Sécurité | | 28/01/2015
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Champigny poursuit la reconquête de ses cités HLM

Champigny poursuit la reconquête de ses cités HLM

Mordacs ChampignyQuelle présence humaine intermédiaire entre les patrouilles de police et les animateurs dans les cités sensibles? Champigny devrait expérimenter cette année un dispositif de présence humaine inspiré du celui qui existe à Paris. Explications et rappel du contexte.

Rénovation urbaine, présence renforcée de la police nationale, démantèlement de réseaux de trafic de drogue… depuis plusieurs années, les initiatives locales et nationales se sont conjuguées pour améliorer le quotidien dans les cités campinoises, des Boullereaux au Bois l’Abbé en passant par les Mordacs. Incivilités et persistance de certains délits continuent en revanche d’irriter des habitants au quotidien, qui nécessiteraient une présence humaine accrue en plus de la police. Pour l’organiser, Champigny pourrait s’inspirer de Paris où plusieurs bailleurs sociaux se sont associés depuis 2004 au sein d’un GIE, Groupement parisien inter-bailleurs de surveillance (GPIS), financé en partie par la ville. Ce service organise des rondes quotidiennes y compris de nuit et intervient sur appel téléphonique en cas de troubles de la tranquillité. Une convention avec la préfecture de police permet une intervention rapide de celle-ci en cas d’appel du GPIS. Une initiative que Champigny-sur-Marne aimerait développer à sa manière dans les mois qui viennent, dans le cadre de son contrat local de sécurité.

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Un dispositif de présence humaine pour Champigny aussi

Les locataires des HLM campinois appartenant à l’office Paris Habitat cotisent du reste déjà pour le GPIS, à raison d’une centaine d’euros par an, sans en bénéficier puisqu’il est organisé à Paris, explique le maire PCF de la ville, Dominique Adenot. “A raison de 2700 logements, cela fait un budget de 270 000 euros, de quoi payer plusieurs salaires“, calcule l’élu qui aimerait récupérer cette somme pour développer un dispositif de présence humaine propre aux cités des Mordacs et du Bois l’Abbé, en coopération avec les autres bailleurs sociaux et avec le cofinancement de la ville. L’objectif :  régler des problèmes qui ne relèvent pas forcément de la police mais irritent les habitants au quotidien comme l’occupation bruyante de halls ou de couloirs, ou la musique

Dominique Adenot
trop forte dans la nuit. “Dans les réunions citoyennes que nous organisons, les habitants font remonter cet agacement suscité par les personnes désoeuvrées qui vivent un peu à l’envers, font du bruit quand les autres dorment“, explique le maire. “Des petits trafics se mettent en place dans les halls du quartier. Cela crée des nuisances : les jeunes occupent les lieux, font du bruit, salissent les parties communes, il y a beaucoup d’allées et venues… Mais jamais de méchanceté, en tout cas pas avec moi“, témoigne par exemple Marie-Louise, 36 ans. En réflexion, le dispositif souhaite s’inspirer des bonnes pratiques développées par les différents bailleurs, notamment dans le travail avec les gardiens, maillons essentiels du vivre ensemble dans les cités.

Mordacs2

Sécurité renforcée et rénovation urbaine donnent leurs premiers fruits

Avec le démantèlement de plusieurs filières, le trafic massif de drogue qui sévissait il y a quelques années aux Boullereaux est révolu même si le petit trafic perdure en plusieurs points de chaque cité. Le renforcement de la présence policière dans le cadre de la ZSP (Zone de sécurité prioritaire) du Bois l’Abbé (la seule du département), initiée en 2012 et dont les méthodes ont été étendues aux Mordacs début 2014, ont aussi amélioré la sécurité.

Philippe Perez
Nous réalisons des patrouilles quotidiennes à des horaires aléatoires et intervenons à chaque appel“, explique le commissaire Philippe Perez. “L’activité de la police s’est accrue. Alors que 70 personnes étaient mises en cause en 2013 sur le territoire de Cité des Mordacs, 141 l’ont été en 2014“, précise la préfecture. “Je n’ai pas été cambriolée une seule fois en 2014“, se réjouit la pharmacienne du petit quartier commerçant des Mordacs alors que le préfet du Val de Marne, Thierry Leleu, est venu faire le point sur la situation ce mercredi 28 janvier, un an après l’extension des méthodes ZSP du Bois l’Abbé aux Mordacs. En 2013, la pharmacie avait été cambriolée trois fois.

Pharmacie Mordacs

Progressivement, la restructuration du quartier prend forme, qui a bénéficié d’une importante opération de renouvellement urbain avec une future résidence en accession à la propriété et des nouveaux équipements publics comme la Maison pour tous. Les rues ont été réaménagées et un centre commerçant, espace commercial EPARECA, créé, avec pharmacie, supérette, coiffeur, tout nouveau boucher, boulanger… Le bar-tabac pourrait même rouvrir d’ici quelques mois ainsi que le parking souterrain, désormais équipé de vidéosurveillance. “Depuis qu’il y a eu des travaux, le quartier est beaucoup plus accueillant et donne envie de venir faire ses achats ici. Il y a dix ans, ça ressemblait plus à un ghetto, les gens évitaient de passer par ici”, reconnaît Christiane, 45 ans, de passage dans le quartier après y avoir habité.

Boulangerie Mordacs

L’équilibre reste néanmoins fragile. Petits trafics, occupations -même plus ponctuelles- de halls, bruit… continuent d’être constatés régulièrement par les habitants, parfois exaspérés. Et le désoeuvrement ne touche pas ici que les gamins. “Un phénomène spécifique aux Mordacs est que ce-sont aussi des adultes d’une quarantaine d’années et qui ont grandi ici, qui contribuent aux nuisances”, relève le maire de la ville. C’est dans ce contexte que le dispositif de présence humaine en réflexion cherche à s’inscrire, comme une maille complémentaire pour retisser la ville.

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