C’est dans l’ambiance chauffée à blanc de l’entrepôt Mory-Ducros de Limeil-Brévannes, dont 121 des 186 salariés seront licenciés même en cas de reprise (voir article rappelant le contexte), qu’Arnaud Montebourg, ministre du Redressement productif, a défendu ce mercredi 29 janvier en début d’après-midi la négociation en cours entre le gouvernement et Arcole Industries en vue d’une reprise partielle des effectifs de l’entreprise actuellement en dépôt de bilan.
Manière de montrer que l’Etat ne s’en laisse pas conter par Arcole Industries, qui a dans cette affaire la double casquette du repreneur-sauveur et de l’actionnaire responsable du dépôt de bilan de l’entreprise, le ministre a commencé par rappeler qu’Arcole Industries devrait y mettre de sa poche pour au moins deux tiers de la recapitalisation, l’Etat intervenant pour le tiers restant via un prêt de 17 millions d’euros en prenant des garanties sur le foncier et en exigeant le départ de l’actuel dirigeant, André Lebrun, lequel était convoqué à Matignon ce mercredi après-midi.
Ce prérequis rappelé, le ministre a défendu la proposition de reprise, certes imparfaite puisque laissant plus de 2700 salariés sur le carreau sur les 5000 que compte le transporteur, mais moins pire selon le ministre qu’une liquidation judiciaire pure et dure qui mettrait au chômage les 5000 employés avec un budget de seulement 7 millions pour le plan social. «7 millions divisés par 5000 si l’entreprise va au tapis. Faites les comptes, ça fait pas besef !», a posé le ministre, approuvé par des hochements de tête et des «On est bien d’accord» de l’assemblée, avant de présenter la proposition de reprise par Arcole Industries, laquelle passe par un retour au calme social. «S’il y a blocage, les clients vont voir ailleurs, surtout si cela se prolonge comme cela semble être le cas dans 15 sites en France», a insisté le ministre, se faisant l’écho du repreneur. En contrepartie, Arcole Industries a proposé de passer de 7 à 21 millions d’euros pour le plan social tout en mettant la pression pour que son offre soit confirmée avant minuit ce mardi 28 janvier au soir faute de quoi l’entreprise serait liquidée, a indiqué le ministre en précisant que l’offre avait finalement été déposée à «23h58». «Nous avons au moins le mérite d’avoir acquis une offre hier soir mais il y a toujours une condition, que l’entreprise soit en état de marche» a rappelé Arnaud Montebourg.
Cette offre est-elle acceptable ? Se faisant le porte-parole des syndicats après avoir exprimé la position du repreneur, le ministre a fait le calcul de l’indemnité de chaque licencié en cas de reprise, considérée comme inacceptable par les syndicats. «C’est des voleurs ! Où sont partis les 270 millions d’euros ?”, se sont exclamés les salariés. (ndlr : 270 millions donnés par la Deutche Post à l’actionnaire lors de la cession pour 1 euro symbolique de Ducros Express (Ex DHL France) pour financer le plan social). De l’argent qui a été consommé dans l’entreprise qui n’a pas été restructurée, par la responsabilité d’Arcole, a reconnu Arnaud Montebourg dans un brouhaha d’indignations.
Le ministre, tout en rcomprenant la position des syndicats et salariés, rappelle la position d’Arcole et plaide pour un compromis, indiquant que l’actuel dirigeant, André Lebrun, est convoqué à Matignon l’après-midi. «Parlez-lui des conducteurs ! », lui lance-t-on du fond de l’entrepôt. «Nous avons déjà passé deux nuits ensemble. Ce n’est pas la grande entente mais le dialogue n’est pas rompu. Je vais dire ce qui se passe sur les sites. Mais il faut comprendre que le risque est sérieux que l’on ne se retrouve pas avec 3000 personnes au chômage et 21 millions d’euros mais 5000 personnes avec seulement 7 millions d’euros. (…) Le mieux est l’ennemi du bien», a insisté le ministre.
«Vous nous demandez de baisser les bras ? Il n’en est pas question», réagit en colère l’un des salariés. «C’est du chantage», commente également une employée. «Merci de votre aide», glisse en revanche un autre.
Concernant les conditions de reclassement des salariés, le ministre a évoqué un contrat de sécurisation professionnelle qui permettra aux salariés de conserver pendant un an 97% de leur salaire net, la mise sur la table d’un millier d’offres d’emploi tout de suite grâce à un partenariat avec les fédérations professionnelles du transport et la mise en place d’une bourse à l’emploi pour suivre en direct l’évolution des retours à l’emploi des avec des délais formation pour ceux qui souhaitent se reconvertir.
Pour rappel, l’offre de reprise prévoit de reprendre 2150 salariés sur 5000 et 48 agences sur 85, plus la reprise partielle des agences de Saint-Quentin et de Bourges. Le Val de Marne est directement concerné et devrait voir fermer l’une de ses trois agences, celle de Bonneuil-sur-Marne qui emploie actuellement 60 personnes. L’agence de Limeil-Brévannes devrait perdre quant à elle 121 salariés sur 186 et celle d’Alfortville 18 postes sur 34, soit au total une perte de près de 200 emplois dans le département. En contrepartie de ces 48 fermetures, deux agences devraient ouvrir à Goussainville dans le Val-d’Oise et Mitry-Mory en Seine-et-Marne.
Côté syndical, cette proposition est perçue comme un chantage mais l’enjeu de l’emploi est aussi bien compris. «Nous n’avons pas l’habitude d’être soumis à un chantage de la sorte par rapport à la reprise. C’est un vrai jeu d’équilibriste. Nous souhaitons à la fois sauver un maximum d’emplois et garantir les meilleures conditions de départ des salariés qui seront licenciés», témoigne Fabian Tosolini, secrétaire national CFDT transport.
Comme partout ailleurs, des entreprises étrangères non soumises aux mêmes contraintes (charges sociales, taux horaire, etc.) viennent fausser la libre concurrence. Une fois de plus, les salariés sont menacés par la mondialisation libérale et la course au profit à court terme.
Il serait temps de remettre d’actualité le célèbre slogan « Vivre et travailler au pays » avec des entreprises françaises, et des travailleurs français
Une fois de plus, les socialistes ont trahi leurs promesses électorales de plein emploi et de réindustrialisation, ne faisant pas mieux que l’UMP. Arnaud Montebourg s’il est homme de principes et de parole de sa campagne de l’automne 2011 à la primaire socialiste sur les thèmes de l’anti-mondialisme, du protectionnisme économique, des relocalisations et de la critique du capitalisme financier et spéculateur, il ne peut alors se solidariser d’un gouvernement qui agit de manière aussi criminelle avec ses industries et ses travailleurs.
Arnaud Montebourg doit aujourd’hui démissionner
car il n’est pas crédible
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