Gratuit et culturel : escapade à l’âge de fer à Ivry

Envie de découvrir les Cerny, ce groupe culturel de la fin du Néolithique ancien? C’est le moment de foncer à l’exceptionnel chantier archéologique d’Ivry-sur-Seine en compagnie des spécialistes de l’Inrap. En attendant ce weekend, visite commentée en images. 

En préalable de la première pierre du quartier de commerces et bureaux City Seine, reconversion de l’îlot BHV,  le site fait actuellement l’objet d’un chantier archéologique réglementaire. Et il y a de quoi enthousiasmer les passionnés. L’équipe de spécialistes de l’Inrap (Institut de recherches archéologiques préventives) a ainsi découvert il y a quelques jours les vestiges d’une sépulture ainsi qu’un tronçon d’enceinte datant de -3000 à -5000 avant J.C!

Le principe:  plus on descend, plus la couche de terre est ancienne. “Les couches de temps se superposent comme un mille-feuille, c’est la stratigraphie” explique Jérémie Couderc, archéologue de l’Inrap et responsable du chantier. “La plupart des découvertes datent de la culture du Cerny, à la fin du Néolithique ancien, c’est à dire autour de -3500, mais également de l’âge du Bronze ancien (- 2200 à -1600) ainsi que du premier âge de Fer (-800 à -450)”, ajoute Jean-Pascal Lanuit, directeur régional adjoint des affaires culturelles pour l’Ile de France.

Outillage en os et bois de cerfs, bagues, sépulture, enceinte…

 

Parmi les objets retrouvés :”des morceaux de silex que les hommes utilisaient pour travailler la matière, des ossements d’animaux, du mobilier et de l’outillage fait d’os de bois de cerf, des céramiques, une bague en métal et un anneau plus large qui devait être une boucle d’oreille. Nous avons fait deux grandes découvertes, celle d’une sépulture de femme dans une fosse , ainsi que le tronçon d’une ancienne enceinte qui servait de protection pour le village ou la clôture d’un monument tel qu’un forum” explique Jérémie Couderc.

Des découvertes qui témoignent de l’installation des premiers paysans d’Ivry sur Seine, vers 4600 avant notre ère, aux débuts de l’agriculture et de l’élevage.

La Seine au coeur de la civilisation

“A cette époque les hommes deviennent sédentaires, inventent la poterie et le tissage et commencent aussi à échanger entre eux : nous avons retrouvé un bout de hache en roche verte, un type qui vient de Bretagne ou des Alpes, des objets en or, ainsi que des coquillages. Beaucoup d’objets circulaient par voie fluviale” poursuit-il. L’étude permet également de se rendre compte des transformations de la Seine au cours du temps. “C’est un terrain très précieux. On peut observer le conditionnement des peuples aux rythmes de la Seine. Pendant la période néolithique, un chenal d’eau passait au milieu du terrain. Lorsqu’il y avait des crues, les peuples se retiraient un peu plus loin, et ils revenaient ensuite” explique-t-il. 

Le coût du chantier s’élève à un peu moins d’un million d’euros, à la charge de l’aménageur,  la Sadev 94. “La première étape consiste en un diagnostic du terrain, réalisé sur une parcelle de la surface. Ensuite, si on trouve des vestiges intéressants, des vrais moyens sont mis en oeuvre. Ici, c’est un chantier inédit” déclare Jérémie Couderc.

“Lorsqu’on trouve des ossements, ou des morceaux de céramiques, ils sont étudiés par des spécialistes qui peuvent faire des reconstitution des objets en fonction de ce qu’on a déjà, procéder à des classifications. Ensuite ils sont rendus au service régional de l’archéologie qui peut décider d’une éventuelle affectation à un musée” poursuit-il. L’équipe poursuivra ses recherches jusqu’au mois d’août.

A l’occasion des journées nationales de l’archéologie, ce chantier exceptionnel sera ouvert au public samedi 7 et dimanche 8 juin pour des visites guidées avec les archéologues de l’Inrap, de 10 heures à 12 heures et de 14 heures à 18 heures.