C’était vendredi 13 novembre, avant les attentats. A l’occasion de la semaine de la solidarité internationale, deux jeunes bacheliers nigériens ayant bénéficié au début de leur scolarité de l’école nomade touareg de Galelo, mise en place avec le soutien d’une asociation saint-mandéenne, venaient d’arriver du Niger après huit jours de voyage pour témoigner auprès d’élèves de 5e du collège Offenbach, avant dix jours de rencontres dans toute la France, invités par le Conseil départemental du Val-de-Marne.
Ce soir à partir de 19 heures à la salle de fête de la mairie de Saint-Mandé, une fête est organisée avec eux, avec la projection des films documentaires Menilmontant-Agadez d’une école à l’autre et des Touaregs à Paris réalisés par Luc Federmeyer (photo), le cinéaste et président de l’association Il était une fois dans l’Oued, qui soutient l’école.
Vendredi 13 novembre, c’est lors du cours d’histoire-géo que les 5ème 4 du collège Offenbach de Saint-Mandé ont reçu Ghaicha Atchoua et Ahmoudou Ousmane, âgés respectivement de 21 et 23 ans, venus comme ambassadeurs de l’école nomade de Galélo, un campement d’éleveurs touaregs des montagnes de l’Aïr au nord d’Agadez, au cœur du Sahara nigérien.
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Durant une heure, les questions des élèves de Saint-Mandé fusent. A quoi ressemble l’école, à 5000 kilomètres d’ici, dans l’un pays les plus pauvres au monde ? Ahmoudou, la tête enveloppée d’un chèche écru, le sabre traditionnel à la ceinture, détaille le quotidien des écoliers. Se rendre à l’école, c’est déjà une aventure : il faut se lever tôt le matin pour parcourir une dizaine de kilomètres dans le désert où la température est parfois basse, croiser des antilopes, affronter des tempêtes de sable. “Au Sahara, il y a des tempêtes de sable comme il y a des vagues dans la mer. Elles peuvent durer toute une journée, ce qui n’empêche pas les habitants de travailler, explique Ahmoudou. Nous y sommes habitués. Nous portons un chèche pour nous protéger.”
Les cours commencent à 8 heures et terminent à 13h30 le matin. Les élèves sont répartis en deux classes : le CE1-CE2 et le CM1-CM2. Ils apprennent le français, l’anglais, l’histoire, la géographie, pratiquent le sport. A la “cantine”, les enfants se nourrissent de riz et de mil, une céréale cultivée en Afrique. Au niveau des sanctions, on ne parle pas d’heures de colle mais des “oreilles”, une punition qui consiste à tenir ses oreilles en position accroupi, les jambes entremêlées. Un collégien s’y essaye … et semble préférer les “colles” !
Premier bachelier issu de l’école nomade, Ahmoudou, d’une famille de bergers, souhaite devenir avocat ou journaliste. Après avoir passé son primaire à Galelo, il a pu rejoindre le collège puis le lycée d’Etat d’Agadez. Ghaicha, quant à elle, a obtenu son diplôme d’infirmière et compte servir le petit dispensaire attenant à l’école.
Le temps file et les ambassadeurs ne répondront pas à toutes les questions des élèves, curieux et intéressés. A la fin du cours, trois adolescents sont initiés au port du chèche. Au Niger, il est réservé aux hommes. Avant de quitter la salle de cours, Ghaicha saisit le tambour et entonne un chant traditionnel. Toute la classe tape dans les mains. Et Ahmoudou se met à danser. Chez les Touaregs, les femmes jouent de la musique et les hommes dansent, expliquent-ils. Les trois élèves vêtus du chèche tentent de reproduire ses pas devant la classe. La sonnerie retentit au milieu de ce partage de tradition, avant que les collégiens déposent leur lettre destinés aux écoliers à plusieurs milliers de kilomètres.
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