Fin de partie pour le projet d’autoroute ferroviaire atlantique (Afa), qui devait transporter les semi-remorques de Bayonne (Tarnos) à Lille (Dourges) dès 2016, au lieu de circuler sur l’autoroute. Un tracé d’un millier de km qui cheminait dans le Val de Marne depuis Ablon-sur-Seine jusqu’à la grande ceinture à partir de Sucy-Bonneuil pour remonter vers Noisy-le-Sec et Bobigny.
C’est Alain Vidalies, secrétaire d’Etat aux Transports, qui a annoncé l’abandon du projet sur France Bleu Gascogne jeudi 30 avril. Un renoncement expliqué d’une part en raison du coût du projet, s’appuyant sur l’avis négatif du Commissariat général à l’investissement, lequel considérait que ce projet profitait davantage à l’Europe qu’à la France, “ce qui pourrait justifier une contribution européenne substantielle au financement” et préconisait plutôt 2030 comme date optimale de mise en service de cette autoroute ferroviaire, ce qui permettrait de bénéficier d’un retour d’expérience plus complet de l’autoroute Perpignan-Luxembourg. (Conclusions à lire en page 4 du rapport) Alain Vidalies a d’autre part reconnu que les conséquences en matières d’environnement et les nuisances pour les riverains n’avaient pas été suffisamment prises en compte lors de l’enquête publique.
Ce projet avait fait l’objet de deux enquêtes publiques en 2014, une première au printemps, qui avait oublié 25 villes concernées dans la région parisienne, dont plusieurs du Val-de-Marne (Saint-Maur-des-Fossés, Champigny-sur-Marne, Limeil-Brévannes, Bonneuil-sur-Marne, Nogent-sur-Marne, Sucy-en-Brie, Le Perreux-sur-Marne, Fontenay-sous-Bois, Ormesson-sur-Marne, Chennevières-sur-Marne, Bry-sur-Marne), et une seconde au mois de juillet, passée inaperçue dans beaucoup de communes. Ces enquêtes avaient donné lieu à un avis favorable assortis de recommandations, notamment pour mettre en oeuvre une vraie concertation avec les riverains.
Voir les conclusions de la première enquête.
Voir les conclusions de la seconde enquête.
Voir tous les éléments relatifs au projet et aux enquêtes publiques.
L’Autorité environnementale avait également rendu un avis en décembre 2012, suggérant de préciser l’analyse socio-économique du projet et recommandant plusieurs études complémentaires ou éclaircissements concernant les impacts en termes de bruit et de vibrations ainsi que de transport des matières dangereuses.
Voir l’avis de l’Autorité environnementale
En juillet 2014, l’Autorité de régulation des activités ferroviaires (Araf) avait rendu un avis négatif sur l’accord cadre du contrat de concession de service public accordé pour 17 ans à une filiale de la SNCF pour exploiter la ligne. L’Araf pointait la saturation de la ligne, déjà empruntée par le TGV, dénonçait un montage financier déséquilibré aux dépens de RFF (Réseau ferré de France) et s’interrogeait sur les risques de concurrence inéquitable induits par la mise en place d’une concession de service public.
Voir l’avis de l’Araf
Les élus locaux se réjouissent pour leur cadre de vie
Dans le Val-de-Marne, plusieurs élus locaux s’étaient prononcés contre ce projet lors de l’enquête publique, pour des raisons d’impact sur le cadre de vie, et se sont félicités de l’abandon du projet dès son annonce ce jeudi 30 avril.
Conseiller régional, départemental et municipal de Villeneuve-le-Roi, Daniel Guérin (MRC) a immédiatement salué cette décision. “Si je suis, bien sûr, favorable au développement du fret ferroviaire et au transfert route-fer, cela ne peut se faire au détriment des riverains de ces infrastructures”, indique l’élu qui regrettait que l’Afa traverse la zone dense francilienne au lieu de la contourner. “C’était absurde et inacceptable pour les habitants et leurs élus. A Villeneuve-le-Roi et à Ablon-sur-Seine, par exemple, il était prévu que l’autoroute ferroviaire passe en pleine zone urbanisée sans aucune protection des riverains.”
Didier Gonzales, maire UMP de la ville, s’est également réjoui, qui avait dénoncé, de manière détaillée, les nuisances supplémentaires pour les habitants de la ville lors de l’enquête publique, évoquant “le manque de concertation préalable avec les décideurs locaux“, “l’imprécision quant au tracé de la future autoroute et son passage ou non sur la commune de Villeneuve-le-Roi”, et exigeant la réalisation d’une étude précise pour déterminer les nuisances “en termes de bruit et de vibrations pour les riverains et pour les bâtiments” et encore une meilleure prise en compte des risques technologiques alors que la ville accueille déjà un site Seveso II avec le dépôt pétrolier, s’interrogeant sur le type de marchandise transportée.
Le maire de la ville pointe également les incohérences qui avaient été relevées par l’autorité environnementale dans son rapport du 19 décembre 2012. “Parle-t-on de 3 allers retours quotidiens ou de 25 ? De deux choses l’une. Soit le trafic s’élevait réellement à 3 ou 4 allers retour par jour et la viabilité économique du projet était plus qu’incertaine (c’est d’ailleurs l’argument mis en avant aujourd’hui par le Gouvernement) soit les prévisions de trafic étaient beaucoup plus élevées et alors les études d’impacts largement sous évaluées…” Enfin, l’élu, qui milite pour la réduction des vols au-dessus de l’aéroport d’Orly, s’inquiétait d’un surplus de nuisance sonore, craignant le passage des trains pendant les heures du couvre-feu aérien (interdiction d’atterrir ou décoller d’Orly entre 23h30 et 6h).
A Saint-Maur-des-Fossés, le député-maire UMP Sylvain Berrios s’est également félicité de l’abandon du projet alors que la ligne dédiée au fret devait passer par Chennevières mais prévoyait également une voie de délestage par Saint-Maur. L’élu rappelle que la ville avait été oubliée par par la première enquête publique et s’était opposée au projet lors de la seconde enquête, invoquant “l’imprécision du tracé et le manque d’informations sur les travaux d’adaptation des voies” et demandant “des garanties sur la nature des nuisances potentielles, sonores ou vibratoires“. “Lors du Conseil municipal de février, la ville avait délibéré contre le projet, soutenue par les habitants et notamment par les riverains du quartier de Champignol“, rappelle également Sylvain Berrios.
Quelle alternative ?
Pour Laurence Abeille, députée EELV du Val-de-Marne, le projet était financièrement un peu acrobatique et certains aspects un peu compliqués à gérer comme la coexistence du TGV et du fret sur une même ligne. “Les impacts environnementaux n’ont pas été assez travaillés”, souligne également l’élue qui défend en revanche le principe. “Si le gouvernement décide de réorienter les taxes pour financer ce type d’infrastructure d’avenir, c’est faisable et très intéressant pour baisser le nombre de camions sur les routes. Mais l’abandon de la taxe poids lourds, le refus de supprimer la niche fiscale diesel, ne vont pas dans ce sens. Il y a des grands projets utiles et écolos ; c’est le défi à relever alors que nous allons accueillir la conférence climat !”, réagit la députée.
Voir aussi l’avis de Christian Favier, président PCF du Conseil départemental du Val-de-Marne.
La Fnaut dénonce un renoncement au profit du lobby routier
La Fédération des usagers des transports en Ile de France (FNAUT IDF) dénonce au contraire cet abandon. “375 millions € d’argent public : c’est moins de la moitié de la somme qui sera versée par l’Etat à la société Ecomouv suite à l’abandon de l’écotaxe… La Fnaut rappelle qu’un centime de taxe additionnelle sur le gazole peut rapporter 400 millions d’euros par an à l’Etat“, souligne la fédération d’usagers, regrettant l’abandon d’un projet “susceptible d’absorber un trafic de 85 000 poids lourds par, soit 7% du trafic sur 1000 km entre le Pas-de-Calais et les Landes.”
Concernant le calcul de la rentabilité financière, la Fnaut dénonce des conditions de concurrence inéquitable entre le rail et la route, rappelant le non respect du droit du travail et du code de la route de certains transporteurs routiers, et appelant à envisager une rentabilité socio-économique prenant en compte la diminution de la pollution de l’air, de la congestion de voirie, des accidents…
Concernant l’aspect environnemental, la Fnaut rappelle que les riverains des grands axes routiers, notamment en zone urbaine, sont aussi gênés et considère que le gouvernement a fait passer les intérêts du lobby routier avant ceux de la population.
Raymond voud avez entiérement raison quand vous dites que en France nous ne savons pas gerer les programmes d’interets générales. Mais tant que la gestion de l’europe serat confir à des myopes qui ne voient que les profits à courts termes comment voulez-vous que l’on gére des programmes d’interet généraux dont la rentabilité (amélioration de conditions de vie de million de personnes, diminution de la pollution par exemple) n’apparaitra dans aucun tableau excel. Ajouter à cela le déomogogie de tous les élus qui ne sont préoccupés que par un chose garder leur postes.
pourquoi ne pas utiliser le cabotage, un liaison maritime entre Hendaye et Roterdam come cela se fait en Norvége avec l’express cotier
J’avais publié un commentaire, qui a disparu probablement suite à une erreur de manipulation, ou au fait que j’avais inséré un lien …
.
Il y a un projet européen des ‘autoroutes de la mer’ qui démarre difficilement : Istambul Toukon, Istambul Marseille et Espagne (ou ? ) Bretagne. Ce dernier ne semble pas avoir trouvé son équilibre financier, tout comme une liaison Angleterre Bretagne.
.
En fait , les flux de trafic de poids lourds en France sont Espagne – Europe du Nord et France – Europe centrale. Il s’agit donc bien de projets européens, en liaison avec un futur Transsibérien modernisé.
.
Bien entendu, il faut d’abord assurer la tranquilité des riverains, par des travaux d’insonorisation, puis assurer une montée en charge progressive mais autoritaire, comme en Suisse.
.
Prenons exemple sur les américains : voir le lien Youtube train de marchandise USA, en prenant bien conscience que chaque container, c’est un poids lourd en moins sur les routes !!!
.
En France, et en Europe, on ne sait plus gérer des programmes d’intérêt général …
Il y a un projet européen baptisé ‘les autoroutes de la mer’, qui se développe difficilement. Trois lignes à ma connaissance : Istambul toulon, Istambul Marseille et Espagne (où ? ) Nantes. Ce dernier semble ne pas trouver d’équilibre économique, tout comme une liaison qui reliait l’Angleterre à la Bretagne.
.
En fait, le trafic de poids lourds en France relie principalement l’Espagne à l’Europe du nord, et la France à l’Europe de l’Est. Il s’agit bien d’une infrastructure européenne rail qui pourrait réduire ce trafic.
.
En France, et en Europe, on ne sait plus gérer des projets d’intérêt général ; bien sur il faut d’abord assurer la tranquillité des riverains par des travaux d’insonorisation, puis réaliser une montée en charge progressive, mais autoritaire comme l’ont fait les Suisses.
.
Prenons exemple sur les américains, à l’échelle de l’Europe, mais aussi du Transsibérien :
https://www.youtube.com/watch?v=fdgNhu4ykzY
Prenez bien conscience que chaque container, c’est un poids lourd de moins sur les routes !!!
Dans ce train, il y a 140 wagons, plus de la moitié transportant deux containers. Cela fait à peu près 200 poids lourds en moins sur les routes !!!
Comme il se doit, la municipalité de St Maur, qui est contre tout projet qui dépasse ses frontières, se réjouit de l’abandon d’un projet de transfert de marchandise de la route vers le rail. St Maur se fiche éperdument de la notion d’intérêt général, génétiquement absente de cette commune. Bien entendu, elle s’oppose aussi au passage des camions. La seule chose qui est demandée est que ‘cela passe chez les autres’ ! Tout cela est méprisable, tout comme l’opposition systématiques aux transports en commun.
.
Une attitude intelligente aurait consisté, pour ces deux projets, à négocier l’implantation préalable de protections anti bruit, ainsi que la rénovation des rails et du revêtement routier. St Maur est une ville en déclin, une ville dortoir pour vieux riches.
.
Aux USA, 45 % des marchandises sont transportées par le rail !
Encore une fois et comme dans le cas du Duplex A86 qui passe en souterrain et est interdite au poids lourds à l’Ouest, des maires de droite se félicitent de la préservation de la qualité de vie de leurs administrés….
En revanche on n’entend pas sur ce sujet Jean-François Voguet, maire de Fontenay-sous-Bois, dont les administrés habitant les quartiers du Val et des Alouettes subissent au quotidien le trafic poids lourds et les bouchons engendrés par le tunnel de Nogent en amont de celui-ci…
A quand une prise de positions du maire de Fontenay-sous-Bois mais aussi des maires de Rosny-sous-Bois, Bondy, Aulnay-sous-Bois, ……. sur ce sujet du trafic de transit poids lourds sur leurs communes ?
N'envoyez que des photos que vous avez prises vous-même, ou libres de tout droit. Les photos sont publiées sous votre responsabilité.