Au-delà des contours des conseils de territoire, la question de qui fait quoi dans la métropole du Grand Paris suscite tout autant de débats. Par exemple : qui gérera les réseaux de géothermie*? Le Val-de-Marne est le plus concerné des départements.
Il comprend à lui seul une vingtaine de réseaux et la géothermie représente plus d’un tiers de sa production de chaleur. Le réseau de L’Haÿ-les-Roses, Chevilly-Larue et Villejuif, initié dès 1984, est même le plus important d’Europe.
*Pour rappel, la géothermie en Ile de France repose sur le forage du Dogger, un gisement d’eau chaude situé à 1,6 km de profondeur. L’eau puisée via ces profonds puits arrive à une température comprise entre 55 et 75 degrés dans des centrales, échangeurs thermiques, pour transmettre la chaleur de l’eau géothermale (salée et corrosive) vers un circuit d’eau propre et non polluante, le réseau de chauffage urbain. L’eau est ensuite rejetée dans le Dogger via un second puit tandis que l’eau du réseau de chauffage urbain va ensuite alimenter en chauffage les bâtiments avec des étapes intermédiaires dans des chaufferies d’appoint qui ajustent la température avec du chauffage au gaz. Grâce à ce système, en moyenne 60% du chauffage est issu de la chaleur naturelle du Dogger, les 40% restant correspondent au complément de chauffage au gaz.
Depuis le début des discussions sur la métropole, le transfert de la compétence réseaux de chaleur et de froid a fait plusieurs aller-retours entre proposition du gouvernement et rejet par les parlementaires. Alors que la loi Notre, qui doit définir précisément le contenu de la métropole, a commencé son second examen par le Sénat, le sujet pourrait à nouveau être évoqué. C’est dans ce contexte que les villes de L’Haÿ-les-Roses, Villejuif et Chevilly-Larue ont pris les devants en publiant un communiqué commun demandant au gouvernement de respecter la position adoptée jusqu’à présent par les parlementaires.
“Réintroduire cette disposition serait un non-sens écologique et économique”, insistent les maires des trois communes. “Ecologique, car la géothermie est une énergie locale qui fonctionne sur le principe de l’épuisement de la température en relation avec la distance. Elle ne se prête donc pas à une interconnexion à une très grande échelle des réseaux existants, qui serait totalement inefficace. La géothermie doit au contraire être gérée dans une logique de développement local. Economique, car il pourrait se traduire par un renchérissement très important de cette énergie locale. Sur le territoire métropolitain co-existent plusieurs dizaines de réseaux de chaleur à sources d’énergie différentes, dont 3/4 sont des énergies fossiles, avec des grilles tarifaires et des modes d’exploitation très différents. Fondre notre réseau avec ces autres réseaux risque de nous faire perdre le bénéfice de la TVA à taux réduit, à laquelle nous avons droit en tant qu’énergie renouvelable. Résultat : des factures d’énergie à la hausse pour nos concitoyens, et des énergies renouvelables pénalisées au profit des énergies fossiles !”, préviennent les élus.
“Nous souscrivons totalement aux objectifs de la COP 21 de faire reculer les émissions de gaz à effet de serre et y contribuons au quotidien dans nos gestions locales. Si enjeu métropolitain il y a en matière énergétique, ce doit être comme un moyen technique et financier de multiplier et étendre les réseaux locaux, et non de priver les collectivités locales de leur capacité d’initiative“, concluent ainsi Stéphanie Daumin, maire PCF de Chevilly-Larue, Vincent Jeanbrun, conseiller départemental-maire UMP de L’Haÿ-les-Roses et Franck Le Bohellec, maire UMP de Villejuif.
N'envoyez que des photos que vous avez prises vous-même, ou libres de tout droit. Les photos sont publiées sous votre responsabilité.