A Saint-Maur-des-Fossés, Gilbert Szajner, propriétaire des licences de marque Laguiole, en a ras le bol de jouer les salauds de service, le fossoyeur de terroir vendu au made in China. “J’ai créé des centaines d’emplois en France“, explique-t-il à 94 Citoyens. Retour sur un parcours entrepreneurial commencé dans les années 1980.
A l’époque, Gilbert Szajner s’occupe de la ligne haute technologie céramique chez Péchiney, dont les applications vont des têtes de missile aux prothèses de hanche. En ce début des années 1980, les couteaux en lame céramique blanche, aujourd’hui largement répandus en France, ne sont pas encore commercialisés dans l’hexagone. Ils existent en revanche au Japon, en pointe sur ce segment. Gilbert Szajner veut décliner le savoir-faire céramique pour créer des couteaux mais aussi des stylos roller et des montres. Un micro marché qui n’intéresse pas Péchinay. A 36 ans, l’ex-salarié se lance en solo en 1985, en faisant ses armes aux Nouvelles Galeries et via l’émission Téléshopping de Pierre Bellemarre.
Pour promouvoir sa ligne coutellerie et envisager une diversification, l’entrepreneur va voir le patron d’Opinel qui n’est pas intéressé, puis cherche à rencontrer celui de Laguiole. Sauf que des fabricants de Laguiole, il y en a des dizaines, issus un peu de Laguiole, beaucoup de Thiers (capitale française de la coutellerie) ou encore d’ailleurs. “A l’époque, j’ai écrit à la commune mais n’ai pas reçu de réponse“, précise-t-il. En creusant la question autour de la marque Laguiole, Gilbert Szajner découvre le vide juridique. Et en 1993, il dépose la marque dans plusieurs catégories pour vendre non seulement des couteaux mais aussi de nombreux produits dérivés (Le droit des marques fonctionne en effet par catégorie précise de produits). La gamme de Laguiole SAS va aujourd’hui des arts de la table à l’outdoor en passant par l’écriture, les vêtements de sécurité, l’électroménager, les lunettes, les pipes, les engrais et bientôt la gastronomie.
Bientôt un magasin Laguiole à Paris
“La réussite ne s’est pas faite par magie. Quand j’ai lancé les stylos, cela n’avait rien d’évident, il a fallu expliquer au marché que ces stylos étaient beaux. J’ai travaillé la marque pendant des années et ne me suis pas contenté de l’acheter“, se défend Gilbert Szajner. Concrètement, le développement s’effectue uniquement sous forme de licences accordées à différentes manufactures. La SAS Laguiole ne compte qu’une seule personne, la conjointe de Gilbert Szajner. “30% de la production est fabriquée en France: la vaisselle par Arc international dans le Nord, les pipes à Saint-Claude dans le Jura, les lunettes également dans le Jura, les pantoufles dans le Limousin et encore une partie des couteaux et ciseaux à Thiers. Fin 2014, ce-sont 400 emplois qui seront générés indirectement par Laguiole SAS en France. 30% des produits sont exportés ou ré-exportés”, détaille l’homme d’affaires. Prochaine étape : l’ouverture de magasins en propre. Le premier est prévu à Paris d’ici l’été et un second est déjà envisagé à New-York indique Gilbert Szajner.
Bataille juridique
Entre temps, la commune de Laguiole a réalisé le manque à gagner de cette exploitation en licence qui lui passe sous le nez. D’autant que Gibert Szajner veille son patrimoine comme du lait sur le feu et ne laisse rien passer, attaquant systématiquement tous ceux qui déposent une marque trop proche dans les catégories pour lesquelles il est le seul détenteur de la griffe. Sûre de son droit en raison de l’appellation de la ville, la bourgade en colère ne cherche pas à négocier et va en justice. Une longue bataille juridique commence qui ne donnera jamais raison au bourg de l’Aveyron. Seule semi-victoire, la cour décrète en 1999 que, dans la mesure où des dizaines voire centaines de fabricants de couteaux Laguiole existent déjà en se revendiquant de l’appellation, celle-ci devient un terme générique et ne peut pas être appropriée comme marque. Tout le monde, de Laguiole à Pékin peut donc fabriquer des couteaux Laguiole. De même, le fromage de Laguiole, l’autre spécialité de ce village, est-il protégé par une appellation d’origine contrôlée liée au lieu de sa production, mais ce label est réservé aux produits alimentaires. Pour les autres produits dérivés, la ville ne peut se revendiquer de la marque Laguiole. Les entreprises qui fabriquent à Laguiole ont le droit de communiquer sur le lieu mais pas d’en faire un label.
Une pétition au succès fulgurant
C’est dans ce contexte, après plusieurs échecs en justice, que le bourg a fini par en appeler au président de la République pour récupérer son nom, et lancé il y a quelques jours une pétition au succès fulgurant sur Internet (103 000 signatures en ce 29 avril au soir contre 35 000 il y a 48 heures!). “Il y a en France 30 000 dépôts de marque qui correspondent à des noms de ville ou de village comme Montblanc, Lacoste, Hermes, Gap, Chambourcy, Vichy… Pourquoi cette émotion spécifiquement à propos du village de Laguiole? Et pourquoi ne pas rappeler que les autres fabricants de Laguiole ont aussi une part de leur production en Chine ou ailleurs à l’étranger?”, s’interroge Gilbert Szajner, qui ne nie pas avoir tenté d’autres valorisations de noms de communes. “J’ai contacté Versailles et Saumur, mais ces communes ont déjà des litiges à gérer à propos de leur nom!“, précise-t-il.
En attendant le prochain épisode, des petits malins continuent à déposer des marques proches en jouant sur l’effet terroir. Ainsi, une société basée dans l’Essonne, NKM (aucun rapport avec la députée UMP) vient-elle de déposer la marque Laguiole terre d’Aubrac pour ses couteaux début avril, après avoir déposé Laguiole Bougna, sans cacher pour autant sur son site Internet ne vendre que des produits d’importation…
On trouve aujourd’hui des tonnes de couteau bas de gamme d’origine chinoise et pakistanaise vendu sous l’appelation Laguiole. Des aciers bas de gamme qui ne coupent pas ou ne se réaffute pas, des ressorts peu fiables qui laissent les lames se refermer sur les doigts de l’utilisateur….
Bref, des truc dangereux qui devraient être interdit à la vente.
Contrairement à ce que dit M. Szajner, pour ce qui concerne les couteaux de poches, il y a peu de coutelier en France qui ne font qu’assembler des piéces détachées venues de Chine.
Dans le domaine du couteau de poche français, il n’y a pas de gros industriels. Il y a surtout de petits ateliers semi industriel ou semi artisanaux.
Pour la production moyen de gamme (on va dire de 80 à 200 euros le couteau) le coutelier fabrique une premiére petite série de couteau de façon artisanale puis les démonte pour que les piéces puissent servir de gabarit à Thiers dans un atelier de découpe lazer. Il n’y a pas des centaines de ces ateliers capables de produire des couteaux en piéces détachées.
C’est la garantie que les aciers utilisés seront de qualité et corectement trempés.
Le coutelier récupére ensuite les piécesqu’il a fait fabriqué et assemble ensuite ses piéces à la main. La qualité du couteau vient de la qualité de l’assemblage. Un montage soigné demande deux heures de temps.
Les couteliers qui font faire leur photo découpe à Albacette, en Espagne, sont rares. Ceux qui la font faire en Chine le sont encore plus. Les raisons en sont assez simples. D’une part les piéces détachées produites par découpage lazer à Thiers ne représentent qu’une faible part du prix du couteau final. Le prix de revient dépend du nombre, en moyenne il faut compter environ 10 à 15 euros (ce qui est le prix TTC d’une merdouille chinoise vendue au bazard du coin.) La valeur du couteaux est apporté par le soin du montage. Un coutelier français, généralement un artisan spécialisé dans le couteau de poche est artisan et il a rarement les contacts qu’il faut en Chine. Par ailleur, il devrait payer le port, passer par la douane, acheter de plus grosses quantités + quelques autres inconvéniants qui font qu’il est plus judicieux d’acheter à Thiers.
Que ceux que la pratique de la découpe laser choqueraient aient bien en tête qu’un couteau d’artisan forgé ou façonné à la main demande facilement 40 heures de travail. Le couteau se vend alors au dessus de 500 euros et quand vous passez commande attendez vous à 12 mois de délai. Les piéces détachée en provenance de Thiers sont d’excellentes qualité et permettent la productions de couteau moyen gamme disponible imédiatement et dans des fourchette de prix raisonable (80 à 200€.)
En résumé, quand vous achetez un Laguiole : quelques euros dans un bar tabac vous êtes sur d’acheter du Pakistanais ou du chinois. Choisissez une vraie armurerie ou en coutellerie, c’est déjà une meilleur garantie d’acheter un produit français de qualité (j’ai écrit une “vraie” armurerie car certains commerces commes des surplus ressemblent à des armureries mais n’en sont pas et ne vendent pas tous des produits de qualité.) Retenez que la nomenclature de l’acier est indiquée sur la lame. Aucune référence, la mention 440 ou 420 : le couteau est à éviter. Les aciers 440 et 420 sont médiocres et trés peu utilisés en France. Le principal acier inox utilisé en France est le 12C27. Regardez l’ajustage, s’il est approximatif, passez votre chemin. La matière utilisée dans le manche vous donnera une indication. Pour un couteau assemblé en France, on saura toujours vous dire quel est le bois ou la corne utilisé.
Si on ne sait pas vous dire dans quel bois est fait le manche de votre couteau (ou metion floue telle que pakawood, blackwood, bois exhotique…) passez votre chemin.
Aussi, quand cet homme d’afaire avisé dit : “Et pourquoi ne pas rappeler que les autres fabricants de Laguiole ont aussi une part de leur production en Chine ou ailleurs à l’étranger?” c’est une insulte à la profession, un mensonge et de la diffamation. Ce ne sont pas “les” autres mais “quelques rares autres brebis galeuses” qu’il aurait du dire, j’ai hésité à donner les nom je pense qu’il ne vaut mieux pas le faire ici afin d’éviter les soucis.
Pour ceux qui voudraient de trés bon couteaux à patit prix, plutôt que d’acheter Chinois, jettez donc votre dévolu sur un Douk Douk fabriqué à Thiers par la maison Cognet ou un Opinel. Dans les deux cas, il y a trés peu de montage et pour le prix d’une cochonerie chino-pakistanaise vous avez un excellent couteau made in France.
Note : je ne suis pas coutelier (j’en fabrique environ 4 par an pour le plaisir mais que n’en ai jamais revendu un seul), je n’ai aucun intéret financier dans la coutellerie. Je suis juste un collectioneur passionné propriétaire d’environs 400 couteaux achetés soigneusement ces quarantes derniéres années.
C’est affaire est possible aussi grâce au vide juridique. Comment est il possible de déposer le nom d’une ville et de se l’approprier ? eh bien parce que l’administration l’y a autorisé. Il a profité du système…
Alors pourquoi ce monsieur n’a pas créer sa propre marque ? au lieu de cela il a voler le travaille de petits artisans couteliers ,a autoriser a des fins pécuniaires la fabrication de couteaux bas de gamme en lieu et place d’un objet de prestige aujourd’hui la marque déposée Laguiole est synonyme de magasins fourre tout premier prix
Les bras m’en tombent.
Il ne s’agit pas d’empêcher le village de Laguiole de porter son nom !
On confond tout, et le rigolo qui a démonté le panneau signalétique savait pertinemment ce qu’il faisait : enfumer la paysage pour masquer les lacunes de ses prédécesseurs et les siennes propres.
Très intéressant le comportement des élus, dont au mois un parlementaire, qui font campagne et pétitionnent contre un arrêt de cour d’Appel.
Cour d’Appel qui ne fait que dire le droit rappelons-le.
Traîner la justice dans la boue est déjà une honte.
Lorsque un ou des parlementaires le font, on ne comprend plus rien.
Les parlementaires ne sont pas élus pour défendre tel ou tel intérêt local fût-il celui de ses électeurs, mais bien pour légiférer.
Un parlementaire outrepasse ses prérogatives quand il profite de sa position pour la défense d’intérêts privés que ce soit ceux de collectivités ou ceux de particuliers.
Mais à une époque décadente où un maire peut attribuer des logements sociaux selon le degré de copinage du postulant, plus rien n’étonne.
Au lieu aujourd’hui de raconter n’importe quoi, les parlementaires concernés auraient dû faire depuis longtemps leur boulot, qui était de légiférer contre ce qu’ils considèrent maintenant comme scandaleux.
personne et certainement pas moi n’y aurait vu de contre indication.
Ça, c’était le véritable boulot qu’on attend d’eux.
Rappelons qu’ils sont grassement payés pour ce travail.
Qui a déposé un projet de Loi contre ce qu’ils considèrent soudain comme une usurpation ? les bonbons Vichy existent depuis plus de 150 ans, ils avaient le temps d’y penser.
À quand une pétition pour obtenir que ces messieurs pointent chaque jour à l’Assemblée comme n’importe quel salarié d’usine ?
Ne pas faire son boulot et jouer les pleureuses n’est pas glorieux. Ils feraient mieux de rendre des comptes à leurs administrés !
Et si quelqu’un déposait le nom de ce monsieur, pourrait-il lui interdire désormais de le porter ou de l’inscrire sur un papier ?
Que la justice trouve ça, non seulement normal, mais en plus qu’elle condamne la commune les bras m’en tombe. Il me semble que la justice couvre une belle “escr…….” et qu’elle n’en sort pas grandie. Il doit encore manquer une loi pour se couvrir vis à vis de tel faits INJUSTES
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