Étonnant décor tout de rose et blanc dans le métro Villejuif-Aragon ce lundi matin. Palettes de maquillage, vernis, miroirs, accessoires de coiffure… préparatifs de tournage ? Non, un salon de beauté éphémère, installé par l’association Joséphine pour la beauté des femmes.
Cette association qui accompagne les femmes en situation de précarité en les aidant à retrouver une image positive d’elle-même et à prendre soin d’elles était descendue dans les couloirs du métro pour sensibiliser les voyageurs à son action. Le deal du jour : un soin contre un don.
“On a beau nous parler d’égalité, aujourd’hui encore la vie reste plus difficile pour les femmes que pour les hommes” motive Lucia Iraci, fondatrice de l’association et également à la tête d’un prestigieux salon de coiffure dans le sixième arrondissement, “les statistiques parlent d’elles-mêmes : 80% de la population pauvre sont des femmes. La société nous demande d’être brillantes avec nos enfants, à la maison, mais aussi d’avoir une carrière sociale et professionnelle réussies. Cela fait beaucoup de choses et je me suis dis qu’il était temps de mettre au même niveau l’estime de soi, qui passe par le fait de se sentir belle.”
Créée en 2006, l’association Joséphine ouvre son premier salon en 2011 dans le quartier de la Goutte d’or à Paris. Lieu d’écoute, de partage et de bien être, il accueille 1500 femmes à l’année. Un second ouvre à Tours, en septembre 2012. “Dans nos salons, nous coiffons, maquillons et prêtons des vêtements à des femmes démunies” explique Lucia Iraci, “à travers la beauté, on essaye de restituer l’estime qu’elles ont d’elles-mêmes et de leur redonner confiance. Plus que des salons de coiffure et de beauté, ce sont avant tout des salons sociaux, proposant entretien avec une coordinatrice sociale, coaching, aide à la création de CV, ou encore visite d’un gynécologue.”
Pourquoi le métro pour installer ce salon éphémère ? “C’est un lieu où toutes les classes sociales passent et se côtoient” indique Lucia Iraci, “cela permet à l’association de se faire connaitre d’un maximum de gens mais surtout de récolter des dons. Aider les femmes à la réinsertion coûte de l’argent, nous en avons besoin.”
Dans leur traditionnelle tenue blanche et verte, plusieurs agents volontaires de la RATP s’occupent de l’accueil et du rabattage des voyageurs vers le salon. “Nous tenions à soutenir l’action, car nous sommes porteurs de ces valeurs d’aide à la réinsertion” témoigne Marina Luciani, en charge de la communication des espaces RATP. “En tant que femme, c’est vraiment une cause qui me touche beaucoup.”
Guillaume, coiffeur, fait partie des bénévoles de l’association. “Ici, j’ai l’impression de vraiment servir à quelque chose” s’enthousiasme le jeune homme de 28 ans entre deux brushings. “Au sein du salon social, l’ambiance est détendue, nous sommes à l’écoute et donnons aussi des conseils pour que les femmes puissent reproduire leur brushing chez elles.”
Du côté des usagers du métro, la surprise est agréablement perçue. “Cette opération tombe bien car j’étais à la recherche d’un coiffeur et je ne savais pas vraiment où aller en prenant le métro” sourit Asli, une étudiante de 25 ans. “Je ne sais pas exactement combien je vais donner, mais au moins 10-15 euros” promet-elle.
Joséphine reprendra le métro le 16 juin à la station Jaurès et le 23 juin à la station Miromesnil, toujours de 11h à 16h.
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