Un service de l’Education nationale dédié à la formation tout au long de la vie, tel est l’objet du Greta qui fête ses 40 ans. Retour sur cette institution particulière et ses défis actuels avec son directeur pour l’Académie de Créteil, Jacques Chéritel.
Dans le Val de Marne, 12 000 personnes suivent chaque année un stage dans l’un des deux Greta (groupement d’établissements) du département, le GTMI dédié aux métiers industriels et du bâtiment et le GTME dédié aux activités de service. Les Greta s’occupent à la fois de formation continue, de bilan de compétence et de validation des acquis par l’expérience. Autonomes dans leur financement, ils s’adressent aussi bien aux individus directement qu’aux entreprises et organismes employeurs et encore aux collectivités territoriales, et interviennent du niveau le plus faible -jusqu’à l’accompagnement en cas de décrochage scolaire, à la licence professionnelle (Infra V à II dans le jargon officiel des niveaux de qualification).
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C’est la loi Delors de 1971 qui instaure le marché de la formation professionnelle avec l’obligation des entreprises de former leurs salariés. Déjà présente dans le domaine de la formation permanente avec les cours du soir, l’Education nationale se positionne sur cette dimension avec les Greta. “La seconde étape historique se situe à la fin des années 1970, époque des licenciements massifs dans les bassins miniers du Nord et de l’Est de la France. Se développent alors le principe des unités capitalisables pour obtenir un CAP“, explique Jacques Chéritel, délégué académique à la formation initiale et continue (Dafpic) et directeur des Greta de l’Académie de Créteil. Le principe : découper le diplôme en plusieurs modules pour le rendre plus accessible et personnaliser les formations, un procédé à l’époque très novateur, impulsé en France par Bertrand Schwartz, alors directeur du Centre universitaire de coopération économique et sociale (CUCES) de Nancy.
Une validation des acquis par l’expérience encore loin d’être systématique
Autre étape décisive, poursuit Jacques Chéritel, l’instauration en 1992 de la validation des acquis, puis en 2002 de la validation des acquis par l’expérience (VAE). “Pour la première fois, l’école reconnaissait que l’on peut apprendre ailleurs que sur ses bancs et que les acquis professionnels ont la même dignité que les acquis scolaires“, insiste le directeur des Greta de l’Est parisien, regrettant toutefois que cette démarche ne soit pas assez systématique. “Nous sommes encore dans une logique de curation et pas de prévention. Il faudrait pourtant faire certifier ses acquis régulièrement car certaines personnes ont des diplômes vieillissants et auraient intérêt à avoir un diplôme actualisé correspondant à leur niveau de qualification.” Dans le Val de Marne, 700 candidats par an entreprennent une démarche de VAE auprès d’un Greta, dont 90% obtiennent une certification et 70% une certification totale.
Parcours tous azimuts et sur-mesure
“Aujourd’hui, nous sommes rentrés dans l’ère de la responsabilisation individuelle comme collective, qui demande aux entreprises de considérer la formation comme un investissement et non comme une taxe, et aux salariés de développer leur employabilité, pointe Jacques Chéritel. Notre défi est de proposer des formations adaptées à toutes les demandes, notamment celles spécifiques des PME et de la moindre disponibilité de leur personnel contrairement aux grandes entreprises qui ont un service RH très organisé“. En parallèle, les parcours sont de plus en plus éclectiques et les trajectoires de formation ne vont plus seulement du moins au plus qualifié mais partent dans toutes les directions, avec des reconversions successives tout au long de sa carrière. “Nous avons le journaliste qui veut devenir boulanger, l’architecte qui veut devenir jardinier… Face à cette demande de plus en plus hétérogène, nos formations doivent s’adapter à un public varié en âge, expérience, formation… Les nouvelles technologies ont un rôle à jouer avec le développement de formation à distance mais cela ne suffit pas.”
Dépasser les clichés
Les clichés sur les métiers n’ont en revanche pas disparu et c’est aussi un défi pour les Greta de faire évoluer leur représentation dans les esprits. Conseillère en formation continue (CFC) au sein du GTMI du Val de Marne, Denise Piau explique par exemple le problème de déséquilibre hommes-femmes dans les métiers de l’énergie et du génie climatique, qui emploie 95% d’hommes. Une disproportion que les entreprises aimeraient bien atténuer. “Mais lors que l’on propose des réunions en passant par Pôle Emploi, les femmes ne viennent pas car elles pensent que cela ne les concerne pas. Et les conseillers ne pensent pas forcément à leur proposer car ils s’en font la même idée, constate la conseillère en formation continue. Convaincre les prescripteurs et changer les représentations est un travail de fond. Nos démarches donnent des résultats mais ce-sont des petits pas. Nous passons par exemple de 5 % à 10% de proportion de femmes et j’ai réussi à en faire embaucher 10 en deux ans dans ce secteur, c’est peu mais déjà cela!”
Les Greta du Val de Marne en chiffres
12 000 stagiaires toute formation confondue
12 millions € de chiffre d’affaires
Effectif : environ 72 Conseillers formation continue (CFC) et 700 ETP (équivalents temps plein) de personnels administratifs et formateurs au niveau de l’Académie, soit 250 environ dans le Val de Marne.
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