Entre la désindustralisation du pays au profit de contrées à main d’œuvre bon marché et la densification de la proche couronne, l’industrie de la métropole parisienne n’a pas de beaux jours devant elle. De 1990 à 2010, Paris et les trois départements de petite couronne ont perdu 60 % de leurs emplois industriels tandis que les départements de grande couronne chutaient de 27,6%.
Le Val de Marne ne fait pas exception, qui ne représente aujourd’hui que 7% de l’emploi industriel en Ile de France. Le département compte tout de même 3 720 entreprises industrielles représentant 36 000 emplois, soit environ 7% du parc d’emplois du département. Les secteurs les mieux représentés localement : l’alimentaire en raison de la présence du Min de Rungis, la santé en raison des établissements hospitaliers et de leurs centres de recherche, ainsi que groupes comme Sanofi, Cenexi ou encore Septodont, et encore la réparation et installation de machines et d’équipements. L’imprimerie est aussi présente, comme dans l’ensemble du centre métropolitain, et encore les activités de collecte et traitement des déchets dans la tradition des villes de périphérie.
Source étude CG94- Ecodev-IAU IDF
Parmi les tendances des dernières années, le développement des toutes petites entreprises n’a cessé de croître, comme ailleurs. 46,6% des établissements val de marnais n’ont aucun salarié, tandis que 30,7% en comptent moins de dix, 17,4% entre 10 et 50, 4,2% entre 50 et 200, 1% entre 200 et 500 et 0,4% au-dessus de 500. Géographiquement, les industries du Val de Marne se situent pour partie encore le long de la vallée de la Seine, aux bordures de Paris et beaucoup dans les zones d’activité économique (ZAE), environ la moitié. A noter quelques campagnardes comme Microplast, pme de pointe en plasturgie située à Périgny-sur-Yerres et qui reçut la visite du ministre du Redressement productif en 2013. Les trois plus gros établissements en termes de taille physique sont Sanofi, Renault et Air Liquide.
Souffrant à la fois de ne pas être le barycentre économique de la région, situé à Paris et dans les Hauts de Seine, et de prix du foncier qui ne vont pas decrescendo, le département ne manque pas non plus d’atouts, qu’il s’agisse de son accessibilité routière ou par les transports en commun, de sa couverture en haut débit ou encore de l’amélioration de son cadre de vie et de ses infrastructures.
Une politique industrielle locale est-elle possible?
Dans ce contexte, est-ce possible de développer une politique industrielle ou faut-il se concentrer sur la reconversion des friches en programmes mixtes de logements, commerces, équipements publics et bureaux? Une étude réalisée par l’Institut d’aménagement et d’urbanisme d’Ile de France (IAU IDF), le Conseil général du Val de Marne et Ecodev s’est penchée sur la situation de quinze cas concrets d’établissements industriels du département et propose quelques pistes pour préserver un tissus industriel local.
Une activité qui ne sent plus chez elle
Si les entreprises interviewées n’ont pas manqué de lister les atouts du département (proximité de Paris, accès, bien-vivre), la moitié ont confié envisager de transférer tout ou partie de leur établissement. Un constat de départ moyennement encourageant ! Les motifs invoqués : l’expulsion- dans le secteur des Ardoines, une décision du siège, l’impossibilité de s’étendre sur le site actuel, un immobilier ancien qui n’est plus adapté à l’activité industrielle avec une offre immobilière au contraire tournée vers les activités tertiaires, une accessibilité du dernier mètre de plus en plus contrainte, la difficulté de recruter localement certains métiers qualifiés techniques et encore un manque d’intérêt des pouvoirs publics quand certaines régions déroulent le tapis rouge.
Foncier, formation, reconnaissance, planification
Parmi les pistes suggérées pour maintenir un minimum d’activité industrielle : avoir une démarche prospective d’analyse du marché et des attentes des entreprises pour mieux intégrer l’activité productive dans les projets de développement, s’inspirer des initiatives françaises et étrangères qui fonctionnent (le Grand Londres mène par exemple des expériences de préservation d’espaces industriels stratégiques de 10 à 20 hectares), répondre aux besoins de formation en réalisant avec les entreprises industrielles un diagnostic partagé des métiers en tension et en développant éventuellement des formations spécifiques, faciliter le partage de salariés pour certains postes, faciliter l’accès au logement des salariés, réserver du foncier en allant par exemple vers un pourcentage garanti d’activité dans les programmes d’aménagement (sous forme de micro parcs à vocation industrielle ou technologique), sensibiliser les élus sur ces enjeux, et, pour formaliser cela, élaborer un schéma territorial des sites aptes au maintien et à l’accueil des activités productives qui s’appuierait sur les localisations industrielles actuelles et sélectionnerait de nouvelles emprises accessibles, si possible intermodales (voie d’eau, fer), bien raccordées aux secteurs d’habitat et d’équipements. Enfin, changer le mode de perception de l’activité industrielle pour la revaloriser (organisation de portes ouvertes, écoute et reconnaissance des industriels…)
N'envoyez que des photos que vous avez prises vous-même, ou libres de tout droit. Les photos sont publiées sous votre responsabilité.