Ce vendredi 21 novembre, la Commission nationale des comptes de campagne a décidé d’invalider les comptes de campagne aux municipales 2014 du député-maire UMP de Villiers-sur-Marne, Jacques-Alain Bénisti. Explications, réaction et conséquences.
Comptabilisation de la permanence électorale
La CNCCPF (Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques) a motivé son rejet par la comptabilisation des frais de permanence électorale de l’élu. Le député-maire, qui avait installé, comme lors des précédentes campagnes des municipales, sa permanence électorale dans son local de parlementaire, en contrepartie d’un loyer dûment déclaré dans ses comptes de campagne, s’est fait épingler cette année alors qu’un article de la loi du 11 octobre 2013, relative à la transparence de la vie publique (l‘article L 52-8-1) stipule qu'”aucun candidat ne peut utiliser, directement ou indirectement, les indemnités et les avantages en nature mis à disposition de leurs membres par les assemblées parlementaires pour couvrir les frais liés à l’exercice de leur mandat.” Dans son guide du candidat et du mandataire édité fin 2013, la CNCCPF s’est appuyée sur ce texte pour rappeler, dans un encadré relatif aux indemnités représentatives de frais de mandat (IRFM) des parlementaires, que celles-ci ne peuvent absolument pas être affectées au financement d’une campagne électorale.
Dans sa notice aux candidats, la FNESR (Fédération nationale des élus socialistes et républicains), qui alertait sur cette interdiction, indiquait en revanche “qu’il n’est pas interdit, dès lors que les candidats sont locataires de leur permanence électorale, de modifier le contrat de bail pour une durée précaire, en faisant intervenir le mandataire financier désigné pour le règlement des quittances de loyer.” Sauf que cette disposition législative d’octobre 2013 et son interprétation par la CNCCPF a échappé à Jacques-Alain Bénisti. Techniquement, le député-maire a pourtant remboursé, sur son compte de campagne, la quote-part liée à l’usage du local en permanence électorale (à raison de 25% plusieurs mois avant, puis 50% puis 100% du loyer au fur et à mesure de la campagne), mais le loyer étant payé par les IRFM de l’élu, l’usage même de la permanence aurait du, selon la notice de la CNCCPF, être comptabilisé comme un avantage en nature.
Réaction de Jacques-Alain Bénisti
“Cette disposition législative est passée en catimini et son application, de manière rétroactive, aux élections de mars 2014 alors que les comptes de campagne étaient comptabilisés depuis mars 2013 est inconstitutionnelle“, réagit le député-maire en colère, qui précise qu’une vingtaine d’autres députés-maires UMP auraient vu leurs comptes invalidés pour les mêmes raisons. Au sein de l’Assemblée nationale, le groupe PS aurait fait circuler une note précisant cette disposition mais le groupe UMP n’aurait pas fait de même. “Il aurait été opportun que ce soit la présidence de l’Assemblée nationale qui fasse une note à l’attention de tous les députés“, s’agace l’élu de Villiers-sur-Marne.
Conséquences électorales et financières
Désormais, il revient au Tribunal administratif de Melun de statuer. Une décision qui pourrait intervenir dans les semaines ou mois à venir. Le tribunal peut décider de ne pas suivre l’avis de la CNCCPF et de valider les comptes. Il peut décider de suivre l’avis de la commission et de ne pas rembourser les frais de campagne de l’élu. Le manque à gagner serait alors de 18 000 euros, correspondant au montant remboursable, la campagne s’étant élevée au total à 32 000 euros pour l’élu. Plus sévère encore mais peu probable, car la Commission a reconnu la sincérité du maire, le Tribunal pourrait également frapper le maire d’une inéligibilité d’un an, ce qui lui ferait perdre ses mandats de maire et de député durant cette période. Enfin, le tribunal peut également annuler les élections. En cas d’appel et de Conseil d’Etat, la décision pourrait prendre une ou deux années.
Question prioritaire de constitutionnalité
Dans tous les cas, le maire indique qu’il fera appel et ira au Conseil d’Etat en cas de non-reconnaissance de ses comptes de campagne, souhaitant réagir sur le principe. En outre, une question prioritaire de constitutionnalité (QPC) devrait être posée très prochainement concernant l’aspect rétro-actif de la mise en oeuvre de la loi.
Les campagnes au global seront d’autant moins onéreuses lorsque, forcément, leur nombre diminuera avec la fin de ce mille feuille…
Le rythme des élections agace les citoyens par la fréquence trop élevée des scrutins, puisque les “pros de la politique” sont en campagne quasiment tous les deux ans. Résultat : quelle perspective proposent-il ? Les résultats parlent d’eux-mêmes : les 100 000 chômeurs dans le Val de Marne (triste record) sont les victimes et la “vitrine” de ce désastre institutionnel qui dure depuis trop longtemps !
1 Etat, 8 Régions, 2 000 Communes,… c’est ce que nous défendons à NOUS CITOYENS !
Les chiffres sont confondants.
On peut faire une campagne avec moins de 10 000,00 €.
La preuve ?
J’ai été élu Municipal dans la catégorie amateur par opposition avec la notion de professionnalisme (entièrement bénévole car très minoritaire) à Saint-Maurice. Notre campagne avait couté beaucoup moins que 10 000,00 €. (selon mon souvenir environ 6000,00 €.), et ce fut une bonne campagne, avec convictions, idées et meilleur résultat qu’escompté.
J’ai été candidat aux législatives (6ème circonscription du Val de Marne) en 2007. J’ai été remboursé d’environ 6000,00 €. selon mes comptes et ma demande, soit environ 12 centimes par électeur inscrit, et environ 1,00 €. par suffrage. Là aussi campagne de terrain impactante bien que sans fioritures inutiles.
Quand on me parle de 32 000,00 €. pour une élection municipale où le candidat recueille moins de 4600 suffrages, soit environ 7 €. par suffrage, je bondis. D’autant que l’élu présente sans vergogne comme une victoire un résultat aussi minable .
Le soucis premier des candidats devrait être de juguler les dépenses à la charge des contribuables. Ils commencent par dépenser sans savoir compter convenablement, avant même d’être élus ! Voir la suite…
Ceci me fait penser au remboursement des sommes dues par le candidat Sarkozy dont les comptes ont été recalés.
Voir le lien : http://www.francetvinfo.fr/politique/ump/penalite-pour-les-comptes-de-campagne-de-sarkozy-l-ex-tresoriere-de-l-ump-catherine-vautrin-est-mise-en-examen_764387.html
La dette personnelle du candidat a été payée par l’UMP dans le cadre d’un contre feu précipitamment mis en place, l’incendie étant fortement attisé par un vent de panique.
Or, le financement des partis bénéficie d’avantages fiscaux octroyés à leurs donateurs. L’argent économisé par les donateurs sympathisants UMP grâce à ces avantages fiscaux est ainsi détourné des caisses de l’état. Mécaniquement, l’État a payé une grosse partie de la dette personnelle du candidat Sarkozy.
Comme l’argent de l’État est celui des citoyens, nous avons collectivement payé. C’est parfaitement immoral, mais conforme à la loi sur le financement des partis politiques.
Vous l’aurez compris, j’ai du mal à m’asseoir après avoir payé les bévues de plus riche que moi.
Quel politicien professionnel de gauche ou de droite a-t-il dénoncé les choses sous cet angle ? Aucun pour la simple raison qu’à ce niveau, la morale est repoussée loin derrière les lois et les usages véreux.
Villiers-sur-Marne compte moins de 28000 habitants. La campagne du professionnel de la politique coûte au trésor public plus d’un euro par habitant. Plus ce qu’ont couté les campagnes des autres candidats. Suggestion : quelle que soit la campagne, limiter le remboursement à 1,00 €. par électeur inscrit, ou mieux, par électeur qui se déplace, et interdire à tout mouvement politique de financer le dépassement des campagnes personnelles.
Peut-être nous offriraient-ils un meilleur spectacle pour que chacun ait envie d’aller voter, et serions-nous ensuite moins affligés par leur insigne médiocrité, tous partis confondus.
Christian Ouvray
On avait la preuve dans sa profession de foi du deuxième tour des législatives que monsieur Bénisti ne savait pas faire une règle de trois, on sait maintenant qu’il ne sait pas ce qui se passe à l’Assemblée…
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