A l’est de Paris, le syndicat mixte ouvert de l’Actep, qui compte 14 communes du Val de Marne et de Seine-Saint-Denis, se prépare à former un Conseil de territoire dans le cadre de la métropole du Grand Paris qui doit officiellement voir le jour le 1er janvier 2016. Un périmètre de plus de 465 000 habitants qui pourrait encore s’étoffer alors que 9 communes sonnent à la porte. Explications.
Au premier janvier 2016, la future métropole du Grand Paris (constituée de Paris et les trois départements de petite couronne : 92, 93 et 94) devra être structurée en Conseils de territoires d’au moins 300 000 habitants. Alors que Paris et ses 2,25 millions d’habitants intra-muros constitue à elle-seule un territoire insécable, les villes de périphérie, par essence satellites de la capitale, doivent donc s’organiser pour constituer ces nouveaux territoires de la manière la moins artificielle possible. Dans le Val de Marne, plusieurs pôles préexistants à la métropole de Paris, via des intercommunalités ou des associations, ont déjà esquissé leurs contours, se chevauchant parfois, le long de la vallée de la Seine, de la vallée de la Bièvre ou de l’aéroport d’Orly… A l’Est, à cheval avec la Seine-Saint-Denis et en lisière de la Seine-et-Marne, 14 villes ont commencé à travailler ensemble depuis 2000 pour réfléchir à leur destin et œuvrer ensemble au rééquilibrage économique Est-Ouest parisien, au sein d’une association transformée en 2013 en syndicat mixte ouvert, l’Actep (association des communes de l’Est parisien). A la veille de la création de la métropole, ce périmètre qui comprend les communes de Bry-sur-Marne, Champigny-sur-Marne, Charenton-le-Pont, Fontenay-sous-Bois, Joinville-le-Pont, Neuilly-sur-Marne, Neuilly-Plaisance, Nogent-sur-Marne, Le Perreux-sur-Marne, Rosny-sous-Bois, Saint-Mandé, Saint Maurice, Villiers-sur-Marne et Vincennes, entend bien constituer un Conseil de territoire à part entière qui pèsera à lui seul 466 000 habitants, sans compter les neuf communes qui frappent à sa porte (lire ci-dessous). Ce mardi 30 septembre 350 personnes ont participé à un colloque de travail du syndicat mixte sur la qualité de vie et la place du territoire dans la métropole, sa gouvernance et son développement économique. Preuve de l’intérêt de l’Etat pour ce territoire, le préfet François Lucas, directeur de la Mission de préfiguration de la métropole du Grand Paris était de la partie.
Objectif prioritaire de ce territoire, au sein duquel le taux d’emplois locaux par rapport au nombre d’habitants tourne autour de 0,6 à 0,7 (variable en fonction des communes) : le développement économique. «La priorité est d’arriver au ratio de 1 tout en sachant que notre territoire ne sera jamais La Défense», souligne Jacques JP Martin, maire UMP de Nogent-sur-Marne. A défaut de réunir tous les sièges des grands groupes, même si quelques grandes entreprises investissent localement comme la Société générale à Fontenay-sous-Bois, l’Actep veut valoriser les petites entreprises et contribuer à l’émergence de futures pépites en installant des incubateurs. Surtout, l’association de communes souhaite s’assurer de la formation des jeunes du territoire et mise pour cela sur le pôle universitaire de Marne la Vallée qui pourrait faire partie de son périmètre et y essaimer. «Nous pourrions accueillir un IUT à Fontenay-sous-Bois en partenariat avec la cité Descartes», suggère Jean-François Voguet, maire PCF de Fontenay-sous-Bois.
Au-delà de la coopération économique ou des questions environnementales et de transport, les compétences partagées restent à définir. L’affaire n’est pas simple alors que les villes n’ont pas toutes la même couleur politique et que les prérogatives exactes des conseils de territoire restent à préciser. «Nous sommes favorables à la coopération mais aussi attachés au fait communal et à l’engagement de l’Etat sur certaines questions comme la sécurité», relève le maire de Fontenay.
Neuf villes dans le vestibule
Alors que les communes de l’Actep ont élaboré leur projet depuis 14 ans, n’opérant, comme les élus aiment à le rappeler, que par consensus, l’intégration de nouveaux entrants reste un défi mais les prétendants sont en nombre, du 77, 93 et 94. Ont fait part de leur intérêt : Villemomble, Gagny, Chelles, Gournay-sur-Marne, Champs-sur-Marne, Saint-Maur-des-Fossés et Maisons-Alfort, tandis que Noisy-le-Grand, cofondateur de l’Actep parti en 2009, pourrait aussi revenir. Si toutes ces communes faisaient corps avec l’Actep, le nouveau périmètre serait quasiment doublé, passant de 466 000 à plus de 808 000 habitants. Il s’inscrirait alors au carrefour de trois départements et s’ancrerait des portes de Paris à Marne-la-Vallée. Sur cette perspective d’extension, Laurent Lafon, président de l’Actep e tmaire UDI de Vincennes, émet trois conditions : l’adhésion des communes entrantes au projet mûri par l’Actep, une réflexion préalable sur la taille limite du territoire, et la position de l’Etat à qui il reviendra de valider le schéma. Concrètement, l’examen des candidatures devrait se poursuivre jusqu’à l’été 2015, date à laquelle il faudra trancher. Pour certaines communes comme Saint-Maur-des-Fossés, dont le refus de voir l’Est TVM passer sur son territoire agace plus d’un membre de l’Actep, qu’il soit de droite ou de gauche, l’affaire n’est pas gagnée. La perspective d’un territoire de 800 000 habitants ne fait pas non plus l’unanimité.
(ci-dessous infographie réalisée avec l’outil de simulation de l’Apur) (en bleu turquoise l’Actep actuelle, en rose les 9 villes susceptibles de rejoindre le territoire)
Appropriation par les citoyens
Reste à rendre ce nouveau territoire intelligible pour les citoyens. Un “souci partagé” reconnaît Laurent Lafon. Concernant la perception de l’Est parisien, une enquête réalisée par l’association auprès des habitants témoigne de la reconnaissance d’un compromis, pas trop loin de Paris mais avec un cadre de vie relativement préservé (Marne, petites maisons…) et d’une envie de faire métropole contrebalancée par la crainte d’être englouti dans une mégalopole déshumanisée, ou d’être rejeté en grande banlieue en raison de l’augmentation du foncier. Pour les élus, les nouveaux réseaux de transport de banlieue à banlieue devrait aussi faciliter la mobilité à l’intérieur du territoire et son appropriation, à commencer par les futures ligne 11 et 15 du Grand Paris Express, dont le tracé a fait l’objet de contributions de l’Actep via Orbival, mais aussi le prolongement de la ligne 1, du T1 et encore les projets d’Est TVM, d’Altival, de bus en site propre sur la N34 et peut-être à l’avenir sur l’A4.
N'envoyez que des photos que vous avez prises vous-même, ou libres de tout droit. Les photos sont publiées sous votre responsabilité.