Education | | 09/09/2015
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Instruction à la maison : à la rencontre de “non sco” à Maisons-Alfort

Instruction à la maison :  à la rencontre de “non sco” à Maisons-Alfort

Ils sont quelques milliers d’enfants en France, envrion 5 000, à ne pas aller à l’école ni être inscrits aux cours par correspondance du Cned. Ces “non-sco”, comme on les appelle, suivent l’instruction en famille (IEF). C’est le cas de  Adonis, 8 ans, et Mihran, 7 ans,  à Maisons-Alfort. 

La mère a décidé de franchir le pas en mars 2015, en plein milieu de l’année scolaire. “Tout a commencé quand le plus jeune, Mihran, en fin de moyenne section, a réclamé d’apprendre à lire” , témoigne Karine Stoëckel, leur mère, qui a mis fin à son activité professionnelle pour éduquer ses enfants. Suivent des crises d’angoisses à répétition, malgré plusieurs rendez-vous avec l’équipe pédagogique, se souvient-elle. “Il hurlait, pleurait, s’accrochait à ce qu’il pouvait pour ne pas aller à l’école. Il a failli se blesser plusieurs fois. Je ne savais plus quoi faire” raconte-t-elle. Cela n’empêche pas Mihran de se montrer avide de connaissances, notamment en lecture, poursuit la mère. “J’ai alors cherché des solutions alternatives à l’école publique” .

En plein questionnement, Karine tombe sur le documentaire de Clara Bellar, Être et devenir (2013), qui a contribué à populariser l’éducation non-sco. Cette fois, l’idée fait son chemin. Mais l’élément déclencheur, ce-sont les attentats meurtriers de janvier 2015. “Ça a été le déclic. Où est ma liberté ? D’apprendre ? De dire ce qui dysfonctionne à l’école qui est un environnement très violent ?” Karine se lance alors dans des recherches, dévore les ouvrages des auteurs spécialisés sur l’éducation, s’initie à la notion “d’éducation bienveillante” thème sur lequel elle a depuis lancé un blog personnel dans lequel elle explique en détail son cheminement personnel et évoque sa séparation pour violences conjugales. En quelques semaines et après avoir rencontré des familles ayant déjà fait ce choix, la discussion s’engage avec les enfants, ils acceptent. Une lettre à la mairie plus tard, Adonis et Mihran quittent l’école, au début du printemps 2015.

Famille-non-sco-Maisons-Alfort

La communauté non-sco

On n’a pas de programme établi , une chose en amène une autre. Par exemple, il est fan d’un jeu de carte alors il a appris à lire pour pouvoir le déchiffrer. Il maîtrise aussi la recherche sur Internet car il a appris à utiliser ces outils lorsqu’il se pose une question” , explique Karine. “C’est une remise en question de l’apprentissage : est-ce qu’on doit leur faire apprendre des choses par coeur ou  aborder les sujets par l’angle qui les intéresse ?” s’interroge-t-elle. Adonis, très populaire dans son ancienne école, a eu plus de mal à devenir un “non-sco”, reconnaît la mère.  “Il ne voulait pas retourner à l’école mais rejetait la communauté non-sco avec laquelle de nombreuses sorties sont organisées.” Il faudra quelques sorties au parc, ateliers d’archéologie et expositions au musée pour qu’Adonis se refasse des copains.

La “communauté non-sco”, elle s’est tissée via quelques associations spécialisées comme Les enfants d’abord, qui compte environ 500 familles membres. Pour Karine, elle est essentielle. “Nous nous sommes beaucoup reposés sur la communauté non-sco au début, déjà pour rompre l’isolement, car ce n’est pas une vie que de passer ses journées enfermés, et les enfants ont autant besoin que moi d’être sociabilisé. Or, on est parfois regardé de travers et certains parents qu’on connaissait avant ont même arrêté de nous parler. J’avais aussi besoin de réponses aux nombreuses inquiétudes qu’implique une telle décision, témoigne Karine. Les sorties organisées font également partie intégrante de la pédagogie car elles permettent d’aborder des thèmes et des problématiques sur lesquels ils ont forcément des choses à apprendre. Souvent, les enfants proposent et, si c’est pertinent, les parents disposent !

L’Education Nationale effectue un contrôle par an et les services municipaux tous les deux ans. Les familles, prévenues un mois avant, sont visitées à nouveau en cas de problème. Si les visites ne sont pas concluantes, l’enfant est invité à retourner à l’école publique.

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