La 23e édition du Festival Ciné Junior ouvrira bientôt ses portes (29 janvier au 11 février) dans tout le Val-de-Marne. Dédié au cinéma jeune public, il présente chaque année de nombreuses pépites parmi les longs- et courts-métrages. Camille Maréchal, sa directrice depuis 2010 et passionnée de cinéma, évoque les enjeux de sa programmation.
Qu’est-ce qui a mené à la création du festival ?
Le festival Ciné Junior est d’abord né d’un manque. En 1991, lorsque les salles de cinéma publiques et le conseil général du Val-de-Marne se réunissent, ils constatent une véritable pénurie de propositions pour jeune public. Afin d’y pallier, ils mettent en place le festival, main dans la main avec l’association Cinéma Public. Au sein de l’événement sont également créées les compétitions.
Aujourd’hui, l’enjeu est le même : proposer du cinéma de qualité aux spectateurs de 3 à 15 ans. Le nombre de projections a augmenté, et celui des partenaires aussi. Nous inaugurons cette année des séances hors-les-murs en Seine-Saint-Denis.
Comment se tisse la programmation ?
Chaque année, nos équipes visionnent de nombreux films, dont elles sélectionnent une partie qu’elles présentent ensuite aux salles partenaires. Une fois que tout le monde est d’accord, l’agenda se met en place. Globalement, la structure du festival est toujours la même : les deux compétitions de longs- et courts-métrages, et deux focus thématiques. Les films sélectionnés pour les compétitions reflètent davantage la diversité du public. Certains longs-métrages n’ont pas été créés pour le jeune public mais s’intègrent toutefois très bien dans la démarche du festival. Les compétitions ont pour objectif la diffusion des films, souvent inédits. Les thématiques relèvent elles aussi de la découverte mais effectuent un focus plus serré.
Cette année, le cinéma tchèque et la peinture constituent les deux grandes thématiques.
Des années 50 aux années 80, la Tchécoslovaquie a produit de grands films d’animation, notamment pour les tout petits (3 à 6 ans). Cela peut s’expliquer notamment par le contexte politique : comme la Russie, la censure était très forte et les films pour enfants étaient un moyen d’y échapper. Ces films ont été diffusés en France, Zdenĕk Miler (1921-2011) le créateur de La Petite Taupe en est l’un des plus célèbres représentants, mais il reste beaucoup d’inédits à découvrir.
Quant à elle, la thématique cinéma-peinture se tourne d’un côté vers les adolescents avec le street-art, et de l’autre vers les plus jeunes avec des cinéastes-peintres. Ces derniers ont la particularité de mêler les deux techniques dans leur travail. Georges Schwizgebel, qui sera présent lors de certaines séances, réalise par exemple des peintures animées. A travers cette facette plus plastique du cinéma, nous avons souhaité nous adresser à de jeunes enfants de l’âge des primaires ; en effet ils y sont très sensibles. A vrai dire, plus l’enfant est jeune, moins il a besoin de narration mais de visuel.
Comment se caractérise la réception du public – les enfants ?
En leur proposant de tels films, nous faisons confiance aux enfants et ils le comprennent. Ils sont un public attentif, doté d’une acuité complètement différente des adultes. Les rencontres organisées après les projections nous permettent de nous en apercevoir. De la même manière, ils aiment être responsabilisés à travers les classes jurys, et certains enfants se révèlent doués d’une sensibilité artistique qu’ils ne peuvent pas vraiment exploiter ailleurs. De plus, le principe d’identification, très fort chez les jeunes enfants, permet de mettre des mots et des images sur des situations ou des notions qu’ils peuvent avoir du mal à exprimer. Outre, l’enjeu de démocratisation culturelle du festival, il a aussi pour but de laisser la voix à son public.
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