Santé | | 16/01/2014
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CHIC et Mondor : quelle coopération ?

CHIC et Mondor : quelle coopération ?

Au sein du Centre hospitalier intercommunal de Créteil (CHIC), c’est un bâtiment tout neuf, lumineux et agrémenté d’abords paysagers, qui a été inauguré par la ministre de la Santé Marisol Touraine ce jeudi 15 janvier après déjà deux mois de mise en service. L’occasion, dans les discours d’usage, d’aborder l’un des défis majeurs de l’hôpital cristolien : sa coopération avec son voisin Henri Mondor.

Accroissement de l’activité

Sis sur 3000 m2, le nouveau bâtiment inauguré par la ministre accueille les urgences les plus grandes du Val de Marne -avec quelques 110 000 passages en 2012, mais aussi plusieurs services du pôle périnatalité, lui-même situé dans le prolongement de la nouvelle construction et directement accessible via une passerelle. Trois services ont rejoint le nouveau bâtiment : les suites de couche et l’unité Kangourou qui permet d’accueillir ensemble les nouveaux-nés prématurés ou fragiles avec leur maman, la pédiatrie néonatale et le seul service d’Assistance médicale à la procréation (AMP) public du département.

Centre AMP CHIC Salle Attente

Financée par l’activité de l’hôpital, l’Etat et la région, l’extension-rénovation des urgences et du pôle périnatalité avait pour objectif de moderniser mais aussi augmenter l’activité, en augmentant les accouchements de 3000 à 3500 par an. Le service d’AMP, qui réalisait 400 cycles FIV (Fécondation in vitro) par an, a pu en réaliser 500 en 2013 et devrait atteindre les 700 d’ici quelques années. “Les familles viennent de l’ensemble du département mais aussi de la Seine-et-Marne et de l’Essonne qui ne disposent pas de centre AMP public“, relève Nathalie Massin, responsable du centre.

Nathalie Massin Responsable Centre AMP CHIC Creteil

Nathalie Massin Responsable Centre AMP CHIC Creteil

Coopérer avec Mondor

Une augmentation de l’activité également nécessaire pour assurer la bonne santé financière de l’établissement, laquelle passe aussi par une coopération renforcée

Marisol Touraine
avec l’autre hôpital de la ville, l’hôpital Henri Mondor, qui dépend de l’AP-HP (Assistance publique des hôpitaux de Paris).  Les deux hôpitaux qui concilient à la fois une activité de proximité et de recours avec de la recherche et des partenariats universitaires, ont déjà signé une  convention constitutive d’un  groupement de coopération sanitaire (GCS) en 2012. Une étape pas si facile à franchir sur le terrain et qui prend du temps, comme cela a été évoqué en filigrane dans les discours d’inauguration. “La coopération sanitaire et de moyens devra s’approfondir et se renforcer pour répondre aux nouveaux défis qui se présentent“, a insisté la ministre de la Santé, répondant indirectement à Brigitte Jeanvoine, présidente du Conseil de surveillance du Chic et élue de la ville de Créteil, laquelle avait insisté dans son allocution sur la nécessité de prendre son temps et d’avancer “dans le respect de chaque Commission médicale d’établissement (CME).”

Les enjeux de la coopération

L’un des principaux obstacles à la coopération entre les établissements est la tarification à l’activité (T2A) (ndlr: Issue de la réforme hospitalière du Plan hôpital 2007, la tarification à l’activité corrèle le financement des hôpitaux à leur activité) qui conduit chaque établissement à préserver ses activités aux dépens de la mutualisation”, détaille Brigitte Jeanvoine. “Il y a des services où nous avons bien avancé, comme par exemple la chirurgie digestive dont le chef des services de Mondor et du CHIC est la même personne, et d’autres comme la radiothérapie qui sont plus compliqués“, témoigne le professeur Bruno Housset.

Herve Hagege
“Le renforcement de la coopération entre le CHIC et l’hôpital Henri Mondor n’est pas une option, il va devoir se faire, sans hégémonie d’un hôpital sur l’autre qui transformerait l’un en variable d’ajustement. Il y a des volontés de part et d’autre et c’est vrai que la tarification complique les choses car elle nous retient financièrement, mais nous devons dépasser cet obstacle pour créer un pôle plus fort. D’ores et déjà, les choses ont avancé dans plusieurs services (pneumologie, ORL, gynécologie, ophtalmologie…)”, analyse de son côté le docteur Hervé Hagège, président de la CME.

L’un des gros chantiers est celui de la cancérologie, qui constitue entre 25% et 30% de notre activité et environ 30% de celle d’Henri Mondor, reprend le président de la CME. L’enjeu est de taille car aujourd’hui, 38 % des patients de notre secteur hospitalier font soigner leur cancer ailleurs. Nous avons aussi un défi  à relever pour être en capacité d’accueillir les patients issus des urgences, soit environ une dizaine par jour, dans nos établissements qui à eux deux disposent de 1800 lits. Aujourd’hui, ce n’est pas toujours le cas.”

La diable se faufile aussi dans les détails, informatiques par exemple. “Pour l’instant, nos systèmes d’informatique médicale ne sont pas compatibles. Nous avions pourtant choisi le même logiciel exprès mais ce n’est pas la même version !“, note le médecin. Afin d’accompagner la mise en place de la coopération, un chargé de projet financé en partie par l’ARS (Agence régionale de santé) devrait prochainement effectuer une mission sur place.

Les sage-femmes veulent que l’on reconnaisse leur statut médical

Au milieu de la foule des hospitaliers venus fêter l’inauguration de ce nouveau bâtiment, entre ministre, cocktail et fanfare, les sage-femmes sont aussi venues rappeler l’existence de leur mouvement de grève lancé depuis octobre, militant pour la reconnaissance de leur statut médical -et non paramédical comme c’est le cas actuellement- dans la fonction publique alors qu’elles réalisent 75% des accouchements, sont présentes dans 100% des cas, suivent les grosses pathologiques, prescrivent… “Et nous sommes bien reconnues responsables du point de vue de la justice”, pointe Camille Lajarige. Fait rare au CHIC, alors que la profession ne compte qu’1% d’hommes, l’équipe du CHIC a son sage-femme!

Sage femmes CHIC

 

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