La réforme des rythmes scolaires sera-t-elle appliquée dans toutes les villes du Val de Marne à la rentrée de septembre ? Pour l’instant, l’épreuve de force perdure sur le terrain tandis que les annonces d’organisation fluctuent au jour le jour.
Ce jeudi 19 juin, plusieurs centaines de personnes (1000 selon les syndicats) se sont relayées devant la préfecture de Créteil pendant que le CDEN (Conseil départemental de l’Education nationale), instance consultative co-présidée par le préfet et le président du Conseil général, traitait de la question.
A l’extérieur, enseignants, agents territoriaux, parents d’élèves et élus locaux, se sont massés devant les grilles de l’hôtel départemental pour rappeler leur désapprobation. “Cette matinée est un temps fort à cause du CDEN mais beaucoup d’écoles se sont aussi mobilisées et sont fermées aujourd’hui” indique Hélène Houguer, secrétaire départementale SNUipp-FSU.
Nouvelle date butoir pour les élus le 26 juin
Au sein du CDEN, l’ambiance n’est pas au consensus. Le règlement actant de la nouvelle organisation des rythmes est rejeté à la majorité, par une partie des syndicats et les deux fédérations de parents d’élèves (PEEP et FCPE), mais le CDEN n’a qu’un rôle consultatif. Dans le détail des projets présentés, ce sont finalement 32 communes qui figurent à l’agenda. Des villes comme Vitry-sur-Seine, Chevilly-Larue ou Champigny-sur-Marne sont apparues dans la dernière ligne droite, même si à l’extérieur de la préfecture, leurs élus ne confirment pas forcément, tandis que d’autres ne figurent plus comme Chennevières-sur-Marne dont l’organisation impliquait le déroulement d’activités de la ville en parallèle de l’école, donc sous l’autorité et la responsabilité du directeur d’école. (Télécharger le détail des organisations qui ont été présentées lors du CDEN du 20 juin, voir aussi le récap des organisations mises à jour, validées ou non, ville par ville)
15 communes, qu’elles aient ou non déposé un projet, n’ont pas encore eu leur organisation validée par l’Education nationale. Pour les élus retardataires, une nouvelle date butoir est proposée, le jeudi 26 juin, pour proposer une organisation alternative à celle qui leur a été imposée en attendant, à savoir 9h-16h15 avec une pause de 2h le midi et classe le mercredi de 9h à 12h. Un nouveau CDEN se tiendra le jeudi 3 juillet pour être consulté sur les organisations définitives transmises par l’Education nationale.
Réforme des rythmes scolaires : lettre ouverte de parents d’élèves FCPE du groupe scolaire Cachin de Vitry sur Seine au Ministre de l’Éducation Nationale,
Monsieur le Ministre,
Las de deux années de discussions et de débats, vos récentes interventions dans les médias nous ont irrémédiablement poussés à vous interpeller sur la réalité de cette réforme des rythmes scolaires que vous défendez tant. Il est des affirmations que nous ne pouvons plus laisser dire sans réagir vertement.
Monsieur le Ministre, vous dites « Etudier cinq matinées au lieu de quatre, c’est, chaque semaine, un temps supplémentaire pour travailler dans de bonnes conditions, le matin étant le moment de la journée où l’attention des enfants est la plus soutenue. Désormais l’école s’adapte aux rythmes de l’enfant », et pas à ceux des adultes, « c’est une petite révolution ».
Où est la révolution Monsieur le Ministre ? De quoi parlons-nous ?
Faut-il que nous vous rappelions que ce que vous décrivez comme une révolution est la situation qui existait avant 2008 avec le Samedi matin comme cinquième matinée hebdomadaire de temps scolaire. Cette matinée du Samedi tant défendue par les parents et bon nombre d’enseignants à l’époque remplissait la fonction si bénéfique pour l’apprentissage des élèves que vous décrivez maintenant. Elle permettait aussi de tisser des liens plus forts entre les familles et l’école, notamment avec une plus grande possibilité de rencontres avec les enseignants et un plus grand investissement des parents dans la vie de l’école.
Cette matinée du Samedi a été supprimée et déjà en 2008 nous savions que cette suppression n’était faite que pour pouvoir imposer le mercredi matin travaillé quelques années après : la transition, par étapes, devait ainsi se faire plus en douceur et créer moins de contestations… c’était sans compter sur notre mémoire.
Le plus inquiétant, Monsieur le Ministre c’est que cette réforme, amorcée sous un gouvernement d’une autre couleur politique que la vôtre, vous la poursuivez sans faillir.
Nous ne refusons pas la réforme des rythmes scolaires. Bien au contraire, nous sommes complètement d’accord sur le bien-fondé de leur refonte, pour suivre les préconisations des chronobiologistes et médecins notamment. Allons plus loin même, osez Monsieur le Ministre les sept semaines travaillées suivies de deux semaines de vacances, sur toute l’année scolaire, comme il est aussi prescrit.
Mais la réforme actuelle pose problème. A quoi vont être consacrés les nouveaux temps périscolaire associés à cette réforme ? Que peut-on faire comme activité réellement efficace avec un groupe d’enfants lorsqu’on dispose d’une demi-heure ou trois quarts d’heure ? Nous savons très bien que les cinquante euros par élève promis aux communes disparaîtront rapidement dans les années qui viennent. Comment peut-on passer sous silence et ignorer que ces temps périscolaires vont être très disparates d’une commune à l’autre et que c’est l’argent à disposition (familles mises à contribution, directement ou indirectement via la hausse des impôts locaux) qui sera la force motrice dans cette affaire ? L’argent comme socle commun de l’école, en voilà une de révolution !
Remettre entre les mains des collectivités territoriales l’organisation du temps périscolaire imbriqué dans le temps scolaire implique que mécaniquement l’Éducation est en train de perdre son adjectif “Nationale”. La notion de gratuité et d’équité pour tous est aussi gravement remise en question. Monsieur le Ministre, nous ne sommes pas dupes, la réforme telle qu’elle a été mise en place, n’obéit qu’à des contingences économiques et pas au bien-être des enfants.
Le siècle des Lumières est bien loin de nous, mais rappelons-nous Monsieur le Ministre que l’école doit permettre à tous nos enfants d’être de futurs citoyens avertis et éclairés: elle ne doit donc faire l’objet d’aucune économie sur le dos des futures générations.
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