Environnement | | 01/05/2015
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Avis contrastés sur l’abandon de l’Autoroute ferroviaire atlantique

Avis contrastés sur l’abandon de l’Autoroute ferroviaire atlantique

ferroutageFin de partie pour le projet d’autoroute ferroviaire atlantique (Afa), qui devait transporter les semi-remorques de Bayonne (Tarnos) à Lille (Dourges) dès 2016, au lieu de circuler sur l’autoroute. Un tracé d’un millier de km qui cheminait dans le Val de Marne depuis Ablon-sur-Seine jusqu’à la grande ceinture à partir de Sucy-Bonneuil pour remonter vers Noisy-le-Sec et Bobigny.

C’est Alain Vidalies, secrétaire d’Etat aux Transports, qui a annoncé l’abandon du projet sur France Bleu Gascogne jeudi 30 avril. Un renoncement expliqué d’une part en raison du coût du projet, s’appuyant sur l’avis négatif du Commissariat général à l’investissement, lequel considérait que ce projet profitait davantage à l’Europe qu’à la France, “ce qui pourrait justifier une contribution européenne substantielle au financement” et préconisait plutôt 2030 comme date optimale de mise en service de cette autoroute ferroviaire, ce qui permettrait de bénéficier d’un retour d’expérience plus complet de l’autoroute Perpignan-Luxembourg. (Conclusions à lire en page 4 du rapport) Alain Vidalies a d’autre part reconnu que les conséquences en matières d’environnement et les nuisances pour les riverains n’avaient pas été suffisamment prises en compte lors de l’enquête publique.

Ce projet avait  fait l’objet de deux enquêtes publiques en 2014, une première au printemps, qui avait oublié 25 villes concernées dans la région parisienne, dont plusieurs du Val-de-Marne (Saint-Maur-des-Fossés, Champigny-sur-Marne, Limeil-Brévannes, Bonneuil-sur-Marne, Nogent-sur-Marne, Sucy-en-Brie, Le Perreux-sur-Marne, Fontenay-sous-Bois, Ormesson-sur-Marne, Chennevières-sur-Marne, Bry-sur-Marne), et une seconde au mois de juillet, passée inaperçue dans beaucoup de communes. Ces enquêtes avaient donné lieu à un avis favorable assortis de recommandations, notamment pour mettre en oeuvre une vraie concertation avec les riverains.
Voir les conclusions de la première enquête.
Voir les conclusions de la seconde enquête.
Voir tous les éléments relatifs au projet et aux enquêtes publiques.

L’Autorité environnementale avait également rendu un avis en décembre 2012, suggérant de préciser l’analyse socio-économique du projet et recommandant plusieurs études complémentaires ou éclaircissements concernant les impacts en termes de  bruit et de vibrations ainsi que de transport des matières dangereuses.
Voir l’avis de l’Autorité environnementale

En juillet 2014, l’Autorité de régulation des activités ferroviaires (Araf) avait rendu un avis négatif sur l’accord cadre du contrat de concession de service public accordé pour 17 ans à une filiale de la SNCF pour exploiter la ligne. L’Araf pointait la saturation de la ligne, déjà empruntée par le TGV, dénonçait un montage financier déséquilibré aux dépens de RFF (Réseau ferré de France) et s’interrogeait sur les risques de concurrence inéquitable induits par la mise en place d’une concession de service public.
Voir l’avis de l’Araf

Les élus locaux se réjouissent pour leur cadre de vie

Dans le Val-de-Marne, plusieurs élus locaux s’étaient prononcés contre ce projet lors de l’enquête publique, pour des raisons d’impact sur le cadre de vie, et se sont félicités de l’abandon du projet dès son annonce ce jeudi 30 avril.

Daniel Guérin
Conseiller régional, départemental et municipal de Villeneuve-le-Roi, Daniel Guérin (MRC) a immédiatement salué cette décision. “Si je suis, bien sûr, favorable au développement du fret ferroviaire et au transfert route-fer, cela ne peut se faire au détriment des riverains de ces infrastructures”, indique l’élu qui regrettait que l’Afa traverse la zone dense francilienne au lieu de la contourner. “C’était absurde et inacceptable pour les habitants et leurs élus. A Villeneuve-le-Roi et à Ablon-sur-Seine, par exemple, il était prévu que l’autoroute ferroviaire passe en pleine zone urbanisée sans aucune protection des riverains.”

Didier Gonzales
Didier Gonzales, maire UMP de la ville, s’est également réjoui, qui avait  dénoncé, de manière détaillée,  les nuisances supplémentaires pour les habitants de la ville lors de l’enquête publique,  évoquant “le manque de concertation préalable avec les décideurs locaux“,  “l’imprécision quant au tracé de la future autoroute et son passage ou non sur la commune de Villeneuve-le-Roi”, et exigeant la réalisation d’une étude précise pour déterminer les nuisances “en termes de bruit et de vibrations pour les riverains et pour les bâtiments” et encore une meilleure prise en compte des risques technologiques alors que la ville accueille déjà un site Seveso II avec le dépôt pétrolier, s’interrogeant sur le type de marchandise transportée.

Le maire de la ville pointe également les incohérences qui avaient été relevées par l’autorité environnementale dans son rapport du 19 décembre 2012. “Parle-t-on de 3 allers retours quotidiens ou de 25 ? De deux choses l’une. Soit le trafic s’élevait réellement à 3 ou 4 allers retour par jour et la viabilité économique du projet était plus qu’incertaine (c’est d’ailleurs l’argument mis en avant aujourd’hui par le Gouvernement) soit les prévisions de trafic étaient beaucoup plus élevées et alors les études d’impacts largement sous évaluées…” Enfin, l’élu, qui milite pour la réduction des vols au-dessus de l’aéroport d’Orly, s’inquiétait d’un surplus de nuisance sonore, craignant le passage des trains pendant les heures du couvre-feu aérien (interdiction d’atterrir ou décoller d’Orly entre 23h30 et 6h).

Sylvain Berrios
A Saint-Maur-des-Fossés, le député-maire UMP Sylvain Berrios s’est également félicité de l’abandon du projet alors que la ligne dédiée au fret devait passer par Chennevières mais prévoyait également une voie de délestage par Saint-Maur. L’élu rappelle que la ville avait été oubliée par par la première enquête publique et s’était opposée au projet lors de la seconde enquête, invoquant “l’imprécision du tracé et le manque d’informations sur les travaux d’adaptation des voies” et demandant “des garanties sur la nature des nuisances potentielles, sonores ou vibratoires“. “Lors du Conseil municipal de février, la ville avait délibéré contre le projet, soutenue par les habitants et notamment par les riverains du quartier de Champignol“, rappelle également Sylvain Berrios.

Quelle alternative ?

Laurence Abeille
Pour Laurence Abeille, députée EELV du Val-de-Marne, le projet était financièrement un peu acrobatique et certains aspects un peu compliqués à gérer comme la coexistence du TGV et du fret sur une même ligne. “Les impacts environnementaux n’ont pas été assez travaillés”, souligne également l’élue qui défend en revanche le principe. “Si le gouvernement décide de réorienter les taxes pour financer ce type d’infrastructure d’avenir, c’est faisable et très intéressant pour baisser le nombre de camions sur les routes. Mais l’abandon de la taxe poids lourds, le refus de supprimer la niche fiscale diesel, ne vont pas dans ce sens. Il y a des grands projets utiles et écolos ; c’est le défi à relever alors que nous allons accueillir la conférence climat !”, réagit la députée.

Voir aussi l’avis de Christian Favier, président PCF du Conseil départemental du Val-de-Marne.

La Fnaut dénonce un renoncement au profit du lobby routier

La Fédération des usagers des transports en Ile de France (FNAUT IDF) dénonce au contraire cet abandon. “375 millions € d’argent public : c’est moins de la moitié de la somme qui sera versée par l’Etat à la société Ecomouv suite à l’abandon de l’écotaxe… La Fnaut rappelle qu’un centime de taxe additionnelle sur le gazole peut rapporter 400 millions d’euros par an à l’Etat“,  souligne la fédération d’usagers, regrettant l’abandon d’un projet “susceptible d’absorber un trafic de 85 000 poids lourds par, soit 7% du trafic sur 1000 km entre le Pas-de-Calais et les Landes.”

Concernant le calcul de la rentabilité financière, la Fnaut dénonce des conditions de concurrence inéquitable entre le rail et la route, rappelant le non respect du droit du travail et du code de la route de certains transporteurs routiers, et appelant à envisager une rentabilité socio-économique prenant en compte la diminution de la pollution de l’air, de la congestion de voirie, des accidents…

Concernant l’aspect environnemental, la Fnaut rappelle que les riverains des grands axes routiers, notamment en zone urbaine, sont aussi gênés et considère que le gouvernement a fait passer les intérêts du lobby routier avant ceux de la population.

 

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