Comme les scrutins nationaux, les élections de parents d’élèves, qui se tiendront cette année les vendredi 10 et samedi 11 octobre, n’attirent guère les foules. Et si 36,3% des parents votent encore en primaire, en allant chercher leur enfant, ils ne sont plus que 20,2% au collège et 10,1% au lycée, au niveau national.
Au sein de l’Académie de Créteil (qui couvre le 77,93 et 94), le Val de Marne, comme la Seine-Saint-Denis, présentent même des taux de participation légèrement en deçà de la moyenne nationale tandis que ceux Seine et Marne se situent au contraire au-dessus.
Est-ce l’effet des initiatives pour impliquer les parents dans l’école et inciter les parents à voter ? Le taux de participation dans les écoles primaires a progressé depuis 2011 dans tous les départements de l’Académie, passant dans le Val de Marne de 32,7% en 2011 à 35,2% en 2013. Il baisse en revanche légèrement dans le second degré.
Les initiatives ne manquent pas en effet pour inciter les parents à passer le seuil de l’école, et pas seulement pour voter en début d’année. «Il est nécessaire de faire des parents des partenaires et de développer la co-éducation car c’est un levier de réussite», insiste la rectrice de Créteil, Béatrice Gille, qui organisait un point presse avec des représentants d’établissements et de parents d’élèves de la Fcpe, la Peep et l’Unappe ce lundi.
Réunions de rentrée, portes ouvertes, spectacles, kermesse, carrefour des métiers, site Internet… au-delà des classiques, les établissements tentent d’innover pour construire un lien plus soutenu avec les parents, au-delà de la traditionnelle réunion plénière deux fois l’an ou des entretiens individualisés quand il y a un problème.
Depuis 2008, l’Académie teste par exemple des mallettes des parents, un dispositif national décliné dans 70 de ses 475 collèges mais aussi dans des écoles. «Cette mallette virtuelle s’appuie à la fois sur des fiches méthodologie, certaines proposées au niveau national, d’autres créées localement en fonction des problématiques, et sur l’organisation de réunions avec des parents volontaires et des adultes du collège, pas forcément enseignants, sur des questions qui préoccupent les parents. Les thèmes vont de l’accompagnement de la scolarité et l’autonomie aux problèmes d’obésité, de harcèlement… », explique Marc Dreyfuss, proviseur vie scolaire de l’Académie. «Ces réunions, organisées avec une vingtaine maximum de parents, dont certains posent leur demi-journée pour pouvoir venir, permettent de changer le rapport des parents au collège», témoigne Pierre Rossignol Sujobert, principal du collège Le Grand Parc à Cesson (77). «L’un des enjeux est de rendre l’école intelligible pour les parents, c’est en quelque sorte un travail de vulgarisation», indique Philippe Ballé, directeur académique adjoint de Seine-Saint-Denis. Pas facile en effet pour les parents de comprendre tous les codes de l’école, son organisation, ses sigles… «Au-delà, il s’agit de construire une nouvelle école basée sur la co-éducation», ambitionne Rodrigo Arenas, président de la FCPE 93.
Au Lycée Apollinaire de Thiais, Sylvie Charbonnel, proviseure de l’établissement, n’a pas de mallette mais fait à sa manière de la pédagogie, qui organise chaque année une conférence budgétaire au mois de janvier pour en expliquer les orientations aux parents qui le souhaitent. «Ces réunions attirent bien une trentaine de parents», témoigne-t-elle, un signe que cela intéresse, même si l’établissement compte 1430 élèves. Les classiques peuvent aussi être revisités. Au lycée Gourdou-Leseurre de Saint-Maur-des-Fossés par exemple, la réunion de rentrée est une soirée d’accueil avec des barnums dans la cour pour présenter les professeurs principaux, la remise d’un livret d’accueil et un buffet convivial. Un dispositif qui plaît puisque plus des parents 80% des élèves répondent présents !
Autre dispositif, «Ouvrir l’école aux parents pour réussir l’intégration», consiste à proposer des cours de Français gratuit à des familles qui ne parlent pas la langue, afin de leur permettre de mieux comprendre l’institution scolaire et de promouvoir les valeurs de la République. Ces ateliers qui se tiennent deux fois deux heures par semaine, ont concerné 754 parents allophones dans l’Académie l’an dernier, dont 87% de femmes. «Les motivations sont généralement l’apprentissage gratuit du Français et la possibilité de mieux comprendre pour suivre son enfant, pas pour l’aider dans ses devoirs mais pour l’accompagner dans sa scolarité», explique Gilles Marand, principal au collège Lakanal de Vitry-sur-Seine qui accueille ces ateliers.
Pour inscrire dans le dur la place des parents dans l’établissement, des espaces parents se développent également, en partenariat avec les collectivités locales qui les construisent (pour rappel, les mairies sont responsables des infrastructures des écoles primaires, les conseils généraux des collèges et les régions des lycées). Dans le Val de Marne, 16 espaces parents ont ouvert et 16 sont en projet dans le cadre des reconstructions ou constructions de collèges. Au collège Jules Valles de Choisy-le-Roi par exemple, le lieu a été investi par les parents et une charte de fonctionnement régit l’utilisation de l’espace. «C’est un lieu connu des parents et reconnu comme un lieu d’échanges et de convivialité. Les parents y vont surtout le mercredi ou vendredi après-midi ou en attendant la fin des cour», indique sophie Dridi, principale du collège. Certains espaces accueillent des ateliers numériques du Conseil général, animés par des intervenants de l’association pour la fondation étudiante pour la ville (Afev).
Internet figure en effet parmi les outils désormais incontournables pour intégrer les parents dans la communauté éducative, grâce à de sites Internet de plus en plus riches (mise en ligne des notes, plate-forme d’orientation, compte-rendu des projets d’établissements, récits des voyages scolaires, photos…) et des envois de mail et même de sms pour prévenir des temps forts de l’établissement. «Au collège, nous proposons une hot-line aux parents pour leur expliquer comment fonctionnent ces interfaces numériques», relate Pierre Rossignol Sujobert.
«La sensibilisation des personnels à l’accueil est aussi primordial pour instaurer une relation de confiance avec les parents», note Michelle Mounier, agent-chef des assistants d’éducation au lycée Apollinaire de Thiais.
Si toutes ces initiatives contribuent à rendre l’école plus accessible aux parents, cela ne se traduit pas en revanche par une implication automatique en tant que parent élu. Le simple fait de voter ne va pas de soi pour les parents, qui connaissent souvent assez mal les différences entre les listes malgré les efforts des associations de parents d’élèves pour communiquer auprès des parents. Même lorsqu’ils viennent sur place chercher leurs enfants et sont invités à rentrer pour voter, les parents ne franchissent pas toujours la porte, transposant pour certains leur méfiance ou leur total désintérêt à l’égard des élections politiques sur les élections de parents d’élèves. «Il y a encore beaucoup d’établissements où les fédérations ne sont pas présentes et les chefs d’établissement ne facilitent pas toujours la tâche pour y entrer car nous sommes souvent perçus comme des syndicats et des organisations politisées. Certaines directions sont tentées de préférer des groupements autonomes qui seront disponibles pour organiser la kermesse mais ne demanderont pas trop de comptes», explique Myriam Menez, présidente de la Peep 94.
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