La situation reste bloquée entre syndicats de l’Upec et direction concernant la fusion entre les deux universités de Paris Est, l’Upec de Créteil et l’Upem de Marne-La-Vallée.
L’intersyndicale de l’Upec (SNES-U.P, FSU-SNASUB, SGEN-CFDT, SNPRESS-FO, ASUP et la CGT) appelle à manifester avant la tenue du Conseil d’administration de l’Upec. Celui-ci est programmé ce vendredi 26 juin, au lendemain de celui de l’Upem organisé ce jeudi 25. Après avoir refusé de siéger au Comité technique qui était prévu le 19 juin, les syndicats ont également refusé de se rendre au nouveau comité technique proposé le 25 juin. C’est donc sous haute tension que se tiendra le CA de ce vendredi. Derrière les points de blocage, s’exprime pour certains membres de l’Upec le sentiment de se faire engloutir par la gouvernance de l’Upem, pourtant nettement plus petite. Explications.
L’hypothèse de suppression des UFR met en ébullition
Parmi les gros points de blocage, la proposition, parmi les hypothèses, de remplacer les UFR (Unités de formation et recherche) qui existent actuellement au sein de l’Upec pour les intégrer dans une structuration en UF (Unités de formation) et UR (Unités de recherche). Ces UF et UR seraient chapeautées par une Schola. Voir article détaillé. Les syndicats dénoncent la présentation de cette hypothèse comme une conclusion des travaux de la commission gouvernance, insistant sur le fait qu’il s’agit des travaux de la commission recherche (ndlr, il y a six commissions thématiques qui planchent sur différents aspects de la fusion). “Pendant que la commission gouvernance était promenée de scénario en scénario, les commissions recherche formation n’ont travaillé que sur l’hypothèse de la coupure !… Preuve a posteriori que tout était décidé à l’avance et que les innombrables scénarios changeants présentés à la commission Gouvernance n’étaient là que pour amuser la galerie !… La présidence ayant dû faire face, dans cette commission, à une opposition des directeurs de composantes et des représentants des syndicats, elle feint maintenant de présenter les hypothèses de travail de la commission recherche comme des conclusions”, dénonce ainsi l’intersyndicale de l’Upec, dans une déclaration commune du 19 juin.
Sur cette question, la direction de l’Upec a souhaité répondre dans un communiqué publié ce mercredi 24 juin : “Dans le cadre de la commission qui réfléchit sur la gouvernance, des propositions de scénarii sur l’organisation future de la nouvelle université ont été discutées. Les schémas de « scholas », présentés lors de la réunion du 2 juin, sont donc bien des objets de réflexion, et non des solutions définitives retenues pour l’organisation générale de la future université. Surtout, ces propositions ne visent pas à « démanteler » les universités mais à adapter l’organisation de la Nouvelle Université à la conduite des missions conférées par la loi, au projet de développement de l’accès aux études supérieures dans l’Est francilien, et au soutien d’une recherche ambitieuse. Contrairement à ce qu’annoncent des messages excessivement alarmistes, la réflexion demeure donc ouverte et elle demandera, à l’évidence, encore du temps. Le conseil d’administration du 26 juin 2015 ne votera donc pas sur ces scénarii. Il permettra en revanche de faire le bilan du travail mené depuis un an par l’ensemble des commissions. Il sera ainsi demandé de voter pour ou contre la poursuite du processus de réflexion sur la création de la Nouvelle Université pendant la durée du mandat en cours, sur la base d’une concertation élargie qui sera organisée dès la rentrée de septembre (organisation de rencontres avec les organisations syndicales, professionnelles et étudiantes, banalisation de journées de travail ouvertes à l’ensemble des communautés, etc).”
Compétition de gouvernance entre Upec et Upem ?
“Cette organisation en UF et en UR est celle de l’Upem. On veut plaquer l’organisation de l’Upem sur celle de l’Upec qui fonctionne bien“, dénonce un délégué syndical, qui confie l’inquiétude de certains de voir la gouvernance de l’Upec se faire phagocyter progressivement par celle de l’Upem. Et les détails allant dans ce sens sont mal vécus. “Vous avez choisi de maintenir une réunion de la commission gouvernance cet après-midi, rompant avec l’alternance dans les lieux de réunion. Elle se tiendra donc à Marne la Vallée pour la troisième fois consécutive. N’aurait-elle pas dû se tenir à l’UPEC ?“, interrogent ainsi des représentants au CA du SNASUB-FSU Upec et du SNESUP-FSU Upec et Upem dans une adresse aux présidents.
Demande de gages sur la gouvernance
Aucun schéma de gouvernance ne devrait donc être voté ces jeudi et vendredi, ni à Marne-la-Vallée, ni à Créteil. Le vote de la poursuite du processus de réflexion, même sur la base d’une concertation élargie, ne convainc toute fois pas les syndicats qui considèrent que les contours de la future gouvernance ne sont pas suffisamment clairs et consensuels en l’état pour poursuivre les étapes de la fusion, et craignent que les Conseils d’administration des 25 et 26 juin ne donnent un “chèque en blanc” aux directions concernant la mise en place de cette gouvernance. “Sous couvert de n’acter que de grands principes, les documents de bilan et leurs annexes que vous avez transmis au CA ne font pas de mystère. Ils confortent le scénario présenté le 2 juin (substitution des composantes par la séparation UF/UR dans des scholas), ce qui est inacceptable“, dénoncent les représentants au CA du SNASUB-FSU Upec et du SNESUP-FSU Upec et Upem.
Quelle projection financière ?
Enfin, la question financière fait aussi partie des points sensibles. “Le diagnostic pré-fusionnel réalisé par l’IGAENR en collaboration avec les services sur la base des comptes financiers de l’année 2013 des deux universités » se borne à faire la somme des résultats comptables des deux universités. Depuis le mois de mars, seuls les surcoûts liés aux systèmes d’informations semblent avoir fait l’objet d’un travail spécifique, et à ce jour le coût de la fusion n’est absolument pas estimé. «Une première identification des coûts inhérents à la fusion» ne sera présentée que le jour du vote aux CA. C’est proprement inconcevable”, reprennent les représentants au CA du SNASUB-FSU Upec et du SNESUP-FSU Upec et Upem.
La direction de l’Upec rappelle le processus de travail collaboratif
Face à ces inquiétudes, la direction de l’Upec rappelle dans son communiqué le contexte de recomposition du paysage universitaire dans lequel évolue l’Université de Créteil et sa culture de travail collaboratif. “Depuis sa création, l’Université Paris-Est Créteil est un établissement respectueux de l’importance du débat démocratique. (…) L’équipe de direction en place depuis 2012 a réussi à maintenir les grands équilibres budgétaires de l’université et à mener une politique d’emploi ambitieuse, tout en préparant l’UPEC aux changements qui impactent actuellement le monde universitaire. Les évolutions de l’enseignement supérieur et de la recherche ont en effet commencé à transformer en profondeur le territoire, notamment francilien (Sorbonne Universités, Sorbonne Paris Cité, Saclay…). Le rapprochement entre l’UPEC et l’UPEM a été initié dès 2007, avec l’entrée de l’UPEC au sein de la COMUE Université Paris-Est. Reposant sur les activités des acteurs de l’enseignement et de la recherche, il a permis l’élaboration d’une offre de formation co-accréditée (ouverture en septembre 2015) et la création de plusieurs laboratoires de recherche transversaux. Il se nourrit également des valeurs partagées par les deux établissements, afin de conjuguer le développement de la recherche et de la réussite du plus grand nombre. Fort de cette histoire, le processus de création de la Nouvelle Université par l’UPEC et l’UPEM repose depuis un an sur le travail de six commissions thématiques (Enseignement, Recherche, Vie de campus, Numérique, Fonctions support et soutien, Gouvernance). Composées à parité de membres des deux universités, ces commissions élaborent un état des lieux des modes de fonctionnement et proposent les orientations stratégiques et organisationnelles de la future université. Dans un souci de transparence, les deux universités ont souhaité que les réflexions conduites dans le cadre de ces commissions soient partagées et ouvertes à tous, de façon à ce que chacun puisse apprécier le travail qui y est accompli. C’est l’objet du site upec-upem.fr, ainsi que des discussions conduites dans tous les conseils centraux depuis plus d’un an.” De son côté, le président de l’Upem se veut aussi rassurant : “Je comprends les craintes, les inquiétudes sont logiques et on les entend. Nous arriverons à convaincre en explicitant le projet, l’objectif n’est pas de déplacer les gens mais il faut pouvoir répondre aux besoins des départements, le Val-de-Marne et la Seine-et-Marne forment ensemble un grand territoire, et le maintien de la présence universitaire dans un contexte financier difficile est primordial, il ne s’agit pas de fusionner pour faire des économies mais de faire mieux avec les moyens que l’on a aujourd’hui, en dépensant mieux dans la recherche.”
Le Front de Gauche soutient la manifestation
Vendredi 26 juin, le rassemblement prévu avant la tenue du Conseil d’administration devrait aussi compter des politiques. PG et PCF ont déjà adressé leur soutien au mouvement et prévu de s’y joindre. “Le regroupement de ces deux universités est une fuite en avant pour mieux s’inscrire dans les logiques de compétitivité et de concurrence entre établissements et étudiants dans le droit fil des lois Pécresse et Fioraso. Pire, en séparant formation et recherche (avec la scission des Unités de Formation et de Recherche – UFRR) et en renforçant les conseils centraux, la direction de l’UPEC fait le choix d’une organisation centralisée, verticale et moins démocratique, qui sépare enseignants et chercheurs, étudiants de licence et de master des doctorants, calquée sur le modèle de gouvernance de l’UPEM, université de 10 000 étudiants alors que l’UPEC en a 30 000“, dénonce le PG. “Le Parti Communiste du Val-de-Marne soutient la mobilisation syndicale du personnel technique et enseignant ainsi que des étudiants contre cette fusion dont les conséquences pourraient être désastreuses pour le rayonnement universitaire de notre territoire“, motive également Fabien Guillaud-Bataille, secrétaire départemental du PCF.
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