Entreprises | | 21/10/2014
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Privatisation du MIN de Rungis ? le ministre tempère

Privatisation du MIN de Rungis ? le ministre tempère

visite marché de rungisC’est vrai !”  s’est exclamé ce mardi au Sénat le ministre de l’Agriculture Stéphane Le Foll à Laurence Cohen, sénatrice PCF, qui lui disait que “des rumeurs véhiculées par voie de presse recèlent toujours une part de vérité…” . Le ministre n’en a pas pour autant confirmé ou infirmé les intentions de l’Etat à propos d’un possible désengagement du capital de la Semmaris, société qui exploite le MIN de Rungis (voir article précédent à ce sujet).

 

Il a toutefois admis que la fin prochaine du contrat de concession entre l’Etat et la Semmaris et les perspectives d’investissement qui en découlaient donnaient lieu à réflexion. Le ministre a également indiqué que la prolongation de la concession et la forme qu’elle prendra sont en cours de discussion. “Nous essayerons de trouver la meilleure formule pour que la Semmaris et le Min de Rungis continuent à assurer le service majeur qu’ils offrent à toute la région parisienne”, a assuré Stéphane Le Foll.

Lire ci-dessous l’intégralité de l’échange entre la sénatrice et le ministre, extrait du compte-rendu officiel de séance du Sénat.

M. le président. La parole est à Mme Laurence Cohen, auteur de la question n° 877, adressée à M. le ministre de l’agriculture, de l’agroalimentaire et de la forêt, porte-parole du Gouvernement.
Mme Laurence Cohen. Monsieur le ministre, la presse s’est fait l’écho d’une éventuelle cession des parts détenues par l’État au sein de la Société d’économie mixte d’aménagement et de gestion du marché d’intérêt national de Rungis, ou SEMMARIS, en charge de l’exploitation du marché d’intérêt national, ou MIN, de Rungis.
Cette décision, si elle voyait le jour, aurait des conséquences graves sur le fonctionnement et l’existence même de ce marché, reconnu comme le premier marché de produits frais au monde. Plus de 1,5 million de tonnes de produits frais y sont vendus chaque année, alimentant quotidiennement des millions d’habitants.
Actuellement, l’État détient un tiers des parts. En cas de vente, la porte serait ouverte à une privatisation, à une logique répondant aux appétits financiers dans un territoire attractif, en forte mutation avec, notamment, les projets du Grand Paris Express.
Depuis que cette privatisation a été évoquée, les élus, notamment du Val-de-Marne, mais également les professionnels des fruits, des légumes, des volailles ou des fleurs sont très inquiets.
Ce sont près de 12 000 personnes qui travaillent au MIN, sans compter les 100 000 emplois indirects induits en France, comme vient de le confirmer l’étude du cabinet Utopies.
Hier, un vœu des groupes Front de gauche et Europe Écologie-Les Verts du conseil général du Val-de-Marne a été adopté à l’unanimité contre la privatisation, afin de préserver le MIN de Rungis, tant dans sa fonction, son statut que dans son périmètre, à l’heure où le foncier se fait rare et cher.
Les conseillers généraux se sont ainsi prononcés en faveur de la prorogation de la concession de service public jusqu’en 2050, avec un alignement de la convention de gestion dévolue à la SEMMARIS sur la même échéance.
Monsieur le ministre, ma question est donc simple : pouvez-vous me confirmer si ce scénario de cession des parts de l’État, actuellement à l’étude, risque d’aboutir ou si au contraire la participation de l’État n’est absolument pas remise en cause au sein de ce marché alimentaire historique ?
Vous savez comme moi que le MIN, de par la concession de service public qui préside à son fonctionnement actuel, est garant de la sécurité alimentaire et donc de la santé publique. Il serait dangereux de mettre cela en péril. Notre inquiétude est grande, compte tenu notamment de ce qui s’est passé pour les autoroutes.
M. le président. La parole est à M. le ministre.
M. Stéphane Le Foll, ministre de l’agriculture, de l’agroalimentaire et de la forêt, porte-parole du Gouvernement. Madame la sénatrice, comme vous l’avez-vous-même indiqué, vous évoquez des rumeurs de presse. Celles-ci sont cependant directement liées à la fin de la concession attribuée à la SEMMARIS, fin qui est prochaine et à l’occasion de laquelle nous devrons nous prononcer. Mais, au-delà de cette fin de concession, il y a des perspectives d’investissement, étant entendu que nous devons être capables de donner à la SEMMARIS le futur cadre pour la poursuite d’un service d’intérêt public auquel je suis personnellement particulièrement attaché.
Nous sommes en train de travailler pour faire en sorte que cette fin de concession débouche sur une solution. Vous avez rappelé le service d’intérêt général et public qui est rendu par la SEMMARIS. Vous en avez souligné les enjeux : le marché d’intérêt national de Rungis est le plus grand du monde d’après les derniers chiffres dont nous disposons, une véritable ville au sein de la ville, où se développent en particulier la vente et la promotion de produits français de qualité, et ce au niveau international, un lieu où beaucoup s’approvisionnent pour assurer l’alimentation de la région parisienne. Il s’agit donc d’un enjeu d’intérêt général, d’intérêt public auquel je suis, je le répète, attaché.
Cela étant dit, la prolongation de la concession et la forme qu’elle prendra sont en cours de discussion. Nous essayerons de trouver la meilleure formule pour que la SEMMARIS et le MIN de Rungis continuent à assurer le service majeur qu’ils offrent à toute la région parisienne.
M. le président. La parole est à Mme Laurence Cohen.
Mme Laurence Cohen. Monsieur le ministre, j’entends dans votre réponse votre attachement au MIN de Rungis et au service public. Considérez donc ma question comme un point d’appui, de même que le vœu des conseillers généraux unanimes, toutes sensibilités politiques confondues !
Nous savons notamment que le groupe Altarea, intéressé par la récupération de terrains en termes fonciers, exerce un important lobbying auprès des cabinets ministériels et des élus. Voilà mon souci. Vous soulignez votre attachement à ce grand marché d’intérêt public et cherchez une solution. La solution, je pense que vous l’avez entendue par ma voix, c’est de maintenir une participation très forte de l’État afin de maintenir ce marché, si je puis dire, sous son contrôle.
Par ailleurs, si ma question évoque des rumeurs véhiculées par voie de presse, celles-ci, vous le savez, monsieur le ministre, recèlent toujours une part de vérité…
M. Stéphane Le Foll, ministre. C’est vrai !
Mme Laurence Cohen. En tout cas, lorsque ce genre de rumeurs circule, il est important que les personnes directement intéressées, que ce soient les professionnels du marché, les élus, les actionnaires – je pense notamment à la Ville de Paris, au conseil général, à la Caisse des dépôts et consignations – et les Val-de-Marnais soient tout à fait informés. C’est selon moi le meilleur moyen d’exercer la démocratie et de trouver les meilleures solutions dans l’intérêt de nos concitoyens.

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