C’est dans les jardins partagés des Vergers de l’îlot de Fontenay-sous-Bois, sous une pluie persistante, que le Réseau des Amap en Ile de France (Association pour le maintien d’une agriculture paysanne) a fêté ses 10 ans ce dimanche 12 octobre.
Initié dans les années 70 au Japon et en Allemagne, le concept s’est installé en France au début des années 2000. Le principe : restaurer un lien direct entre le paysan, sa terre, et le consommateur, dans le cadre d’une agriculture respectueuse de son environnement, biologique ou en cours de conversion vers le bio. L’engagement est réciproque. Les consommateurs s’engagent auprès du paysan sur une saison de récolte et le paysan s’engage en retour à livrer des légumes variés chaque semaine. «La démarche s’apparente plus à de la coproduction entre le citoyen consommateur et le paysan qui partagent les risques, qu’à une centrale d’achat qui ne se placerait que du point de vue du consommateur», insiste Olivier Lavielle, un des administrateurs du réseau.
Concrètement, chaque Amap locale s’associe avec un paysan qui livre ses légumes toutes les semaines en un point de distribution. Les membres de l’association, dont le nombre peut aller d’une trentaine à plus de 200, viennent ensuite faire la répartition et repartent chez eux avec leur panier.
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Aujourd’hui, près de 300 Amap se sont créées dans la région parisienne, soit plus de 15 000 familles en relation avec 185 paysans, représentant quelques 10 millions d’euros de parts de récolte. Le Val de Marne compte pour sa part une trentaine d’Amap. Du côté des citoyens, l’enthousiasme n’a pas faibli malgré la contrainte liée à cet engagement associatif, comme celui d’acheter son panier hebdomadaire à l’avance sur plusieurs mois ou toute une saison ou encore la participation régulière pour distribuer les légumes et donner un coup de main de temps au temps à la ferme. «La difficulté qui se pose désormais est de trouver des terres car il y a de moins en moins de surface cultivable», indique Olivier Lavielle.
Chercher des terres et former des paysans
Dans ce contexte, le Réseau des Amap en Ile de France a développé une collaboration avec d’autres associations pour oeuvrer au développement d’une agriculture biologique en circuit court en trouvant des terres et en aidant les paysans à s’installer. Avec trois autres associations locales, Terre de liens Ile de France, qui recherche et finance l’achat de terres, Les Champs des possibles, une couveuse d’activités agricoles pour former et aider à l’installation des paysans (initiée par les Amap Idf), et le Gab Idf (Groupement des Agriculteurs Biologiques), le mouvement a créé le pôle Abiosol qui accompagne à la fois les porteurs de projet agricole bio, les citoyens et les territoires. En savoir plus.
A l’intérieur même des Amap, au niveau micro-local, l’agriculture en circuit-court se développe aussi via la diversification. Si la plupart des Amap ont commencé avec un paysan leur portant des légumes, un certain nombre ont depuis souscrit des contrats avec des producteurs bio de fruits, lait, œuf, miel, vin…
Un petit monde qui s’organise au point que certains Amapiens craignent que cela ne leur échappe. «J’ai peur que la grande distribution ne finisse par récupérer le mouvement», s’inquiète Olivier Denat, de l’Amap Trait d’Oignon au Perreux-sur-Marne, venu faire un spectacle à l’occasion des 10 ans des Amap Idf, et également à l’initiative d’une grainothèque locale. «Cela n’est pas possible tant qu’il y a partenariat direct entre le paysan et le citoyen, assure Olivier Lavielle. Mais Il faut être vigilant. Par exemple, un paysan qui nouerait des partenariats avec trop d’Amap et rentrerait dans une logique de productivité au détriment de la qualité des produits et du rapport à ses Amapiens perdrait l’essence des principes du mouvement.”
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