Entre indigestion d’images TV et besoin de débattre, les lycéens vivent les après-attentats comme ils peuvent avec des professeurs qui font aussi comme ils peuvent.
Drapeaux en bernes, lectures de textes, minutes de silence, visionnage de documentaires et débats en classe : dans les établissements du Val-de-Marne, beaucoup de lycéens ont pu évoquer les attentats de ce vendredi 13 novembre de différentes manières. “La veille de la rentrée, la professeure a envoyé un mail aux délégués pour leur demander s’ils voulaient prendre la parole. Certains ont pleuré à la lecture de poèmes. J’avais moi-même apporté un message de l’écrivain Fuck It, partagé en masse sur les réseaux sociaux, que je n’ai pas réussi à lire à cause de l’émotion”, témoigne Anna, étudiante en BTS Communication au lycée Champlain, à Chennevières-sur-Marne. “Avant la minute de silence, on nous a lu la lettre du rectorat. Au départ, on était tous gênés… personne n’osait parler, finalement on a lancé le débat en classe. A 8 heures dans la cour lundi matin, c’était le silence total“, explique un élève du lycée Condorcet, à Saint-Maur-des-Fossés. “On a pris 45 minutes au début du cours pour expliquer la situation, je pense qu’il est normal d’en parler même si parfois, des professeurs sont trop touchés pour le faire“, note de son côté Nicolas, du lycée Champlain.
Tous les professeurs n’ont pas pris l’initiative de faire quelque chose, laissant quelques élèves dans l’incompréhension. “Les événements sont choquants, j’aurais aimé qu’on en parle en cours, j’ai besoin d’être rassurée” , témoigne une autre élève de Champlain. “On attend des explications? J’espère qu’on va en parler en classe ce jeudi. Pour l’instant, ils ne nous considèrent pas comme assez grands pour comprendre“, regrettent Grégory et Lucas, élèves de seconde. Une élève de première regrette pour sa part que le cours de lundi midi se termine plus tôt à cause de la minute de silence, qu’elle aurait préféré respecter en classe.
“C’était évident qu’on en parlerait au lycée, on a tous suivi le déroulement des événements ce weekend“, témoigne Sofia, scolarisée au lycée Guillaume Budé de Limeil-Brévannes. “Un prof nous a passé une vidéo bien faite qu’il a trouvé sur Internet pour nous expliquer ce qui se passe en Syrie, mais nous, c’est ici, en France, qu’on a peur“, ajoute-t-elle.
Accros aux réseaux sociaux, aux vidéos sur Internet et à la consommation massive des différents médias, notamment de la télévision, plusieurs lycéens témoignent aussi de leur saturation. “Des gens ont filmé les attentats presque en direct, et on a tout vu au JT. Ce n’est pas facile à supporter, même si rien ne nous y oblige, mais on veut comprendre et aussi essayer de voir par nous-mêmes ce qui s’est passé” , confesse Antony, inscrit en 1ère ES à Budé. “Je suis accro à Twitter, j’avoue, et j’ai passé une bonne partie de mon samedi à échanger avec des gens que je ne connaissais même pas, juste pour avoir des infos, dont on n’est jamais sûr de l’authenticité“, explique Elie, du lycée Edouard Branly à Créteil.
“On tombe un peu dans le jeu : on est scotché sur la télé pendant des heures mais on veut en savoir plus, quitte à tomber sur des images traumatisantes, commente un surveillant. C’était pareil au moment des attentats de Charlie, tout le monde ne parlait que de cela… Là,c’est Charlie x 10…“
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