Alors que le CDEN (Conseil départemental de l’Education national) doit confirmer ce jeudi 19 juin les organisations horaires des villes du Val de Marne qui ont été validées par l’Inspection académique, une partie des enseignants du département seront en grève
à l’appel des syndicats SNUipp-FSU, SNUDI-FO, SUD Education, SE-UNSA, CGT Educ’action. Les agents territoriaux intervenant dans les écoles devraient également se joindre au mouvement. Une manifestation est organisée à 9 heures devant la préfecture de Créteil, où se tiendra le CDEN.
Le CDEN, instance co-présidée par le préfet du département et le président du Conseil général, aura à acter quelques 24 organisations horaires relevant du décret initial de Vincent Peillon, et déjà validées par la Direction des services départementaux de l’Education nationale (Dsden), et examiner les quelques propositions relevant du décret de Benoit Hamon (permettant notamment de regrouper les activités sur un après-midi). D’autres organisations horaires ont été proposées par les villes qui n’ont pas été avalisées par l’Education nationale, notamment les propositions dont les horaires variaient d’une semaine sur l’autre. Voir pour rappel le détail des organisations proposées.
Une dizaine de villes n’ont pas non plus rendu leur copie et se sont vues indiquer par la Dsden 94 un emploi du temps imposé (de 9h à 16h15 avec une pause de 2 heures), avec la possibilité de proposer une alternative avant le 26 juin. “Il s’agit d’inciter les villes à prendre elles-mêmes la responsabilité d’appliquer les nouveaux rythmes”, dénonce Luc Bénizeau, délégué syndical SnudiFo. Dans ce contexte, plusieurs communes récalcitrantes ont organisé des réunions de dernière minute avec les parents. C’est ce qu’a fait Villejuif ce mardi 17 juin, décidant à l’issue de la réunion de ne pas déposer de projet, et c’est ce que s’apprête à faire L’Haÿ-les-Roses ce jeudi 19. A Vitry-sur-Seine, le maire, Alain Audoubert, qui refusait de présenter un projet, a consulté les familles à propos du calendrier imposé par l’Inspection et devrait l’accepter (voir l’article consacré à ce sujet sur le site de la ville).
Bonjour,
pour ma part, j’habite Thiais et la commune propose de faire finir les enfants à 14h30 deux fois par semaine. Du coups, ma fille de 3 ans devra enchaîner 3h30 d’activités périscolaire l’après-midi, découper en 1h30 puis 2h plus l’accueil du matin. De plus, comme je suis moi-même enseignante je vais devoir travailler le mercredi matin et comme je ne peux pas être à 11h30 à la sortie de l’école et que je ne peux pas juste la laisser à la cantine, elle a gagné le droit d’enchaîner avec le centre de loisir qui n’est même pas dans son école mais ailleurs ce qui va nécessité une récupération en car et un déplacement dans un environnement différent. Bref, très pratique pour les parents, très simple pour les enfants ( aucun jour pareil) et très économique pour les municipalités (transports à prévoir, plus d’enfants en périscolaire,…).
Vive la réforme des rythmes scolaires appliquées sans qu’aucun des acteurs concernés ne soient d’accords. C’est ça la démocratie.
Réforme des rythmes scolaires : lettre ouverte de parents d’élèves du groupe scolaire Cachin de Vitry sur Seine au Ministre de l’Éducation Nationale,
Monsieur le Ministre,
Las de deux années de discussions et de débats, vos récentes interventions dans les médias nous ont irrémédiablement poussés à vous interpeller sur la réalité de cette réforme des rythmes scolaires que vous défendez tant. Il est des affirmations que nous ne pouvons plus laisser dire sans réagir vertement.
Monsieur le Ministre, vous dites « Etudier cinq matinées au lieu de quatre, c’est, chaque semaine, un temps supplémentaire pour travailler dans de bonnes conditions, le matin étant le moment de la journée où l’attention des enfants est la plus soutenue. Désormais l’école s’adapte aux rythmes de l’enfant », et pas à ceux des adultes, « c’est une petite révolution ».
Où est la révolution Monsieur le Ministre ? De quoi parlons-nous ?
Faut-il que nous vous rappelions que ce que vous décrivez comme une révolution est la situation qui existait avant 2008 avec le Samedi matin comme cinquième matinée hebdomadaire de temps scolaire. Cette matinée du Samedi tant défendue par les parents et bon nombre d’enseignants à l’époque remplissait la fonction si bénéfique pour l’apprentissage des élèves que vous décrivez maintenant. Elle permettait aussi de tisser des liens plus forts entre les familles et l’école, notamment avec une plus grande possibilité de rencontres avec les enseignants et un plus grand investissement des parents dans la vie de l’école.
Cette matinée du Samedi a été supprimée et déjà en 2008 nous savions que cette suppression n’était faite que pour pouvoir imposer le mercredi matin travaillé quelques années après : la transition, par étapes, devait ainsi se faire plus en douceur et créer moins de contestations… c’était sans compter sur notre mémoire.
Le plus inquiétant, Monsieur le Ministre c’est que cette réforme, amorcée sous un gouvernement d’une autre couleur politique que la vôtre, vous la poursuivez sans faillir.
Nous ne refusons pas la réforme des rythmes scolaires. Bien au contraire, nous sommes complètement d’accord sur le bien-fondé de leur refonte, pour suivre les préconisations des chronobiologistes et médecins notamment. Allons plus loin même, osez Monsieur le Ministre les sept semaines travaillées suivies de deux semaines de vacances, sur toute l’année scolaire, comme il est aussi prescrit.
Mais la réforme actuelle pose problème. A quoi vont être consacrés les nouveaux temps périscolaire associés à cette réforme ? Que peut-on faire comme activité réellement efficace avec un groupe d’enfants lorsqu’on dispose d’une demi-heure ou trois quarts d’heure ? Nous savons très bien que les cinquante euros par élève promis aux communes disparaîtront rapidement dans les années qui viennent. Comment peut-on passer sous silence et ignorer que ces temps périscolaires vont être très disparates d’une commune à l’autre et que c’est l’argent à disposition (familles mises à contribution, directement ou indirectement via la hausse des impôts locaux) qui sera la force motrice dans cette affaire ? L’argent comme socle commun de l’école, en voilà une de révolution !
Remettre entre les mains des collectivités territoriales l’organisation du temps périscolaire imbriqué dans le temps scolaire implique que mécaniquement l’Éducation est en train de perdre son adjectif “Nationale”. La notion de gratuité et d’équité pour tous est aussi gravement remise en question. Monsieur le Ministre, nous ne sommes pas dupes, la réforme telle qu’elle a été mise en place, n’obéit qu’à des contingences économiques et pas au bien-être des enfants.
Le siècle des Lumières est bien loin de nous, mais rappelons-nous Monsieur le Ministre que l’école doit permettre à tous nos enfants d’être de futurs citoyens avertis et éclairés: elle ne doit donc faire l’objet d’aucune économie sur le dos des futures générations.
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