dépendantes. L’aide personnalisée à l’autonomie, qui se décompose en APA à domicile et APA en établissement, donne une idée comptable du nombre de personnes dépendantes et de leur niveau de dépendance mais constitue un indicateur insuffisant car elle dépend des revenus et il n’y a donc pas de corrélation entre l’indice de vieillissement d’une commune et le taux de bénéficiaires de l’APA.
Dans le département, un peu plus de 17 000 personnes bénéficient de l’APA. Cette allocation correspond à une participation financière à un programme d’aide personnalisée qui dépend de la perte d’autonomie évaluée selon un certain nombre de critères (capacité à se lever, faire sa toilette, cuisiner, se déplacer, faire le ménage, facultés intellectuelles…) et segmentée en six groupes iso-ressources (GIR). Le GIR 1 correspond aux personnes en fin de vie ou en perte d’autonomie totale et le GIR 6 à celles qui sont encore autonomes dans la plupart de leurs actes quotidiens. Seuls les GIR 1 à 4 bénéficient de l’APA. Sur les 11 200 bénéficiaires de l’APA à domicile dans le département, plus de la moitié (56,6%) relèvent du groupe 4, ce qui signifie qu’elles sont encore assez autonomes, et seuls 4% relèvent du GIR 1. Sur les 6000 bénéficiaires de l’APA en établissement, les GIR 1 sont en revanche, et assez logiquement, plus nombreux en proportion puisqu’ils représentent 11,4% des bénéficiaires tandis que plus de la moitié relèvent du GIR 2 (forte perte d’autonomie). A noter que le nombre de bénéficiaires de l’APA à domicile très dépendants (GIR1) est plus important dans les villes qui disposent de peu de places en établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD). C’est le cas notamment à Vincennes, Limeil Brévannes, Orly, Rungis, Villejuif, Vitry sur Seine et Gentilly.
74 Ehpad et 50 foyers logements
Le taux d’équipement en Ehpad (établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) du Val de Marne reste plus faible que les autres départements franciliens (à l’exception de Paris et de la Seine Saint Denis) en raison de sa forte urbanisation et du coût du foncier. Au total, le Val de Marne compte 74 Ehpad avec une capacité de 6 259 places et 509 foyers logements d’une capacité de 3 147 places. Le taux d’équipement est plus important dans le Sud Est du département, moins dense. Conséquence : près de la moitié des personnes qui bénéficient de l’APA en hébergement sont hébergées à l’extérieur du Val de Marne.
Objet du schéma départemental
Le schéma départemental gérontologique a pour objectif de faire un bilan de la situation et des besoins des personnes âgées dans le département, de l’offre d’infrastructures et de services existants, et de définir des objectifs à cinq ans pour mieux répondre à ces attentes. “Les enjeux de ce schéma sont multiples car il s’agit d’apporter des réponses à la diversité des parcours et des projets de vie”, indique dans son préambule Brigitte Jeanvoine, vice-présidente du Conseil général en charge des personnes âgées et des personnes handicapées. Ce schéma élaboré par le Conseil général en tant que chef de file des politiques gérontologiques territoriales, doit aussi s’inscrire dans le schéma régional d’organisation médico-sociale défini par l’Agence régionale de santé (ARS).
Ce nouveau plan quinquennal s’articule autour de trois grands enjeux : le bien-vieillir, qui s’intéresse plus spécifiquement à l’environnement urbain, le logement et l’insertion sociale, l’accompagnement des aidants naturels (essentiellement la famille) et la qualité du parcours de la personne dépendante (coordination entre les nombreuses structures qui interviennent). Chaque enjeu est assorti d’un certain nombre d’actions, une trentaine au total, qui vont de la communication et coordination à des investissements plus lourds, et font appel à la participation du Conseil général mais aussi des communes, des organismes et associations intervenant dans ce secteur, et encore de l’Etat.
Voici en bref les actions préconisées par ce nouveau schéma
Adapter la ville : services à proximité des habitations, lutte contre les îlots de chaleur urbains
Partager les bonnes pratiques entre les communes
Adapter l’habitat en faisant par exemple appel à la domotique, à des ergothérapeutes, en facilitant la mobilité dans les logements (bourse de logements via les bailleurs sociaux), en étudiant une compensation des surcoûts de loyer en cas de transfert vers un logement social plus coûteux…), chercher des financeurs pour accompagner cette adaptation du logement, sensibiliser les bailleurs, professionnels du bâtiment à ces questions, développer des mesures spécifiques aux malades d’Alzheimer.
Développer des types d’hébergement intermédiaires entre le logement indépendant et la maison de retraite (Ehpad) : logements foyers, résidences avec services, appartements adaptés dans des immeubles classiques, adaptation des foyers de travailleurs migrants…
Promouvoir l’accueil familial (accueil dans une famille autre que celle de la personne dépendante), dispositif peu connu concernant les personnes âgées.
Lutter contre l’isolement (repérer les personnes isolées, développer formes de restauration collective, sensibiliser les clubs de loisirs à l’existence des personnes isolées, développer la télé-assistance, la médiation animale…)
Promouvoir les relations intergénérationnelles (dans la ville, les associations, les logements…)
Faciliter les transports pour les petits déplacements (utilisation de chèques Cesu pour les taxis, cartes transports, conventionnement de véhicules sanitaires…), faciliter le stationnement des soignants.
Développer la prévention (chutes, accidents domestiques, nutrition, sommeil…)
Faciliter l’information et la communication envers les personnes âgées, entre elles, entre les personnes qui accompagnent. Création notamment d’un portail Internet dédié qui sera opérationnel à la rentrée 2013.
Aller au-devant des personnes âgées pour connaître leurs préoccupations, mieux cerner leurs besoins (enquêtes via les communes, bailleurs…)
Augmenter le nombre de places en Ehpad ou en services de soins d’infirmiers à domicile (SSIAD), organismes qui gèrent le suivi à domicile.
Améliorer la qualité des Ehpad (médicalisation, présence d’infirmières la nuit, transports sanitaires, mutualisation des moyens)
Former davantage les intervenants
Favoriser le financement des établissements et services pour personnes âgées (mise à disposition de terrains communaux pour créer des Ehpad, mutualisation…)
Renforcer le suivi des personnes qui emploient des aides, en les informant mieux sur leurs droits et devoirs.
Accompagner les aidants, reconnaître leur rôle, leurs difficultés, les aider, les écouter, développer des groupes de parole, d’échanges de pratiques,
Renforcer la coordination entre les acteurs de la politique gérontologique (collectivités locales, organismes, institutions…)
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