Depuis que le séminaire des Missions des Spiritains est arrivé à Chevilly-Larue en 1864, plus de 4000 jeunes hommes y ont été formés avant de prendre la route, pour beaucoup en Afrique. Le centre fête ses 150 ans ce samedi 28 juin avec une messe célébrée par l’évêque de Créteil, Mgr Santier, et une exposition rétrospective. Retour sur cette congrégation à vocation internationale.
“C’est la plus grande maison d’accueil de toute la France” indique le père Marc Soyer, père supérieur de Chevilly. Difficile de rater le gigantesque édifice, situé au centre de la petite commune, au 12 rue du Père-Mazurié. Lorsque les prêtres spiritains arrivent ici pendant l’hiver de 1864, la propriété de 22 hectares ne comprend que le château Pompadour, occupé jadis par la célèbre marquise, entouré par des prés. La façade principale, visible de la rue, sera construite 70 ans plus tard par les religieux.
“Pendant longtemps, la communauté a vécu en autarcie. Des frères s’occupaient de la ferme ainsi que des vaches, il y avait même une boulangerie et une charcuterie. Ils ont construit progressivement les bâtiments, ainsi que de grands ateliers pour former les plus jeunes à la maçonnerie, l’ébénisterie, la forge, l’électricité, mais aussi aux métiers agricoles… ” explique le frère Lichtle, un spiritain de la communauté, qui a appris ici son métier de soudeur.
Fondée en 1703, la congrégation avait historiquement pour but de venir en aide aux peuples d’Afrique qui sortaient de l’esclavage, notamment par la transmission de savoirs techniques «95% des chapelles d’Afrique centrale ont été bâti par des spiritains» poursuit le frère, qui a passé plus de 20 ans au Gabon et en Centre-Afrique.
Pour fêter les 150 ans du centre, une exposition rétrospective présente les différents métiers qui y ont été enseignés et leurs outils. « La formation technique des frères s’est arrêtée dans les années 70, à ce moment là, le nombre de spiritains formés à Chevilly a fortement diminué. Aujourd’hui, les jeunes frères apprennent ces métiers dans des formations extérieures” poursuit-il.
Au total, ce-sont plus de 4000 jeunes spiritains qui ont été formés au séminaire des Missions de Chevilly avant d’être envoyé sur les cinq continents. “Certains y restent trente ans, quarante, voire cinquante ans” explique le père Soyer, qui a vécu 21 ans à Madagascar avant de devenir père supérieur de Chevilly il y a cinq ans. Le père Michel Vacherand a, lui, passé 25 ans au Paraguay, “une double nationalité désormais” confie-t-il, comme en témoigne le drapeau accroché sur la porte de sa chambre, ou le livre qu’il a rédigé à la demande de la congrégation “Los misioneros espiritanos en el Paraguay” qui retrace la mission des spiritains dans ce pays d’Amérique latine. “J’ai mon bréviaire en espagnol” sourit-il. D’autres prêtres sont même devenus célèbres, comme le Père Charles Sacleux, qui a aidé à la création de la langue swahili en Tanzanie au 20ème siècle.
“C’est une communauté internationale” résume le père Marc Soyer. Aujourd’hui, près de 3000 religieux spiritains (dont environ 80 religieux français) œuvrent dans 60 pays : Afrique, Antilles, Amérique, Océan Indien, Amérique du sud, Amérique Centrale, et plus récemment en Asie, au Pakistan et en Inde. “Lorsque Haïti a été ravagé par un séisme en 2010, le centre de Chevilly a coordonné l’envoi de milliers de livres venant de l’Eglise, de dons, de monastères” explique le Père Rivals, qui travaille à la bibliothèque.
“Depuis les années 70, avec la diminution du nombre de séminaristes, le centre a surtout pour vocation l’accueil des prêtres à la retraite” explique le père Marc Soyer. 70 religieux y vivent dans une des ailes du domaine. “Des anciens missionnaires, de 50 à 99 ans” explique le père Soyer, qui rend visite quotidiennement aux plus âgés. “Nous sommes aidés par cinq religieuses indiennes qui entourent et soignent les plus faibles“. Le centre reçoit également des groupes de visiteurs pour des retraites, des séminaires, ainsi que des hommes en situation d’exclusion au foyer Caris. “Fêter ces 150 ans, ce n’est pas regarder en arrière, mais continuer d’avancer. On nous parle du festival de Cannes, de la Coupe du Monde de football… Quand les spiritains sont arrivés, il y avait 1000 habitants, c’était une terre de banlieue, aujourd’hui la communauté témoigne de près de 60 pays visités, c’est un miracle. Chevilly est un lieu béni.” confie-t-il.
Malgré l’essoufflement des vocations, la relève missionnaire subsiste ici. Deux français, un portugais et un cap-verdien suivent en ce moment leur année au “noviciat européen”. Une sorte d’année de réflexion et d’initiation à la vie religieuse, avant de se lancer dans la formation pour devenir frère ou prêtre spiritain.
C’est le cas de Florian (au centre sur la photo), un jeune de 27 ans qui a connu les spiritains lors d’un voyage d’un an à Madagascar avec un organisme catholique. Même expérience pour Paolino (quatrième sur la photo), jeune Portugais de trente ans. “J’ai travaillé en recherche développement pour une entreprise de plats cuisinés puis je suis parti deux ans aux Philippines où j’ai découvert la congrégation des spiritains. Je suis rentrée au noviciat en septembre dernier“raconte-t-il. Si ils décident de poursuivre leur formation, Florian et Paolino seront peut-être à leur tour envoyés comme missionnaires dans quelques années.
Pour fêter les 150 de présence de la communauté, l’évêque de Créteil Mgr Santier viendra célébrer la messe le samedi 28 juin 2014. Une exposition présentant les différents métiers exercés par les frères est également organisée, du mois de mai à octobre. Adresse : 12, rue du Père-Mazurié.
Un grand merci pour nos fondateurs: P. Claude . P des Places & Père F. Libermann et nos aînés, qui nous inspirent toujours dans le zèle Apostolique. Aujourd’hui, j’ose dire c’est grâce à eux que je suis devenu spiritain et ensemble nous avons la raison de fêter 150 ans.
“Voyez qu’il est bon , qu’il est doux d’habiter en frères tous ensemble.” (cf. Ps 133,1).
Merci à A. Saint-Martin pour son article qui retrace avec justesse en mettant en valeur le Séminaire des Missions et certaines personnalités qui y vivent… merci pour le temps qu’elle a passé auprès des Pères pour les écouter parler des souvenirs de leur mission…
Bonne route dans son métier de journaliste.
mimi (bénévole chez les Pères)
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