Sept ans jour pour jour après la mort de l’abbé Pierre, fondateur du mouvement Emmaüs de lutte contre l’exclusion -et près de soixante ans après son célèbre appel aux dons (1er février 1954) pour construire des logements d’urgence, a été inaugurée ce mercredi 22 janvier une pension de famille à Alfortville, à l’emplacement même de la maison où l’abbé passa les dernières années de sa vie.
Tout le monde était au rendez-vous, des élus et parlementaires locaux au préfet du département, et c’est le président du Sénat, Jean-Pierre Bel, qui est venu couper le cordon.
Propriété de la fondation Abbé Pierre, le site réparti sur les 180 bis et 183 bis rue Vaillant Couturier, a été complètement refait sous l’égide du bailleur associatif social Freha, transformé en une pension de famille de 18 studios et baptisé “la Maison de l’abbé”.
Opérationnelle depuis cet été, la résidence s’ouvre sur un intérieur cosy, avec salon- bibliothèque, séjour et cuisine, gracieusement aménagés par le géant suédois du meuble. Des parties communes que les locataires ne sont pas obligés d’utiliser, disposant chacun d’un coin cuisine, mais qui incite à la socialisation entre résidents. Destinée aux personnes en grande précarité et parfois en rupture sociale avancée (plus de travail, paperasserie administrative pas du tout à jour, convalescence après une période de maladie, d’alcoolisme ou autres situations compliquées), la Maison de l’abbé est animée en permanence par une directrice et deux hôtes, qui accompagnent les locataires au quotidien. Des petits conseils qui vont de la préparation culinaire, pour réapprendre à s’alimenter de manière équilibrée, faire des repas… à de la recherche d’emploi. Dans la cuisine, des affichettes complètent cette pédagogie pour rappeler comment on remplit une lave-vaisselle, combien de temps garder tel ou tel produit au frais, dans quel bac du réfrigérateur… Les bâtiments répartis des deux côtés de la rue comprennent aussi une buanderie avec des machines à laver et un espace jardin.
Pour l’instant, la pension accueille quatorze personnes dont treize hommes et une femme. “Cela ne me pose pas de problème d’être la seule femme, assure Valérie. Ils sont tous sympas avec mois et je suis très contente de pouvoir discuter. C’est vrai qu’on peut pas parler chiffons mais je m’adapte, je m’intéresse au foot!”, indique-t-elle. Avant de s’installer ici, Valérie était dans une autre pension Emmaüs. Elle fait aussi partie des résidents qui ont un travail, mais si elle cherche à en changer.
Un peu intimidés par toute la foule venue inaugurer leur maison, Youssef et Djamel, eux, n’ont pas de travail pour l’instant. Leur premier objectif : se poser.
“Ici, on reste le temps qu’il faut. Cela peut-être un mois, mais aussi un an, cinq ans, ou même la vie, insiste Patrick Doutreligne, délégué général de la Fondation Abbé Pierre. Nous leur donnons la clef.” Les locataires paient un loyer allant de 366 euros pour un T1 ) 538 euros pour le T1 bis, hors APL (Allocations pour le logement).
La construction du bâtiment, qui a coûté 2,3 millions d’euros, a été financé par des subventions de l’Etat (25,5%), le Conseil régional (23%), la fondation Abbé Pierre (15%), le Conseil général (2,7%) et la communauté d’agglomération (2,3%), ainsi que par des prêts de la CDC (12,2%), Action logement Astria (10,7%) et Action logement Solendi (8,6%). La résidence reste la propriété de la fondation Abbé Pierre mais fait l’objet d’un bail emphytéotique (plus de 50 ans) avec le bailleur associatif social Freha.
oups! pas donner le loyer?
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