Gouvernance | | 13/10/2014
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Métropole : avec qui le Haut Val-de-Marne va-t-il se marier ?

Métropole : avec qui le Haut Val-de-Marne va-t-il se marier ?

CA autour du Haut Val de MarneEntre la proche couronne dense et l’espace péri-urbain du plateau briard, la communauté d’agglomération du Haut Val-de-Marne, actuellement composée de sept communes* mais dont l’une, Boissy-Saint-Léger, souhaite s’échapper pour rejoindre Plaine Centrale, ne fait pas le poids pour composer seule un Conseil de territoire de 300 000 habitants.

La communauté d’agglo pèse 105 000 habitants avec Boissy et 89 000 sans. Située à l’est du département, en limite de Seine et Marne, elle a donc le choix entre pousser vers le nord, le sud ou l’ouest. Au sud, la communauté d’agglomération du plateau briard présente une continuité cohérente en termes d’urbanisme mais elle compte moins de 30 000 habitants, ce qui est loin de faire le compte, à moins d’aller du côté de la Seine-et-Marne ou de l’Essonne, départements qui ne font pas partie de la métropole mais dont les communes limitrophes peuvent rejoindre un Conseil de territoire à condition, si elles font partie d’un intercommunalité, que celle-ci la rejoigne dans son intégralité. Quatre intercommunalités** jouxtent les CA du Haut Val de Marne ou du Plateau briard (voir ci-dessous**). Une extension dans cette direction, à compter que les interco concernées soient d’accord, conféreraient au territoire une dimension essentiellement péri-urbaine.

 

En allant vers le nord, le schéma est tout autre avec des communes aux populations beaucoup plus importantes comme Saint-Maur-des-Fossés et Champigny-sur-Marne qui font respectivement un peu moins et un peu plus de 75 000 habitants chacune. Si l’on y ajoute Villiers-sur-Marne, Bry-sur-Marne et Noisy-le-Grand en Seine Saint-Denis, le territoire pèserait près de 350 000 habitants, même sans Boissy. Un périmètre

JJ Jegou
envisageable selon le président de la communauté d’agglomération, Jean-Jacques Jégou (Modem), qui précise que toutes les options restent pour l’instant ouvertes, le débat devant avoir lieu prochainement entre les élus. “Entre la communauté d’agglomération du Haut Val-de-Marne et Champigny ou Villiers, il y a une vraie cohérence de projet avec notamment une vision commune concernant le développement économique autour de la VDO***», insiste le président de la CA du Haut Val-de-Marne.

Sauf que dans ce périmètre, plusieurs communes (Champigny, Bry, Villiers) font partie du syndicat mixte ouvert de l’Actep**** (Association des communes de l’Est parisien) qui nourrit de son côté ses propres ambitions territoriales (lire : jusqu’où va aller l’Actep?) et

Jacques JP Martin
se verrait aussi aller jusqu’à Noisy  qui faisait auparavant partie de l’association. “Avec les communes de l’Actep, nous travaillons ensemble depuis 14 ans et nous appuyons sur un projet de Scot (schéma de cohérence territoriale), 2 contrats de développement territorial (Marne et Bois et Boucles de la Marne), des éléments structurants comme la Marne, le bois de Vincennes, l’ex RN34 et l’A4… Il serait dommageable de déconstruire des structures qui existent. Il n’y a pas de cohérence à ce que le Haut Val-de-Marne aille vers Noisy, ce territoire est davantage lié à celui du plateau briard voir le Val d’Yerres“, réagit Jacques JP Martin, maire UMP de Nogent-sur-Marne et administrateur de l’Actep.

«L’Actep ne peut pas tout avaler. Il ne faut pas confondre un syndicat et un territoire cohérent. La cohérence, ce-sont les compétences de proximité. C’est la métropole qui s’occupera des projets structurants, pas les territoires. Les territoires assumeront les compétences des actuelles communautés d’agglomération. Et si l’on doit combler un nid de poule au Plessis ou à Chennevières, cela n’intéresse pas Rosny ou Vincennes», rappelle Jean-Jacques Jégou.

Un problème qui va se poser est que les CDT (contrats de développement territorial) sont, à l’instar des communautés d’agglomération, insécables dans la constitution des futurs territoires. Or, le CDT des boucles de la Marne, actuellement en phase d’enquête publique, comprend à la fois Champigny, Villiers et Bry, membres de l’Actep – qui n’est pas une intercommunalité,  et Chennevières, membre de la CA du Haut Val de Marne.

L’autre option est d’aller vers l’ouest, du côté de la communauté d’agglomération de Plaine centrale (Créteil, Limeil, Alfortville). Cette solution a la préférence du maire PS de Boissy-Saint-Léger, Régis Charbonnier, lequel a pris les devants en demandant à sortir de la communauté d’agglomération du Haut Val-de-Marne avant la fin de l’année pour ne pas être lié au choix de cette dernière si elle n’allait pas dans ce sens. Une décision qui aura du reste son coût pour la ville, les estimations de la somme que Boissy devra rembourser à la communauté d’agglo tournant autour de 22 millions d’euros entre les travaux de voirie, la piscine, le pôle gare, les travaux sur les inondations, le parking…

De manière informelle, des discussions ont eu lieu entre les présidents des communautés d’agglomération Plaine centrale et Haut Val de Marne, et Laurent Cathala, maire PS de Créteil et président de Plaine centrale a officialisé la demande en fiançailles par un courrier début septembre. Avec ses 155 000 habitants, Plaine centrale fait le poids. Pour peu que s’y rajoutent Saint-Maur-des-Fossés, Maisons-Alfort (qui ne formait jusqu’en 1885 qu’une seule ville avec Alfortville) et Bonneuil-sur-Marne, coincée entre toutes ces communes, le territoire ainsi constitué accueillerait plus de 400 000 habitants.

Reste à trouver un sens à ces regroupements de communes, au-delà de la seule addition du nombre d’habitants. «Nous sommes en premier lieu attachés à garder cohérent notre territoire du Haut Val-de-Marne et à ne pas le disloquer», insiste Jean-Jacques Jégou.  «Il ne s’agit pas

Sylvain Berrios
d’additionner des petits pois pour faire le compte. Plusieurs paramètres doivent être pris en considération pour constituer ces futurs territoires qui nous engageront pour au moins 20-25 ans. A Saint-Maur, nous serons particulièrement vigilants à la dimension environnementale, notamment autour de la rivière, à la pédagogie et la formation, pas seulement universitaire, à l’intégrité des territoires, à l’urbanisme, au développement économique, à l’offre de soins, aux personnes âgées… détaille pour sa part Sylvain Berrios, député-maire UMP de la ville. Le débat sur ce sujet sera lancé lors du Conseil municipal de ce jeudi 16 octobre et il s’agira à ce moment de poser les différentes options.»

Ci-dessous le positionnement de la CA du Haut Val de Marne (vert clair) ainsi que les intercommunalités qui la jouxtent et le syndicat mixe de l’Actep (orange). Infographie réalisée avec l’outil de simulation de l’Apur). (A noter que concernant Seine Amont, Valenton est en cours de rattachement)

CA autour du Haut Val de Marne

* La CA du Haut Val de Marne est composée de Boissy-Saint-Léger (qui veut s’en aller), Chennevières-sur-Marne, Noiseau, Ormesson-sur-Marne, Le Plessis-Trévise, La Queue-en-Brie, Sucy-en-Brie.

**Les intercommunalités qui bordent les CA du Haut Val-de-Marne et du plateau briard : Une intercommunalité de Seine-et-Marne jouxte la CA du Haut Val-de-Marne : la CA de la Brie francilienne (Pontault-Combault et Roissy-en-Brie) qui compte un peu moins de 60 000 habitants, deux intercommunalités de Seine-et Marne jouxtent la CA du Plateau-briard : la CC des Portes briardes entre villes et forêt  (Lésigny, Férolles-Attilly, Ozoir-la-Ferrière, Gretz-Armainvilliers et Tournan-en-Brie) qui compte 45 000 habitants et la CC de l’Orée de la Brie (Servon, Brie-Comte-Robert et Chevry-Cossigny) qui compte 23 000 habitants. Une intercommunalité d’Essonne jouxte le Plateau briard :  la CA du Val d’Yerres (Boussy-Saint-Antoine, Brunoy, Crosne, Épinay-sous-Sénart, Quincy-sous-Sénart et Yerres) qui compte environ 90 000 habitants. A noter aussi qu’une commune de l’Essonne, Varennes-Jarcy, fait déjà partie de la CA du Plateau briard.

***VDO (Voie de desserte orientale) projet abandonné de rocade autoroutière (A87) qui devait relier l’autoroute A4 à la RD4 puis la RD19. Cette rocade, baptisée Voie de desserte orientale (Vdo), a fait l’objet d’une réserve foncière de plus de 100 hectares qui traverse sur 15 km de long et 80 m de large les communes de Champigny, Villiers, Chennevières, Ormesson et Sucy.

**** Actep (Association des communes de l’Est parisien) syndicat mixte ouvert qui regroupe 14 villes : Bry-sur-Marne, Champigny-sur-Marne, Charenton-le-Pont, Fontenay-sous-Bois, Joinville-le-Pont, Neuilly-sur-Marne, Neuilly-Plaisance, Nogent-sur-Marne, Le Perreux-sur-Marne, Rosny-sous-Bois, Saint-Mandé, Saint Maurice, Villiers-sur-Marne et Vincennes.

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