Un téléphone grand danger pour les femmes victimes de violences conjugales, un observatoire de l’enfance en danger, une commission de médiation pour analyser au cas par cas la situation des adolescents exclus à répétition de leur collège, des éducateurs de rue, de la vidéosurveillance… autant d’outils encadrés dans le cadre du nouveau plan départemental
de prévention de la délinquance signé ce jeudi 20 février par le préfet Thierry Leleu, la procureure de la République Nathalie Bécache et le président du Conseil général du Val de Marne, Christian Favier. Explications.
Rappel du contexte
Au niveau national, ce plan 2013-2017 s’inscrit dans le prolongement du plan national de prévention de la délinquance et d’aide aux victimes 2010-2012 qui comportait 50 mesures comme le développement de la vidéosurveillance, le déploiement d’équipes mobiles de sécurité et de référents sécurité dans les établissements scolaires, la création d’un comité national de soutien à la parentalité, de conseils des droits et des devoirs des familles, l’extension des guichets uniques pour les victimes… Ce plan plaçait le maire au centre du dispositif concernant la coordination entre les acteurs de la prévention, via notamment les CLSPD (conseils locaux de sécurité et de prévention de la délinquance). Un bilan de ce premier plan a été effectué dans le cadre d’un rapport au parlement, qui liste les objectifs des 50 mesures et leurs résultats. (Télécharger ce rapport).
La stratégie nationale de prévention de la délinquance 2013-2017 comprend trois programmes : le premier concerne la prévention de la délinquance des jeunes de 12 à 25 ans, le second la prévention des violences faites aux femmes, les violences intrafamiliales et l’aide aux victimes et le troisième l’amélioration de la tranquillité publique. Les deux premiers s’appuient sur une approche de plus en plus individualisée. Le troisième passe par le renforcement de la présence humaine sur le terrain et la vidéosurveillance. Concernant leur déclinaison locale, sont prévus des plans départementaux et des plans locaux qui impliquent à la fois davantage les Conseils généraux et cherchent également à aller jusqu’à l’échelon infra-communal pour traiter les problèmes spécifiques à un quartier. Cette politique publique est financée par le FIPD (Fonds interministériel de la prévention de la délinquance). Pour l’année 2014, le budget prévu est de 54,6 millions d’euros au niveau national. Il est de 52,9 millions d’euros en 2015. (Télécharge la présentation complète de cette nouvelle stratégie et le détail de ses fiches action)
Dans le Val de Marne
Dans le Val de Marne, la quote-part de ce budget FIPD est de 800 000 euros pour 2014, auxquels s’ajoutent 5,9 millions d’euros de crédit de la politique de la ville dédiés à la prévention de la délinquance. La signature de ce plan quinquennal par le préfet Thierry Leleu, la procureure de la République Nathalie Bécache et le président du Conseil général Christian Favier, scelle le partenariat et doit faciliter le décloisonnement entre ces trois entités. Certaines actions de ce plan sont déjà en place, d’autres sont à venir.
Educateurs de rue
Parmi les actions déjà en place par exemple : la prévention spécialisée sur le terrain par des éducateurs de rue. «Nous avons installé quatre nouvelles équipes et sommes passés de 110 à 146 éducateurs depuis 2011. Nous intervenons désormais dans 11 villes», précise Christian Favier.
Accompagner les ados virés de leur collège
Plus récente est l’installation d’un partenariat entre les services sociaux du Conseil général et l’Education nationale pour échanger sur les adolescents exclus plusieurs fois de leur établissement scolaire. «Une commission se réunit tous les deux mois et nous passons en revue tous les dossiers des jeunes pour envisager l’accompagnement le plus adapté, éducatif ou autre. Nous travaillons également avec la MDPH. (Maison départementale des personnes handicapées). Cette commission existe depuis un an et nous commençons à en percevoir les premiers résultats», explique Michèle Créoff, directrice générale adjointe des services du Conseil général en charge de l’enfance et de la famille. «L’approche individualisée est fondamentale», insiste Thiery Leleu.
Bus pour l’emploi
Certaines initiatives évoluent aussi au fil du temps, c’est le cas de l’action engagée pour favoriser les comportements civiques dans les transports en commun, autour des lignes 308 et du tramway T7 qui a évolué pour répondre à l’un des problèmes de fond : trouver du boulot. «Nous avons progressivement fait évoluer ce dispositif de prévention pour créer le bus itinéraires pour l’emploi», explique Michel Coronas, chef de cabinet du président du Conseil général. Durant deux semaines, il s’arrête dans les différentes villes situées sur la ligne pour proposer des espaces conseil destinés à faciliter la recherche d’emploi. (Voir article à ce sujet).
Violences faîtes aux femmes : analyser les mains courantes
Concernant les violences conjugales, une action déjà engagée par la justice du Val de Marne est l’analyse des mains courantes. «Nous avons demandé aux officiers de police d’apporter un œil critique sur les mains courantes déposées par les femmes, et de nous signaler tous les cas qui leur semblent sensibles, en les rassurant sur le fait que c’est bien nous et seulement nous qui prenons la responsabilité de suivre ou pas ces cas, ceci afin d’améliorer la prévention, explique Nathalie Bécache. Nous encourageons également les policiers à dédramatiser le fait de porter plainte car beaucoup de femmes ont peur de passer à l’acte. Nous accompagnons ensuite les victimes en nous appuyant sur le réseau associatif.»
Un téléphone grand danger pour les femmes victimes de violence conjugale
Une action qui n’a pas encore vu le jour et dont la convention sera signée au printemps est la mise en place d’un téléphone grand danger à destination des femmes identifiées comme les plus à risque. Ce téléphone leur permettra de contacter directement le service idoine de la police et d’être immédiatement reconnue dans leur situation d’urgence.
Un observatoire de l’enfance en danger
Autre initiative mise en place depuis six mois : la possibilité pour tout acteur en contact avec des enfants (du gardien d’immeuble aux enseignants en passant par les animateurs) de venir signaler un enfant en danger au sein de l’un des espaces départementaux de solidarité. (Télécharger le guide pour faire un signalement dans le 94). Cette action a également donné lieu à la création d’un observatoire de l’enfance en danger destiné à saisir plus finement les problèmes et réorienter en conséquence les moyens et les équipes.
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